Samedi 26 octobre 2019 à 16h40
Ankara, 26 oct 2019 (AFP) — Le président turc Recep Tayyip Erdogan a menacé samedi de "chasser les terroristes" de la frontière syro-turque si les milices kurdes syriennes ne se retiraient pas de cette zone dans les délais prévus par l'accord conclu entre Ankara et Moscou.
"Si les terroristes ne se retirent pas au terme des 150 heures (délai courant à partir du 23 octobre à 09H00 GMT selon les termes de l'accord, ndlr), nous prendrons le contrôle et nous les chasserons nous-mêmes", a-t-il déclaré dans un discours télévisé à Istanbul, en référence aux combattants kurdes des YPG (Unités de protection du peuple).
En vertu de l'accord conclu mardi dernier entre le président russe Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan à Sotchi (Russie), Moscou doit "faciliter le retrait" des forces kurdes et leur armement d'une bande de 30 km de profondeur le long de la frontière, dans le nord-est de la Syrie, frontalier de la Turquie.
Les Russes et les Turcs ont prévu de débuter des patrouilles communes dans cette zone après le délai de 150 heures prévu par l'accord, qui expire mardi à 18H00 locales (15H00 GMT).
Conformément au mémorandum russo-turc, la Turquie garde cependant la haute main sur une autre région du nord-est où son armée est déjà présente, longue de 120 km, et dont elle a pris le contrôle au cours de son offensive déclenchée le 9 octobre contre les YPG.
Malgré la menace qu'il brandit, M. Erdogan a souligné que la Turquie avait "dans une large mesure" atteint son objectif d'établir une "zone de sécurité" pour se protéger d'attaques de la part des jihadistes du groupe Etat islamique et des combattants kurdes des YPG, qu'Ankara considère comme des "terroristes".
M. Erdogan a aussi exhorté la communauté internationale à soutenir la Turquie dans ses efforts pour établir une "zone de sécurité" pour y installer certains de 3,6 millions de réfugiés syriens qu'Ankara a accueillis.
Il a une nouvelle fois averti que "s'il n'y a pas de soutien pour les projets que nous développons afin de permettre le retour d'un à deux millions (de ces réfugiés) dans une première étape, nous n'aurons pas d'autre solution que d'ouvrir nos portes et de les laisser aller en Europe".
Le ministre turc des affaires étrangères Mevlut Cavusoglu a par ailleurs estimé samedi que une proposition allemande de déployer une force internationale -- incluant des soldats européens -- pour établir une "zone de sécurité" dans le nord-est de la Syrie n'était pas "réaliste".
Cette idée avait été avancée par la ministre allemande de la Défense, Annegret Kramp-Karrenbauer.
"A ce stade nous ne la trouvons pas vraiment réaliste", a déclaré M. Cavusoglu, lors d'une conférence de presse commune avec son homologue allemand Heiko Maas.
Ce dernier a lui-même balayé d'un revers de main cette proposition, qui divise profondément le gouvernement allemand. M. Maas a affirmé n'avoir "pas de temps à perdre avec des questions théoriques car la population syrienne n'a que faire des débats théoriques".
"Tout le monde nous dit que ce n'est pas une proposition réaliste", a-t-il tranché.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.