Jeudi 27 avril 2023 à 17h51
Berlin, 27 avr 2023 (AFP) — Les Turcs vivant en Allemagne, qui constituent la plus importante communauté de ce pays à l'étranger, ont commencé à voter jeudi pour les élections présidentielle et législatives jugées périlleuses pour Recep Tayyip Erdogan, souffrant depuis mardi.
Au total 1,5 million de Turcs peuvent voter jusqu'au 9 mai dans 26 différents bureaux de vote répartis dans toute l'Allemagne, selon la commission électorale YSK.
Parmi eux, beaucoup de descendants des travailleurs émigrés "invités" à contribuer au miracle économique allemand des années 60 et 70. Ils forment de loin le plus gros contingent de cette diaspora forte de 3,4 millions d'électeurs répartis dans 73 pays dans le monde.
Tous les instituts de sondage annoncent un score serré avant le scrutin du 14 mai qui doit départager le président turc, candidat à sa réélection, et son principal rival, Kemal Kiliçdaroglu, 74 ans, candidat de l'Alliance nationale qui réunit six partis de l'opposition.
La Communauté turque d'Allemagne (TGD) a décrit ces élections comme un "sujet très important" pour les Allemands d'origine turque et les Turcs vivant en Allemagne.
Parmi les sujets au coeur des préoccupations des électeurs, la TGD a cité la situation économique et la forte inflation en Turquie.
Âgé de 69 ans, M. Erdogan doit affronter la colère de la population qui souffre de la crise et lui reproche la réaction tardive du gouvernement après le tremblement de terre de février, qui a tué plus de 50.000 personnes.
La flambée des prix, avec une inflation à 50,51% sur un an, et la dépréciation accélérée de la monnaie rendent le coût de la vie de plus en plus difficile à supporter pour la plupart des Turcs.
"Je suis ici parce que la situation en Turquie est terrible actuellement", a confié Kutay Yilmaz, 29 ans, interviewé par l'AFP au consulat général turc de Berlin, où se pressaient jeudi les électeurs.
"Je veux retourner un jour (en Turquie). C'est pour cela que je suis venu ici pour voter. Je veux que le dirigeant change", a-t-il ajouté.
Nihan Kol, une conseillère en comptabilité de 30 ans, qui vit en Allemagne depuis 2017, a dit elle aussi espérer un changement.
"Il s'est passé tant de choses terribles ces dernières années. Mais le tremblement de terre était une catastrophe", a-t-elle ajouté, estimant que cet événement jouerait très certainement un rôle important dans les résultats.
En revanche, Mehmet Yasar Cakir, 67 ans, porte un regard plus positif sur M. Erdogan. "Ce n'est pas à 100% bon ou mauvais. Il a fait bien sûr de bonnes choses, notamment en ce qui concerne les acquis sociaux".
Lors des dernières élections présidentielles, la participation au scrutin des électeurs turcs habitant en Allemagne était d'environ 50%, avec un soutien plus important pour M. Erdogan qu'en Turquie même, selon des sondages effectués à la sortie des urnes.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.