Lundi 3 août 2009 à 08h56
ERBIL (Irak), 3 août 2009 (AFP) — Un nouveau mensuel kurde a fait sensation à Erbil en proposant aux Juifs d'origine kurde de revenir dans cette région, en dépit de la fureur des islamistes.
"Les Juifs d'origine kurde sont très nombreux en Israël. Si la situation dans notre nouvel Irak fédéral et démocratique, et notamment au Kurdistan, se stabilise, beaucoup voudront revenir et cela réduira les colonies (juives) en Palestine", explique naïvement son directeur Dawood Baghestani.
Environ 150.000 juifs originaire du Kurdistan se trouvent en Israël. Au 12ème siècle, les Juifs, qui parlaient l'araméen, vivaient dans une centaine de localités de l'actuel Kurdistan.
Le magazine en couleur intitulé "Israël-Kurdes", compte une cinquantaine de pages en kurde et deux en anglais, et tire à 1.500 exemplaires. Sur la couverture apparaît une femme portant le drapeau israélien et le mensuel traite des traditions des Juifs kurdes avec des photos des années 20,30 et 40. Il publie des études sur les Juifs d'Irak et sur l'importance économique, sociale et politique d'avoir des relations avec Israël.
Les islamistes kurdes n'apprécient pas cette initiative. "Je suis méfiant et ne vois pas l'utilité de ce genre de publication d'autant que les Kurdes appartiennent à la nation musulmane et que le Kurdistan fait partie de l'Irak", peste Zana Rustabi, député et dirigeant du Groupe islamique du Kurdistan.
Commerçants, artisans et agriculteurs, les Juifs vivaient en bonne intelligence avec la population locale. La création de l'Etat d'Israël et la montée du nationalisme dans les pays arabes ont bouleversé la donne. C'est au début des années 50, poussés par l'Agence Juive que les Juifs ont quitté en masse l'Irak.
"Le problème palestinien a pour principale raison les mesures iniques prises par les régimes arabes qui ont conduit au départ d'1,5 million de Juifs. S'ils n'avaient pas été contraints à l'exode, les Palestiniens ne l'auraient pas été non plus", ajoute M. Baghestani, 62 ans, ancien directeur du comité des Droits de l'homme au Kurdistan (1994-1997).
Le premier exode des Palestiniens s'est produit durant la première guerre israélo-arabe de 1948. Par peur de massacres ou bien chassés par les soldats hébreux, plus de 700.000 Palestiniens quittèrent le nouvel Etat d'Israël.
Pour cet ancien peshmerga (combattant kurde) qui s'est rendu à quatre reprises en Israël, dont la première clandestinement en 1967, la solution du problème israélo-palestinien est simple. "Si chaque Etat arabe fait revenir ses Juifs en leur rendant leurs biens, les réfugiés palestiniens pourront regagner leurs terres car Israël n'aura plus besoin d'un grand territoire", estime-t-il.
Cet ancien détenu de la prison d'Abou Ghraïb (1976-1986), dément être soutenu en sous-main par les Israéliens. "Ils sont au courant de l'existence du magazine car nous avons un site mais nous ne travaillons pas pour eux mais pour nous. Nous avons besoin des Juifs kurdes", assène-t-il.
Interrogé sur la réaction des dirigeants kurdes, M. Baghestani rétorque ne pas leur avoir demandé leur avis. "Ce que je réclame est inscrit dans la Constitution qui accorde le droit de revenir dans sa patrie et les Juifs sont des citoyens irakiens qui ont été l'objet d'injustice", dit-il.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.