Samedi 3 juin 2023 à 21h20
Souleimaniyeh (Irak), 3 juin 2023 (AFP) — Un journaliste français a indiqué samedi à l'AFP avoir été arrêté alors qu'il était en reportage au Kurdistan d'Irak, une "détention arbitraire" de plusieurs heures dénoncée par la France qui déplore cette "atteinte" à la liberté de la presse.
Benoit Drevet, correspondant de journaux francophones au Kurdistan d'Irak, effectuait vendredi un reportage dans la zone de Galala sur l'impact sur les civils des bombardements que mène régulièrement la Turquie contre les combattants turcs kurdes du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) installés dans le nord de l'Irak.
"Au moment de repartir, nous avons été rejoints par les Assaïch (la police régionale, ndlr). Ils nous attendaient", a rapporté à l'AFP le journaliste, qui travaillait avec l'aide d'une fixeuse. "Ils ont confisqué nos affaires. Ils m'ont arraché mon portable après que j'ai demandé à joindre le consulat de France", a-t-il poursuivi.
Transféré au poste central de police à Souleimaniyeh, chef-lieu de la province, M. Drevet dit avoir subi "plusieurs interrogatoires" et avoir été "fiché", sans pouvoir communiquer avec l'extérieur.
Sans connaître le motif de sa détention, le reporter assure avoir été muni des "autorisations nécessaires pour travailler sur tout le territoire du Kurdistan d'Irak". "Je n'ai été ni menotté, ni violenté", a-t-il expliqué.
Il a finalement été libéré samedi "après 17 heures" de détention grâce "à l'intervention du consulat de France à Erbil", capitale du Kurdistan d'Irak.
Dans un communiqué, le consul de France à Erbil, Olivier Decottignies, a "condamné avec la plus grande fermeté l'arrestation et la détention arbitraires" de Benoit Drevet, "nouvelle illustration" des "atteintes récurrentes à la liberté de la presse et aux droits des journalistes dans l'ensemble de la Région autonome du Kurdistan".
Interrogée par l'AFP, une source de sécurité à Souleimaniyeh a affirmé que M. Drevet se trouvait à Galala, dans une "zone dangereuse". "Il a passé la nuit chez nous comme hôte, de crainte qu'il soit exposé à un incident", a indiqué ce responsable qui a souhaité conserver l'anonymat.
Le Kurdistan d'Irak est régulièrement pointé du doigt par les défenseurs des droits humains qui dénoncent arrestations arbitraires, violations de la liberté de manifestation et atteintes à la liberté de la presse.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.