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A Menton, deux sénateurs réclament l'encadrement des privations de liberté


Jeudi 2 novembre 2023 à 19h45

Menton (France), 2 nov 2023 (AFP) — Deux sénateurs écologistes, en visite jeudi au poste de la police aux frontières (PAF) de Menton (Alpes-Maritimes), où arrivent de nombreux migrants venant d'Italie, ont estimé qu'il s'agit de fait d'un lieu de privation de liberté qui doit être encadré.

Chaque jour, des dizaines de migrants sont interpellés le long de la frontière franco-italienne et conduits à ce poste de police, où ils font quasiment tous, à l'exception des mineurs, l'objet d'une procédure de non-admission.

Officiellement, le poste de la PAF est un lieu de "mise à l'abri" le temps que la situation de chacun soit évaluée et que les personnes soient remises aux autorités italiennes. Mais cela peut prendre de longues heures et dans la pratique les migrants sont enfermés.

"Au-delà de quatre heures dans les locaux, il y a privation de liberté et donc il y a des droits qui doivent s'appliquer", a expliqué à l'AFP Guillaume Gontard, président du groupe, qui a visité de nombreux lieux similaires depuis 2017 et a passé plus de 1h30 jeudi à celui de Menton.

Seule amélioration notable: lors de sa première visite en 2017, chaque migrant recevait une madeleine. Désormais, ils ont droit à un panier repas avec un sandwich, une salade et une bouteille d'eau.

Mais les locaux sont toujours aussi exigus et spartiates, même pour les mineurs. Jeudi matin, les deux sénateurs ont vu une femme kurde de Turquie avec son fils d'une dizaine d'années et huit jeunes attendre dans une petite pièce équipée seulement de quelques matelas.

"Rien n'évolue, on s'enfonce dans l'incohérence. Toutes nos visites montrent un système qui pousse à sortir de l'Etat de droit. Comme par exemple le fait de ne pas laisser les personnes déposer une demande d'asile", a-t-il dénoncé.

Le groupe écologiste du Sénat a ainsi déposé un amendement à la loi immigration, dont l'examen débute lundi à la chambre haute, réclamant que ces lieux soient considérés comme des zones d'attente, comme il en existe dans les aéroports, ou des centres de rétention administrative.

Guy Bennaroche, sénateur des Bouches-du-Rhône, s'est aussi insurgé contre le renvoi en Italie de jeunes se déclarant mineurs après une simple appréciation d'agents du département. "Peut-être que les motifs sont bons, mais cela doit être encadré".

"Cela met les agents de la PAF en difficulté, face à des missions qui ne sont pas encadrées et pas cohérentes", a expliqué M. Gontard. "On dépense un argent de dingue et cela n'empêche rien. Même les agents de la PAF le reconnaissent à demi-mot: au final ils passent tous".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.