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Enfants de jihadistes détenus en Syrie: les grands-parents exhortent la France à les rapatrier d'urgence


Mercredi 18 septembre 2024 à 14h47

Paris, 18 sept 2024 (AFP) — "Ils n'ont qu'une envie, c'est de partir": sept grands-parents ont exhorté mercredi la France à rapatrier en urgence leurs petits-enfants détenus depuis six ans dans des camps kurdes dans le nord-est de la Syrie.

Ces grands-parents, membres du collectif des Familles unies, se sont rendus dans le camp de Roj, en février et août derniers, où au moins 120 enfants français et 50 femmes sont détenus.

"Comment peut-on accepter qu'on condamne des enfants innocents pour des faits qu'ils n'ont pas commis ?", ont-ils déploré dans un communiqué, avant de témoigner, sous couvert d'anonymat, lors d'une conférence de presse organisée à Paris dans le cabinet de leurs avocats.

Avant le voyage, Patricia (prénom modifié), n'avait pas vu sa fille, "partie en 2015 pour la Syrie", depuis neuf ans. "Quand je l'ai prise dans mes bras, elle était si maigre, je sentais ses omoplates".

Lors de ce voyage, elle a aussi rencontré pour la première fois ses petits-enfants de six et sept ans, nés dans les camps. "Ils nous ont fait des dessins: des maisons avec des mains ouvertes et dans la main, il y a un avion. Ils n'ont qu'une envie, c'est de partir".

Cinq ans après la chute du "califat" du groupe Etat islamique (EI), des dizaines de milliers de femmes et d'enfants proches de jihadistes sont détenus par les forces kurdes syriennes alliées des Etats-Unis dans des camps où règne la violence.

La France a cessé à l'été 2023 les rapatriements collectifs après avoir mené quatre opérations en un an.

Actuellement, "la France conditionne toute opération de rapatriement à une demande explicite de la part des femmes" mais ces dernières "n'arrivent pas" à la formuler, a expliqué l'avocate Marie Dosé.

Certaines sont "trop radicalisées", d'autres craignent des représailles dans les camps, nombreuses redoutent d'être séparées de leurs enfants en arrivant en France. "Ce pays doit protéger les enfants de l'incapacité des mères à prendre la bonne décision", a insisté l'avocate.

Le collectif a également visité les centres Orkesh et Houri, ainsi que la prison d'Alaya pour rencontrer cinq jeunes majeurs et un mineur qui y sont incarcérés. "Leur état de santé est catastrophique, les rapatrier est une question de vie ou de mort", a alerté Me Dosé.

Ces jeunes avaient déjà déposé des demandes de rapatriement, se disant prêts à s'expliquer devant la justice française. "Je n'ai jamais eu de réponse" des autorités françaises, "ce qui est un refus implicite", s'est indignée l'avocate.

364 enfants rapatriés de Syrie sont actuellement suivis par des juges des enfants en France, sans poser problème, selon le procureur antiterroriste Olivier Christen.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.