Samedi 13 juillet 2024 à 19h20
Istanbul, 13 juil 2024 (AFP) — Le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé samedi la fin imminente de l'opération "griffe-verrou" des forces armées turques dans le nord de l'Irak et de la Syrie, estimant avoir "enfermé" les Kurdes du PKK.
Ces déclarations interviennent après un regain des opérations militaires turques au Kurdistan autonome, dénoncées cette semaine par Bagdad malgré un rapprochement récent des deux capitales.
"Nous compléterons très bientôt le verrouillage de la zone d'opération dans le nord de l'Irak", a déclaré le chef de l'Etat, affirmant devant les jeunes diplômés de l'Académie militaire à Istanbul que "des coups sérieux ont été portés à l'organisation terroriste" du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK).
"Nous compléterons les points manquants de la ceinture de sécurité le long de notre frontière sud en Syrie", a également annoncé le président, se disant "déterminé à éliminer toute structure susceptible de constituer une menace pour notre pays le long des frontières avec l'Irak et la Syrie".
La Turquie a lancé l'opération "griffe-verrou" en avril 2022 pour sécuriser sa frontière avec le nord de l'Irak, d'où elle accusait le PKK de lancer des attaques contre le territoire turc.
"L'organisation séparatiste est devenue incapable d'agir à l'intérieur de nos frontières. En Irak et en Syrie, elle est complètement piégée", a assuré M. Erdogan : "Nous sommes partout sur leur dos, avec nos soldats, nos policiers, nos gendarmes et nos agents de renseignement".
- "Corridor de sécurité" -
Dans une interview au média Politico, le ministre de la Défense turc Yasar Guler avait réitéré cette semaine "la détermination" de son pays à créer un "corridor de sécurité le long des frontières avec l'Irak et la Syrie pour débarrasser la région des terroristes".
En lutte armée contre les autorités turques depuis 1984, le PKK est classé "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux, dont les Etats-Unis et l'Union européenne.
Le ministère turc de la Défense a d'ailleurs annoncé vendredi qu'un soldat a été tué et un autre blessé dans "l'explosion d'un engin artisanal" dans le nord de l'Irak, accusant le PKK.
De son côté, l'Irak a dénoncé cette semaine de nouvelles incursions de l'armée turque sur son territoire au Kurdistan autonome, dans le nord du pays, attestant d'un regain d'opérations militaires d'Ankara contre les combattants du PKK depuis plusieurs semaines.
Bagdad et Ankara se sont rapprochés ce printemps après que les autorités irakiennes ont discrètement proclamé le PKK "organisation interdite". Le président Erdogan s'était rendu en avril à Bagdad, tout en réclamant davantage d'implication de son voisin dans la lutte contre ses ennemis.
Les combattants kurdes disposent de bases arrières au Kurdistan autonome, qui accueille aussi depuis 25 ans des bases militaires turques.
Concernant sa frontière avec la Syrie, Ankara avait déclenché en novembre 2022 l'opération Griffe-Épée par une série de frappes aériennes: elles visaient des positions du PKK, des Forces démocratiques syriennes (FDS) et de l'armée syrienne dans le nord du territoire syrien.
Ces frappes avaient été menées en représailles après un attentat au coeur d'Istanbul qui avait fait six morts, et dont le gouvernement avait accusé le PKK, ce que ce dernier a démenti.
La Turquie dispose de bases militaires dans le nord de la Syrie, pour "protéger sa frontière" et empêcher l'instauration d'un "corridor de la terreur", selon les termes de M. Erdogan en 2019.
Ce dernier a cependant exprimé une volonté de rapprochement avec le président syrien Bachar el-Assad auquel il a multiplié les appels du pied, assurant même le 7 juillet qu'il pouvait inviter ce dernier "à tout moment", un geste de réconciliation après la rupture entre Ankara et Damas depuis le début de la guerre en Syrie en 2011.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.