Vendredi 23 decembre 2022 à 15h39
Paris, 23 déc 2022 (AFP) — Trois personnes ont été tuées par balles et trois autres blessées vendredi à la mi-journée dans le centre de Paris par un homme de nationalité française connu pour deux précédentes tentatives d'homicide, qui a été interpellé et placé en garde à vue.
Les faits, qualifiés "d'acte odieux", par la Permière ministre Elisabeth Borne, se sont produits rue d'Enghien, dans le Xe arrondissement de la capitale, au niveau d'un centre culturel kurde, dans un quartier commerçant prisé de la communauté kurde.
"Il y a trois décédés, une personne en état d'urgence absolue, deux personnes en état d'urgence relative et le mis en cause qui a pu être interpellé, est également blessé, notamment au visage", a détaillé la procureure de la République de Paris Laure Beccuau, devant la presse.
Une enquête a été ouverte des chefs d'assassinat, tentative assassinat, violences volontaires avec armes et infraction à la législations sur les armes, a poursuivi Mme Beccuau.
Les investigations ont été confiées à la police judiciaire.
Le parquet national antiterroriste et ses services sont venus sur place mais il n'y a "aucun élément qui privilégierait la nécessité de leur saisine", a ajouté la procureure.
Mme Beccuau s'est refusée à commenter les motivations du tireur présumé. "Quant aux motifs racistes des faits, ces motifs vont évidemment faire partie des investigations qui viennent de débuter", a-t-elle toutefois poursuivi.
L'homme placé en garde à vue peu après les faits, est connu des services judiciaires.
- "Deux antécédents" -
Selon deux sources policières, cet homme, un conducteur de train à la retraite de nationalité française et âgé de 69 ans, est connu pour deux tentatives d'homicide commises en 2016 et décembre 2021.
Il est en revanche inconnu des fichiers du renseignement territorial et de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), a précisé une de ces deux sources.
Le premier antécédent concernerait, selon Laure Beccuau, "des faits en Seine-Saint-Denis où il serait passé récemment en jugement, aurait été condamné, mais à la suite de la condamnation un appel aurait été interjeté par le parquet".
Le second antécédent serait "lié à des faits qui se seraient passés du côté de Bercy à Paris", a poursuivi la magistrate.
Les faits visés se sont déroulés le 8 décembre 2021. Une source policière avait à l'époque indiqué à l'AFP que l'homme était soupçonné d'avoir blessé à l'arme blanche au moins deux migrants dans un campement à Paris et dégradé plusieurs tentes d'un campement du parc de Bercy, dans le XIIe arrondissement de la capitale.
L'homme avait été mis en examen pour violences avec arme avec préméditation à caractère raciste ainsi que pour dégradations. Il avait ensuite été placé en détention provisoire avant, selon Mme Beccuau, d'être récemment remis en liberté.
La Première ministre Elisabeth Borne a déploré sur Twitter un "acte odieux" et exprimé ses "pensées" et son "plein soutien aux victimes et à leurs proches".
En déplacement dans le Nord, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a fait savoir sur Twitter qu'il rentrait à Paris. Il doit tenir un point-presse sur les lieux à 16h00.
- "Vieux monsieur blanc" -
Sur place, où un périmètre de sécurité a été mis en place au croisement de la rue d'Enghien et de la rue d'Hauteville, l'émotion était vive.
Des membres du centre culturel Ahmed Kaya étaient en pleurs, se prenant dans les bras pour se consoler, a constaté une journaliste de l'AFP. Certains, s'adressant à la police, criaient "cela recommence, vous ne nous protégez pas, ils nous tuent", en mettant en cause la Turquie.
Le 9 janvier 2013, trois militantes kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) avaient été assassinées à Paris, dans le même Xe arrondissement de la capitale.
L'enquête judiciaire en France, toujours en cours, avait relevé "l'implication" de membres des services secrets turcs, sans désigner de commanditaires.
Présente au moment de l'attaque, Selma Akkaya, journaliste et activiste kurde, a indiqué à l'AFP qu'"il y a six personnes blessées" avec parmi elles, "un célèbre chanteur kurde". L'auteur des faits a tiré, selon elle, "en direction d'un salon de coiffure".
"On a vu un vieux monsieur blanc rentrer et tirer dans le centre culturel kurde, puis il est allé dans le salon de coiffure à côté", à l'angle avec la Cour des Petites écuries, a témoigné Romain, le directeur adjoint du restaurant Pouliche Paris, dans la rue, joint par téléphone.
La rue d'Enghien et le quartier comptent de nombreux restaurants, bars et commerces.
Le Centre Ahmet Kaya, ainsi prénommé en hommage au célèbre chanteur éponyme, est une association loi 1901 ayant pour objectif de "favoriser l'insertion progressive" de la population kurde installée en Ile-de-France.
alh-dar-mk-waa-al-jpa/pa/swi
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.