Samedi 31 decembre 2022 à 14h39
Paris, 31 déc 2022 (AFP) — Les forces iraniennes ont ouvert le feu samedi sur une foule lors d'une cérémonie de deuil dans une ville kurde, tuant un homme, a affirmé une ONG, près de quatre mois après le début du mouvement de contestation en Iran.
Les protestations ont éclaté après la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, une Kurde de 22 ans décédée à la suite de son arrestation par la police des moeurs pour infraction au code vestimentaire strict de la République islamique imposant notamment le port du voile en public pour les femmes.
Samedi, les policiers ont tiré des balles réelles et des gaz lacrymogènes sur des habitants rassemblés dans un cimetière de la ville kurde de Javanroud (ouest) pour marquer la fin du deuil de 40 jours pour des manifestants morts, selon Hengaw, une ONG basée en Norvège.
Les habitants scandaient "Mort au dictateur", en allusion au guide suprême d'Iran, Ali Khamenei.
Un Iranien présenté comme Borhan Eliasi, 22 ans, a été tué par les tirs et huit personnes blessées, dont deux grièvement, a affirmé Hengaw.
Cette information n'a pu être vérifiée de source indépendante dans l'immédiat.
Des militants ont en outre appelé sur les réseaux sociaux à des rassemblements samedi à Téhéran et dans d'autres villes d'Iran pour protester contre la détérioration des conditions de vie.
Selon le groupe de défense des droits humains HRANA, basé aux Etats-Unis, de petits rassemblements ont eu lieu à Téhéran et dans les villes centrales d'Ispahan et de Najafabad. Des manifestants ont scandé des slogans antipouvoir, d'après des vidéos partagés sur les réseaux sociaux.
L'AFP n'a pas été en mesure de vérifier immédiatement ces images.
Vendredi, des centaines de personnes avaient manifesté à Zahedan (sud-est) en scandant "Mort au dictateur", selon des images partagées par le média en ligne 1500tasvir et vérifiées par l'AFP.
Ce sont des ONG de défense des droits humains iraniennes, des groupes d'opposition ou des ONG internationales, tous installés à l'étranger, qui communiquent généralement sur les manifestations qui ont lieu en Iran. Lors des premières semaines, les protestations avaient touché quasi-quotidiennement un grand nombre de provinces.
- Nouveau procès -
Les autorités dénoncent ces manifestations comme des "émeutes" orchestrées par des pays étrangers hostiles et des groupes d'opposition.
Selon un dernier bilan de l'Iran Human Rights (IHR), une ONG basée à Oslo, au moins 476 personnes ont été tuées par les forces de sécurité depuis le 16 septembre. Environ 14.000 personnes ont été arrêtées, d'après l'ONU.
Des responsables iraniens affirment que des centaines de personnes ont été tuées lors des "émeutes", y compris des dizaines de membres des forces de sécurité.
Samedi, Mizan Online, l'agence de l'Autorité judiciaire, a indiqué que la Cour suprême iranienne avait ordonné un nouveau procès pour un manifestant condamné à mort pour sa participation au mouvement de contestation.
"L'appel de Sahand Nourmohammad-Zadeh, l'un des accusés des récentes émeutes, a été accepté par la Cour suprême", a indiqué l'agence.
Son avocat Hamed Ahmadi a indiqué que son client avait été condamné à la peine capitale pour moharebeh ("guerre contre Dieu").
Sahand Nourmohammad-Zadeh, 26 ans, est la troisième personne condamnée à mort à pouvoir être rejugée.
La justice a annoncé avoir condamné 11 personnes à la peine capitale pour leur rôle dans la contestation. Des militants estiment que ce chiffre est deux fois plus élevé.
Deux condamnés à mort, âgés de 23 ans, ont déjà été exécutés, jugés coupables d'avoir tué ou blessé des policiers ou des paramilitaires lors des manifestations.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.