Vendredi 7 juillet 2023 à 17h23
Istanbul/Bratislava, 7 juil 2023 (AFP) — Le président ukrainien Volodymyr Zelensky doit rencontrer son homologue turc Recep Tayyip Erdogan vendredi à Istanbul, dernière étape de sa tournée internationale visant à obtenir davantage d'armes occidentales et de soutien à l'ambition de Kiev de rejoindre l'Otan, avant un sommet de l'Alliance à Vilnius.
M. Zelensky doit s'entretenir avec M. Erdogan en début de soirée, dans ce qui sera son premier déplacement en Turquie depuis l'invasion russe de février 2022.
Avant de s'envoler pour Istanbul, il est passé par la Slovaquie, où il a fustigé dans l'après-midi l'absence d'unité au sein de l'Otan sur la question des adhésions de la Suède et de l'Ukraine, lors d'une visite dans la capitale Bratislava.
"Je pense qu'il n'y a pas assez d'unité dans ce domaine. Et c'est une menace pour la force de l'Alliance (...) C'est très important pour la sécurité du monde entier", a déclaré M. Zelensky lors d'une conférence de presse avec son homologue slovaque Zuzana Caputova.
La Russie compte sur "la faiblesse et la désunion de l'Alliance", a-t-il souligné, en demandant également de nouveaux programmes d'aide militaire pour l'Ukraine, à quelques jours du sommet de l'Otan prévu les 11 et 12 juillet Vilnius.
Vendredi, le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a indiqué les dirigeants des 31 pays membres allaient confirmer lors de ce sommet que l'Ukraine deviendrait un jour membre de l'Alliance, sans donner d'indication de calendrier.
"Je m'attends à ce que nos dirigeants réaffirment que l'Ukraine deviendra membre de l'Otan et qu'ils s'unissent sur la manière de rapprocher l'Ukraine de son objectif", a-t-il indiqué, sans s'avancer sur la formulation exacte possible.
"Nous sommes en train de nous consulter et de travailler sur la formulation exacte (qui) sera rendue publique quand nous nous serons mis d'accord", a-t-il dit.
- Armes à sous-munition -
M. Zelensky était dans la matinée à Prague, où ils a de nouveau pressé les Occidentaux de lui livrer des armes de longue portée dont l'absence ralentit selon lui la contre-offensive ukrainienne en cours depuis un mois, indiquant que ces livraisons ne dépendaient que du feu vert des Etats-Unis.
Le Premier ministre tchèque Petr Fiala a de son côté annoncé que son pays enverrait à Kiev des hélicoptères de combat et formerait des pilotes ukrainiens sur des chasseurs à réaction F-16 de fabrication américaine que l'Ukraine réclame depuis des mois à l'Occident.
Les médias américains ont rapporté que le Pentagone préparait un nouveau paquet d'armes et de munitions qui pourrait inclure des armes à sous-munitions controversées - des roquettes qui dispersent plusieurs petits explosifs sur un large rayon - mais que la décision finale n'a pas encore prise.
Le porte-parole du Pentagone, Pat Ryder, a déclaré jeudi que ses armes pourraient être des modèles plus récents avec des "taux d'échec" faibles.
Sur le terrain, l'armée ukrainienne a annoncé dans la matinée avoir abattu 12 drones explosifs de type Shahed sur un total de 18 lancés par la Russie dans la nuit de jeudi à vendredi. L'attaque a fait deux morts.
Le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Rafael Grossi a de son côté annoncé vendredi "des progrès" dans l'accès de son organisation à la centrale nucléaire de Zaporijjia occupée par la Russie dans le sud de l'Ukraine, où Kiev dit craindre une "provocation" russe.
Lors d'une visite à Tokyo, M. Grossi a précisé que ses inspecteurs avaient visité plusieurs sites de la centrale, la plus grande d'Europe, et notamment ses ponds de refroidissement mais qu'ils n'avaient pas eu accès aux toits où l'Ukraine soupçonne l'armée russes d'avoir placé des explosifs.
Moscou et Kiev s'accusaient mutuellement depuis plusieurs jours d'une provocation imminente dans cette centrale.
- La meilleure décision, quelle qu'elle soit -
Les négociations avec le président turc, qui entretient des liens étroits à la fois avec Kiev et Moscou, devraient se concentrer sur un accord permettant d'exporter des céréales ukrainiennes à travers la mer Noire, en dépit de la guerre, ainsi que sur le sommet de l'Otan mardi et mercredi à Vilnius.
L'accord céréalier conclu en juillet 2022 avec le parrainage des Nations unies et de la Turquie expire le 17 juillet et la Russie a déclaré ne voir aucune raison de le prolonger.
Le Kremlin a indiqué vendredi suivre "de très près" les discussions entre MM. Zelensky et Erdogan tout en promettant de maintenir un "partenariat constructif avec Ankara" et saluant le "rôle de médiateur" du président turc dans le conflit en Ukraine.
Selon des experts, Volodymyr Zelensky devrait aussi encourager son homologue turc à donner son feu vert à l'adhésion de la Suède à l'Alliance atlantique, les responsables de l'Otan espérant convaincre Ankara de lever son veto à cette idée.
Vendredi, M. Erdogan a indiqué que la Turquie allait prendre "la meilleure décision" concernant l'adhésion de la Suède à l'Alliance atlantique.
"Nous en discuterons avec nos partenaires lors du sommet qui se tiendra mardi à Vilnius et nous prendrons la meilleure décision, quelle qu'elle soit", a-t-il dit.
Le président turc, qui bloque depuis mai 2022 l'entrée de la Suède dans l'Otan, lui reprochant sa mansuétude présumée envers les militants kurdes réfugiés sur son sol, s'est dit favorable à "la politique de la porte ouverte".
Mais, a-t-il enchaîné, "comment un État qui ne prend pas ses distances avec les organisations terroristes peut-il contribuer à l'Otan ?"
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.