Lundi 19 octobre 2009 à 17h11
DIYARBAKIR (Turquie), 19 oct 2009 (AFP) — Un groupe de rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) s'est présenté lundi à un poste frontière entre l'Irak et la Turquie, dans un geste de soutien aux efforts de paix du gouvernement.
Huit rebelles venant de camps du PKK dans les monts Kandil (nord de l'Irak), se sont présentés, sans armes, au poste frontière turco-irakien de Habur.
Ils étaient accompagnés d'un second "groupe de paix" --selon la terminologie employée par le PKK-- composé de 26 "civils" en provenance d'un camp de réfugiés kurdes de Turquie au nord d'Erbil (nord de l'Irak).
Dès leur arrivée en territoire turc, les 34 personnes ont été prises en charge par les autorités turques, qui devaient les interroger.
Quatre procureurs ont été dépêchés par hélicoptère à la frontière pour déterminer si ces personnes avaient commis des crimes et si elles devaient être mises en prison.
Plus de 40 avocats devaient assister aux interrogatoires, dans une caserne de l'armée.
Les responsables turcs ont affirmé que les membres du groupe étaient les bienvenus s'ils venaient en Turquie pour se rendre, mais Murat Karayilan, un des principaux dirigeants du PKK, a affirmé à l'agence de presse Firat News que leur geste ne constituait pas une reddition.
Des manifestation de soutien à l'initiative du PKK ont eu lieu dans plusieurs villes, à l'appel du principal parti prokurde de Turquie, le Parti pour une société démocratique (DTP).
A Diyarbakir, la principale ville du sud-est anatolien, peuplé en majorité de Kurdes, quelque 5.000 personnes ont manifesté sur une place du centre-ville aux cris de "les émissaires de paix sont notre honneur" et "main dans la main pour une paix honorable" et ont scandé des slogans favorables à Abdullah Öcalan, le chef emprisonné du PKK.
Des manifestations ont eu lieu dans plusieurs autres villes de la région: Mus, Batman, Mardin, Tunceli et Van.
A Istanbul, métropole de l'ouest du pays accueillant une importante communauté kurde, entre 2.000 et 2.500 manifestants, selon la police, ont défilé sur l'avenue Istiklal, une artère commerciale du centre-ville.
Rassemblés derrière une banderole affirmant "ouvrez la voie à la paix", les manifestants, qui faisaient avec la main le "V" de la victoire, ont scandé des slogans tels que "bravo au PKK, le peuple est avec toi" ou "l'ambassadeur de la paix est à Imrali", faisant référence à l'île prison d'Imrali, où est écroué Öcalan.
Le PKK a annoncé la semaine dernière qu'il allait envoyer en Turquie des "groupes de paix" provenant d'Irak et d'Europe à l'appel de son chef emprisonné Abdullah Öcalan, pour soutenir les efforts menés par le gouvernement turc en direction d'une résolution du conflit kurde.
Firat News a rapporté que les groupes étaient porteurs d'une liste de demandes à remettre aux autorités turques, comprenant la fin des opérations de l'armée kurde contre les rebelles, des négociations, une reconnaissance constitutionnelle de l'identité kurde et d'avantage de droits culturels pour les membres de cette minorité.
Le gouvernement s'apprête à présenter au Parlement des mesures en faveur de la communauté kurde afin de faciliter une résolution du conflit dans le sud-est anatolien, où l'organisation et les forces de sécurité mènent depuis 1984 une guerre qui a fait au moins 45.000 morts.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.