Vendredi 11 octobre 2024 à 17h01
Vienne, 11 oct 2024 (AFP) — La justice autrichienne a ordonné vendredi au gouvernement le rapatriement d'une jihadiste et de ses deux enfants détenus dans un camp en Syrie, au nom de "l'intérêt supérieur de l'enfant", selon le tribunal.
"Le rapatriement commun des requérants en Autriche doit être effectué", a indiqué dans une déclaration transmise à l'AFP le tribunal administratif national, le gouvernement devant respecter un "principe d'égalité" et le bien-être des enfants.
Partie rejoindre le groupe Etat islamique à l'âge de 17 ans en 2017, la femme de nationalité autrichienne a eu deux fils avec deux combattants de la milice islamiste et vit toujours avec eux dans des camps d'internement kurdes depuis le démantèlement de l'EI en 2019.
Elle réclamait d'être rapatriée, mais le ministère des Affaires étrangères acceptait seulement le retour des enfants, arguant qu'elle avait de son plein gré rejoint une zone déconseillée et ne pouvait pas prétendre à l'assistance consulaire.
Il invoquait également des considérations d'ordre sécuritaire pour son personnel sur place.
Mais la plaignante avait refusé de se séparer de ses enfants. Elle avait porté l'affaire en justice et vient d'obtenir gain de cause, le tribunal citant notamment la jurisprudence européenne concernant un cas similaire en France en 2022.
Le gouvernement a six semaines pour faire appel. S'il organise son rapatriement, elle devra être jugée à son arrivée pour appartenance à un groupe terroriste.
Comme d'autres pays européens, l'Autriche est confrontée à la volonté de retour des combattants et de leur famille, qui pose un problème de sécurité, selon le dernier rapport des services autrichiens de renseignement.
"Un nombre important de femmes jihadistes et de leurs enfants, certains nés sur place, sont toujours dans les camps d'internement en Syrie et en Irak", précise ce rapport, et d'autres procédures sont en cours.
En août 2019, Vienne avait annoncé un premier rapatriement, celui de deux orphelins de 18 mois et trois ans, retenus en Syrie et remis à leur grand-mère à Vienne après un test de parenté. Deux autres enfants, dont la mère avait accepté de se séparer, sont rentrés en 2022.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.