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Irak: Polémique entre les Kurdes et le ministre du Pétrole sur les contrats


Mardi 23 juin 2009 à 16h30

BAGDAD, 23 juin 2009 (AFP) — Le ministre irakien du Pétrole Hussein Chahristani s'est déclaré mardi confiant à l'issue de son audition devant le Parlement que l'attribution des contrats aux compagnies étrangères auront bien lieu comme prévu les 29 et 30 juin.

"Les dates du 29 et 30 juin sont maintenues. Les contrats ne sont pas en danger car le parlement n'a pas de position" hostile par rapport à la manière dont les appels d'offres ont eu lieu, a-t-il dit aux journalistes, à l'issue de l'audition.

Face à la grogne de certains députés et les accusations proférés par les dirigeants kurdes de brader les intérêts de la nation, il a défendu sa stratégie pétrolière.

"Notre plan est de porter la production pétrolière à 4 millions de barils/jour et pour cela nous devons maintenant développer les champs pétroliers déjà en activité car cela va plus vite et notre pays a un besoin extrême d'accoître sa production", a-t-il asséné à la tribune.

Les 29 et 30 juin, le gouvernement entend attribuer l'exploitation de six champs pétroliers et deux champs gaziers à des compagnies étrangères qui devront investir de manière importante pour augmenter la production, les équipements actuels étant vétustes.

"Faire de l'exploration sur de nouveaux champs prend du temps. Les champs qui ne sont pas encore exploités seront ouverts lors des deuxième, troisième et quatrième appels d'offres. Si nous n'agissons pas de cette manière, la production pétrolière de l'Irak diminuera", a-t-il ajouté.

Il répondait ainsi au gouvernement régional du Kurdistan irakien qui, un peu plus tôt, avait jugé "anti-constitutionnel" la manière d'agir du gouvernement fédéral.

"Les appels d'offres lancés par le ministère irakien du Pétrole sont anti-constitutionnels et contre les intérêts économiques du peuple irakien", avait affirmé mardi un communiqué de ce gouvernement.

"Le gouvernement régional a réalisé d'importants progrès en peu de temps dans l'exportation et l'accroissement des revenus du pétrole (...) en se concentrant sur l'exploration et non sur l'exploitation des champs déjà en fonction, conformément aux meilleures pratiques du marché international et à la constitution irakienne", assure le communiqué.

Les Kurdes interprètent à leur manière l'article 109 de la Constitution qui "stipule que le gouvernement fédéral et les régions et gouvernorats producteurs doivent développer la richesse pétrolière et gazière pour le meilleur bénéfice du peuple irakien en utilisant les techniques les plus avancées du marché et en encourageant l'investissement".

Le Kurdistan irakien a commencé le 1er juin à exporter son pétrole dans un climat d'hostilité avec le gouvernement fédéral qui nie à sa province du nord le droit de signer des contrats sans son aval.

Bagdad refuse de reconnaître les contrats pétroliers conclus par le Kurdistan avec des sociétés étrangères et veut des contrats de service, rémunérant les compagnies pétrolières au baril extrait plutôt que par un partage des bénéfices tirés de l'exploitation des ressources.

A l'heure actuelle, 31 sociétés pétrolières ont été présélectionnées par l'Irak, dont la totalité des majors occidentales et de grosses compagnies d'Etat, pour exploiter six grands champs pétroliers et deux champs gaziers. Quatre compagnies se sont retirées de la compétition.

Selon le site www.iraqoilforum.com, sont en course: sept compagnies nord-américaines, 11 asiatiques, neuf européennes, deux australiennes et deux russes.

Huit contrats seront disponibles mais des compagnies pétrolières pourraient s'allier pour exploiter certains puits.

Selon le ministère, l'attribution de ces contrats permettra d'augmenter la production de 1,5 million de baril/jour. L'Irak produit actuellement 2,4 millions de barils par jour et peine à augmenter sa production.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.