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"Ali le chimique", le redoutable homme de main de Saddam Hussein


Mardi 2 decembre 2008 à 15h09

BAGDAD, 2 déc 2008 (AFP) — Ali Hassan al-Majid, condamné une nouvelle fois mardi à la potence, a été pendant plus de 35 ans l'homme de main redouté de son cousin Saddam Hussein, prêt à employer tous les moyens pour écraser la moindre vélléité de révolte.

Estafette militaire jusqu'au coup d'Etat qui porta en 1968 le parti Baas au pouvoir, ce cousin germain du dictateur a hérité du sobriquet infamant d'"Ali le chimique" pour avoir ordonné en 1988 le bombardement au gaz ypérite de la ville kurde de Halabja, tuant des milliers de personnes, dont nombre de femmes et d'enfants.

Originaire comme l'ancien président de la région de Tikrit (au nord de Bagdad), Ali Hassan al-Majid a occupé le poste de secrétaire général du parti Baas dans le nord (1987-1989), coordonnant à la fois l'armée, la direction de la sécurité générale et les renseignements militaires engagés dans la répression contre les Kurdes.

"C'est moi qui ai donné les ordres à l'armée de détruire des villages et reloger les villageois. Je ne me défends pas. Je ne m'en excuse pas. Je n'ai pas commis d'erreur", a-t-il dit, en parlant de la répression de la rébellion kurde, la campagne Anfal de 1987-1988, qui avait fait près de 180.000 morts.

Cet homme, qui ressemble beaucoup physiquement au cousin auquel il était dévoué corps et âme, a été condamné à mort en juin 2007, peine confirmée en septembre pour son rôle dans cette répression.

Mardi, la Cour l'a condamné à la peine capitale pour "crimes contre l'humanité et meurtres prémédités" lors de la révolte chiite dans le sud de l'Irak de 1991, en même temps qu'elle condamnait à mort Abdel Ghani Abdel Ghafour, chef du parti Baas en Irak méridionale au moment de l'insurrection.

Surnommé "le boucher du Kurdistan", Ali le chimique engage en mai 1987 une politique implacable de terre brûlée dans le Kurdistan par une vaste opération d'évacuation de la population et du bétail, emmenés de force près des frontières jordanienne et saoudienne, loin des zones d'implantation traditionnelles des Kurdes.

Il a aussi supervisé l'occupation du Koweït. D'août à novembre 1990, il fut ainsi le gouverneur sanguinaire de ce pays envahi par l'armée irakienne, avant de reprendre en février 1991 le poste de ministre des Affaires locales.

Sans états d'âme, il a fait exécuter en février 1996 ses propres neveux Hussein Kamel et Saddam Kamel, rentrés à Bagdad après avoir fait défection un an plus tôt en Jordanie et dénoncé le régime.

Membre du Conseil de commandement de la révolution (CCR, la plus haute instance dirigeante du régime baassiste), "Ali le chimique" avait été désigné responsable de la région militaire sud, avec pour mission de la défendre contre l'offensive américano-britannique, lancée le 20 mars 2003.

C'est la seule région qui résista brièvement mais réellement aux forces de la coalition.

Le 21 août 2003, après des mois de recherche, sa capture avait été annoncée par la coalition. Il est depuis détenu dans une prison Bagdad contrôlée par les Américains.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.