Mercredi 30 octobre 2024 à 22h46
Istanbul, 30 oct 2024 (AFP) — Quelques centaines de personnes, dont le maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu (opposition), se sont rassemblées mercredi soir devant le Palais de Justice de la mégapole turque pour dénoncer l'arrestation d'un élu d'arrondissement accusé d'appartenance au PKK, a constaté l'AFP.
Selon l'agence étatique Anadolu, le maire de l'arrondissement d'Esenyurt Ahmet Özer a été arrêté pour "appartenance à l'organisation terroriste armée PKK", le Parti des Travailleurs du Kurdistan, qui a revendiqué l'attentat contre le siège des Industries de défense à Ankara le 23 octobre (cinq morts et 22 blessés).
L'arrestation de M. Özer, mercredi matin, avait été annoncée sur X par son parti, le CHP, première formation (sociale démocrate) d'opposition au Parlement, mais pas confirmée officiellement.
Le CHP a dénoncé des "allégations abstraites sur la foi d'un livre écrit (par l'élu) il y a des années" et promis de "réagir de la manière la plus ferme".
Dans la soirée, suscitant la colère des partisans de l'opposition, les autorités ont désigné un maire de substitution, un "kayyoum", pour remplacer l'élu: une pratique fréquemment utilisée ces dernières années pour remplacer les maires HDP, le parti pro-kurde devenu DEM, dans les régions à majorité kurde du sud-est de la Turquie.
Le DEM, troisième force politique au parlement, a appelé ses partisans au rassemblement en dénonçant sur X "la détention illégale et les tentatives de nommer un administrateur de la municipalité (qui) attentent à la volonté du peuple".
Le président du CHP Özgür Özel a convoqué la réunion d'urgence jeudi des instances dirigeantes du parti à Ankara et appelé à un nouveau rassemblement devant la municipalité d'Esenyurt à 16H00 (13H00 GMT).
L'élu incriminé, le Pr Ahmet Özer, est un universitaire reconnu, élu lors des municipales du 31 mars marquées par une ample victoire de l'opposition dans de nombreuses grandes villes, dont Istanbul.
Son arrestation intervient alors que le président Recep Tayyip Erdogan a confirmé, mercredi, sa volonté de "tendre la main aux frères kurdes".
Le chef de l'Etat apportait ainsi pour la première fois un soutien public à l'offre de son allié du parti nationaliste MHP: Devet Bahceli a invité le chef historique du PKK Abdullah Öcalan à annoncer "devant le Parlement son renoncement au terrorisme", laissant entrevoir la possibilité d'une libération anticipée.
Chef historique du PKK, Abdullah Öcalan, condamné à vie, est détenu à l'isolement sur une île au large d'Istanbul depuis 1999.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.