Samedi 24 novembre 2007 à 10h44
BAGDAD, 24 nov 2007 (AFP) — Le ministre irakien du Pétrole, Hussein Chahristani, a considéré comme nuls les contrats pétroliers signés par la région autonome du Kurdistan qui a réagi samedi en l'accusant d'outrepasser son autorité.
"Ces contrats ne seront pas reconnus", a expliqué samedi à l'AFP un responsable du ministère du Pétrole à Bagdad, qui a requis l'anonymat.
La veille, le ministre avait indiqué dans un entretien sur une radio du Moyen-Orient que les contrats signés par le gouvernement régional du Kurdistan avaient été annulés.
Ils sont "nuls et illégaux", a précisé la source du ministère.
Le porte-parole du gouvernement kurde, Jamal Abdallah, a estimé que le ministre avait excédé ses pouvoirs.
"Il a outrepassé son autorité", a assuré le porte-parole à l'AFP, "ses déclarations n'effecteront pas nos contrats avec les compagnies étrangères".
"Ce genre de propos nous rappelle l'époque d'avant le 9 avril 2003", a commenté le porte-parole dans une allusion à la date de la chute du régime de Saddam Hussein.
Début novembre, les autorités du Kurdistan irakien --région autonome et alliée des Américains-- ont approuvé la signature de sept nouveaux contrats pétroliers.
Au total, quinze blocs ont été attribués à ce jour par le gouvernement kurde depuis l'adoption en août 2007 par la région d'une loi sur le pétrole et le gaz.
Une vingtaine de compagnies étrangères opèrent désormais au Kurdistan, malgré l'opposition du gouvernement central de Bagdad qui y voit une remise en cause de sa souveraineté sur cette partie nord du pays.
"Le gouvernement irakien a averti ces compagnies des conséquences de la signature de ces contrats, et les conséquences sont qu'elles ne pourront plus travailler en Irak", a ajouté le ministre dans son entretien à la radio.
Il a assuré que les voisins de l'Irak ne laisseront pas le Kurdistan exporter du pétrole sans l'agrément de l'Etat central. "Il y a un accord avec Téhéran, Ankara, Damas et Bagdad", a-t-il affirmé.
Le porte-parole kurde a assuré que les Kurdes ne cherchaient pas à exporter du pétrole, mais avaient passé des contrats d'exploration avec des compagnies étrangères dans des zones de leur région qui semblent prometteuses.
Il a estimé que le ministre irakien, avant de réagir, devait attendre le passage d'une loi au parlement irakien pour connaître l'étendue de ses pouvoirs et les prérogatives respectives des provinces et de l'Etat central dans ce secteur stratégique.
Cette loi est en discussion depuis des mois et n'est toujours pas inscrite à l'ordre du jour du Parlement en dépit de l'insistance des Etats-Unis qui veulent asbolument qu'elle soit votée.
Le projet ouvre largement le secteur pétrolier irakien, nationalisé depuis les années 70, aux entreprises privées étrangères et opére une répartition des revenus entre l'Etat central et les provinces productrices.
Les détracteurs de cette loi, nombreux en Irak, considère qu'elle fait la part trop belle aux compagnies étrangères qui reçoivent un pourcentage garanti des revenus d'exportation pour rembourser leurs investissements.
Ils assurent que le pétrole irakien étant parmi les moins chers du monde à extraire, les investissements nécessaires peuvent être réalisés par les autorités irakiennes, sans entamer les revenus du pays.
72 pc du pétrole irakien est extrait dans trois provinces du sud du pays, dont près de 60 pc dans la seule région de Bassorah. La grande majorité du brut irakien est également exporté à partir du terminal de Bassorah.
Mais de nouvelles recherches géologiques ont fait apparaître la possibilité de gisements dans le nord, en plus de la région traditionnelle de Kirkouk, ainsi que dans l'ouest privé jusqu'ici de champs exploités.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.