Vendredi 25 mai 2012 à 21h12
DAMAS, 25 mai 2012 (AFP) — Des blindés sont entrés vendredi pour la première fois à Alep, deuxième ville de Syrie, où des dizaines de milliers de personnes ont manifesté contre le régime, dont les hélicoptères ont mitraillé des localités kurdes rebelles près de la frontière avec la Turquie.
Alors que la trêve annoncée il y a plus d'un mois est quotidiennement violée, avec encore 33 personnes, dont 27 civils, tuées vendredi dans les violences, l'émissaire spécial des Nations unies et de la Ligue arabe Kofi Annan a décidé de se rendre prochainement en Syrie.
Son porte-parole Ahmad Fawzi a indiqué vendredi que M. Annan finalisait les préparatifs de son départ, tout en refusant d'en dire plus, notamment sur la date de la visite, pour des raisons de sécurité. Des diplomates ont parlé d'une visite en début de semaine prochaine.
Des raids aériens sur les zones rebelles proches de la frontière turque ont fait une vingtaine de blessés parmi les habitants, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
"C'est la première fois que cette zone, désignée sous le nom de la montagne des Kurdes, est la cible de tirs aériens. Il s'agit d'une zone montagneuse très escarpée où les chars n'accèdent pas facilement", a indiqué à l'AFP le président de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.
"Avec leurs mitrailleuses lourdes, les hélicoptères visent des cibles précises pour tenter de nettoyer la zone en vue de permettre aux transports de troupes de lancer un assaut terrestre et déloger les rebelles", a-t-il dit.
A l'écart de la contestation pendant les premiers mois de la révolte contre le régime du président Bachar al-Assad, Alep (nord) a été le théâtre de manifestations rassemblant des dizaines de milliers de personnes.
"Il s'agit des manifestations les plus importantes à Alep" depuis le début de la révolte en mars 2011, a indiqué M. Abdel Rahmane qui a ajouté que six civils avaient été tués dans cette ville vendredi par les forces du régime.
Des blindés de l'armée, entrés pour la première fois dans les rues d'Alep, circulaient notamment dans les quartiers de Kalassé et Boustane al-Kasr, où des milliers de personnes participaient en début de soirée aux funérailles d'un jeune homme tué par balles plus tôt, selon l'OSDH.
Dans la province d'Idleb (nord-ouest), "des dizaines de milliers" de manifestants ont également défilé dans les localités de Maaret al-Nomane, Kafrnoubol, Saraqeb, Hass et Sargé, tenues par les rebelles, a indiqué M. Abdel Rahmane.
A Binneche, dans cette même province, sous les applaudissements de centaines de manifestants, une vingtaine de personnes ont porté de grandes lettres de l'alphabet latin en carton pour former des phrases en anglais: "We are not terrorists" (nous ne sommes pas des terroristes).
Le régime attribue les violences dans le pays à des "terroristes".
Malgré les bombardements et les tirs, des milliers de manifestants ont également défilé dans les régions de Homs, Hama (centre), Deir Ezzor (est) et Deraa, berceau de la contestation dans le sud. Vingt-deux personnes, dont un policier et un déserteur, ont été tuées dans ces zones, selon l'OSDH.
"Notre prochain rendez-vous, Damas"
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Les militants pro-démocratie avaient appelé à manifester vendredi sous le slogan "Notre prochain rendez-vous, Damas", appelant à intensifier le mouvement dans la capitale, quadrillée par les agents de sécurité.
Dans l'après-midi, les forces de l'ordre ont tiré des lacrymogènes pour disperser des manifestants dans le quartier historique de Midane à Damas, toujours selon l'OSDH qui fait état de plusieurs autres manifestations dans la capitale et sa banlieue où un enfant a été tué par un tireur embusqué à Irbine.
Depuis le début de la révolte, les localités et quartiers périphériques de Damas sont à la pointe de la contestation tandis que le centre reste peu touché, la répression y étant particulièrement importante.
Selon l'OSDH, plus de 12.000 personnes ont péri en Syrie depuis le début de la révolte anti-régime en mars 2011, en majorité des civils tués par les forces gouvernementales.
Dans un rapport publié jeudi, les enquêteurs mandatés par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU accusent l'armée et les services de sécurité de commettre "la plupart des violations graves des droits de l'Homme" et de poursuivre la pratique de la torture, y compris sur des enfants.
Par ailleurs, un groupe de pèlerins chiites libanais enlevés le 22 mai en Syrie ont été libérés, a déclaré à l'AFP le ministre libanais de la Santé, Ali Hassan Khalil.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.