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Turquie: un maire prokurde condamné à 19 ans et demi de prison pour "terrorisme"


Mercredi 5 juin 2024 à 13h36

Diyarbakir (Turquie), 5 juin 2024 (AFP) — Le maire prokurde de la ville de Hakkari, dans l'extrême sud-est de la Turquie, destitué lundi, a été condamné mercredi à 19 ans et six mois de prison pour "terrorisme", a annoncé sa défense à l'AFP.

Des échauffourées ont immédiatement éclaté dans la ville après l'énoncé du verdict, selon des images diffusées sur "X" par un journaliste local.

"J'ai 53 ans, je me bats depuis toutes ces années et je continuerai à me battre" a déclaré l'intéressé, dénonçant "un procès politique".

Son parti, le DEM (ex-HDP), est régulièrement accusé par le gouvernement turc de liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), groupe armé considéré comme terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux, ce qu'il dément.

Le gouverneur de la province d'Hakkari avait dès lundi interdit toute manifestation jusqu'au 12 juin. Mercredi, le gouverneur de la province de Bingöl, dans la région à majorité kurde du pays, a décrété à son tour une interdiction des manifestations et de tout rassemblement public pendant sept jours.

La révocation de Mehmet Siddik Akis, premier maire prokurde destitué depuis les élections municipales du 31 mars, au cours desquelles le parti DEM (ex-HDP) a obtenu 77 municipalités à travers la Turquie, a suscité de vives tensions dans le pays.

Mardi, une bagarre a opposé à Ankara les députés du parti au pouvoir AKP à ceux du DEM qui entendaient occuper les lieux pour dénoncer la nomination d'un maire de substitution à Hakkari.

Plusieurs personnes ont été le même jour blessées et interpellées à Hakkari après l'intervention des forces de l'ordre. Selon le média d'opposition Medyascope, la police est intervenue en tirant des balles en caoutchouc.

Le CHP, principal parti d'opposition, social démocrate, a exprimé son soutien à l'édile destitué et envoyé une délégation à Hakkari.

Une cinquantaine de maires du parti prokurde élus en 2019 avaient été remplacés par des administrateurs, des "kayyums", nommés par le gouvernement.

L'ancien coprésident de cette formation, Selahattin Demirtas, incarcéré depuis 2016, a été condamné en mai à 42 ans de prison, notamment pour atteinte à l'unité de l'Etat.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.