Lundi 26 septembre 2022 à 16h06
Bagdad, 26 sept 2022 (AFP) — Dans un Irak en pleine paralysie politique, le Parlement tiendra mercredi sa première séance depuis les violences meurtrières du 29 août à Bagdad et le sit-in brièvement érigé dans son enceinte il y a deux mois par les partisans de Moqtada Sadr.
A l'agenda de cette séance prévue pour 10H00 GMT (13H00) figure un vote surprise sur "la démission du président du Parlement", l'influent Mohamed al-Halboussi, grand allié du Courant sadriste et joueur incontournable de l'échiquier politique. Ce scrutin s'apparente en fait à un vote de confiance en faveur du responsable sunnite sur fond de marchandages politiques, estiment des observateurs.
L'impasse est totale en Irak, où les barons de la politique s'affrontent depuis les législatives d'octobre 2021 sur le nom du prochain Premier ministre et son mode de désignation.
La dernière séance de l'Assemblée nationale remonte au 23 juillet. Quelques jours plus tard, des partisans de l'influent religieux chiite Moqtada Sadr investissaient le Parlement, avant d'installer dans ses jardins un sit-in qui a duré un mois.
Les tensions ont culminé fin août lorsque des partisans de Sadr ont affronté l'armée et des hommes du Hachd al-Chaabi, d'ex-paramilitaires pro-Iran intégrés aux troupes régulières, et qui sont politiquement opposés aux sadristes. Plus de trente partisans sadristes sont morts dans ces combats.
Dans un communiqué succinct, le Parlement a annoncé la tenue d'une séance pour voter mercredi sur une potentielle démission de son président Halboussi, et l'élection de son premier adjoint.
Cette démission "a pour but de renouveler la confiance et le soutien" d'une potentielle nouvelle coalition majoritaire au sein du Parlement, a estimé sur Twitter Machaan al-Jabouri, quatre fois député et politicien sunnite aguerri.
"M. Halboussi ne prévoit pas de démissionner, mais en autorisant un éventuel vote de confiance, il s'attend à ce que ses partenaires lui apportent un soutien ferme, mettant ainsi fin à toute tentative de le destituer", indique à l'AFP le politologue Sajad Jiyad.
Une manière de "cimenter sa position en tant que leader politique des sunnites et de faire pression sur les partis chiites et kurdes pour faire avancer la formation du gouvernement", ajoute ce chercheur au think-tank Century International.
Deux camps s'affrontent en Irak: Moqtada Sadr réclame une dissolution immédiate du Parlement et des législatives anticipées, après avoir fait démissionner ses 73 députés en juin. De l'autre, le Cadre de coordination, alliance regroupant des factions chiites pro-iraniennes, veut la mise en place d'un gouvernement avant tout scrutin.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.