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En Irak, la loi sur le pétrole profitera d'abord aux Kurdes


Mardi 27 février 2007 à 16h17

BAGDAD, 27 fév 2007 (AFP) — Le projet de loi sur les hydrocarbures approuvé lundi par le gouvernement irakien devrait profiter surtout au Kurdistan, selon les experts, pour qui les grandes compagnies américaines ne se précipiteront pas de sitôt.

Ce texte, bientôt présenté au Parlement, est le fruit d'un compromis difficile sur un sujet brûlant: les réserves d'or noir, les troisièmes plus importantes du monde, sont concentrées dans le sud chiite et le nord majoritairement kurde, peu disposés à partager cette manne.

Les sunnites, écartés du pouvoir après la chute du régime de Saddam Hussein en avril 2003, vivent eux dans des régions dénuées de pétrole.

Or, une fois adoptée, la loi devrait permettre une répartition équitable entre les 18 provinces d'Irak. Elle prévoit aussi la supervision du secteur par un organisme fédéral et une entreprise nationale indépendante.

Les revenus du pétrole seront versés sur un compte fédéral puis redistribués aux provinces au prorata de leur population, soit 18 à 20% pour les Kurdes.

La loi favorisera ainsi l'"unification" du pays, se sont félicitées à l'unisson les autorités irakiennes et américaines.

Mais la première conséquence du texte est d'offrir une sécurité juridique dont profiteront d'abord aux Kurdes.

Leurs réserves prouvées ne représentent que 2,9% de celles de l'Irak mais d'importants gisements ont été découverts au Kurdistan et les experts s'attendent à de nouvelles découvertes.

Surtout, les grandes compagnies pétrolières devraient être plus encouragées à investir dans la région kurde, plus ou moins épargnée par les violences.

"Les Kurdes ont largement atteint les objectifs qu'ils s'étaient fixé", a estimé mardi Alex Munton, un analyste qui a suivi de près les négociations pour le compte du cabinet de consultants spécialisé en énergie Wood Mackenzie.

Le gouvernement de la région autonome du Kurdistan a cédé sur ce point: il ne gérera pas directement les revenus pétroliers des gisements sur son territoire, dont l'exploitation a commencé.

En échange toutefois, il pourra superviser l'exploitation.

"Les contrats initiaux seront sous la responsabilité du gouvernement du Kurdistan, puis après un certain temps, transférés à la commission fédérale", a déclaré à l'AFP un porte-parole du gouvernement kurde, Khalid Saleh.

Concrètement, ces dispositions permettent au Kurdes de conserver l'avance acquise auprès d'investisseurs étrangers, et de poursuivre la prospection dans la seule région irakienne où règne une relative stabilité.

DNO, une compagnie norvégienne, a déjà conclu un accord avec les autorités kurdes avant même le renversement de Saddam Hussein, et annoncé la découverte d'un gisement à Tawke, à proximité de Kirkouk (250 km au nord de Bagdad.

Les puits de Tawke pourraient rapidement fournir jusqu'à 50.000 barils de brut par jour à la firme.

En acceptant un compromis sur les revenus, le Kurdistan, a "confirmé les contrats" déjà signés, estime l'analyste, car la loi crée une "sécurité juridique".

Et même s'il partage ainsi la manne, il bénéficiera de retombées locales directes en emplois et impôts notamment.

Pendant ce temps, le reste du pays, et notamment les provinces du sud immensément riches en pétrole n'attirent pas.

Tant que le contexte sécuritaire n'aura pas progressé au centre et au sud, "aucune des majors ne s'impliquera vraiment", a noté M. Munton.

La Maison Blanche avait souvent été accusée, avant l'invasion de l'Irak par les troupes américano-britanniques, de chercher à faire main basse sur l'or noir irakien pour les compagnies américaines.

Mais, quatre ans après, les "majors" américaines et britanniques du secteur hésitent à s'aventurer dans le chaos irakien, et ce sont des entreprises d'Etat, russes et chinoises, qui semblent les plus prêtes à réactiver des contrats signés dans les années 1990 avec l'ex-dictateur Saddam Hussein.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.