Dimanche 26 juin 2011 à 13h39
ISTANBUL, 26 juin 2011 (AFP) — Un tribunal turc a rejeté dimanche les demandes de libération de deux militants kurdes élus au Parlement, ce qui porte à six le nombre de militants kurdes dont la libération a été refusée bien qu'ils aient été élus lors des législatives en juin.
Gulser Yildirim et Ibrahim Ayhan sont accusés de faire partie de la branche urbaine du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), mouvement qui est considéré comme une organisation terroriste par Ankara et de nombreux pays, selon l'agence de presse Anatolie.
Au total six militants kurdes en attente de leur procès ont été élus, en prison, lors des élections législatives du 12 juin. Trois d'entre eux ont vu leur mise en liberté refusée samedi, et l'élection d'un quatrième, Hatip Dicle, avait été invalidée mardi par le Haut conseil des élections (YSK).
La cour a rejeté ces nouvelles demandes de mise en liberté en arguant du fait que l'immunité parlementaire dont ils bénéficient étant élus, et qui devrait leur permettre de sortir de prison, ne couvre pas les charges qui pèsent contre eux, pour activités liées au terrorisme, selon Anatolie.
Plus tôt cette semaine, la justice avait rejeté les demandes de libération de trois autres prévenus en détention provisoire, accusés d'implication dans un complot contre le gouvernement, et qui ont également été élus le 12 juin, lors d'un scrutin remporté haut la main par le parti au pouvoir, le Parti de la justice et du développement (AKP).
Il s'agit du journaliste Mustafa Balbay, de l'universitaire Mehmet Haberal, élus sur des listes du Parti républicain du peuple (CHP, opposition sociale-démocrate), et du général à la retraite Engin Alan, élu sur les listes du Parti de l'action nationaliste (MHP).
En 2007 la Turquie avait pourtant connu un précédent avec la remise en liberté d'une militante kurde élue députée, dont les procès s'est poursuivi après sa libération.
Dans ce contexte, la séance d'ouverture du nouveau Parlement risque d'être tendue, la semaine prochaine.
En réaction à l'invalidation de l'élection de Hatip Dicle, le parti pro-kurde BDP (Parti pour la paix et la démocratie) a annoncé que les élus kurdes --ils ont remporté au total 36 sièges sur 550-- allaient boycotter le Parlement.
"Nous n'irons pas au Parlement tant que le gouvernement et le Parlement n'auront pas pris de mesures concrètes pour remédier à cette injustice et offrir des opportunités pour une résolution en ouvrant la voie à des politiques démocratiques", a déclaré le député Sefarettin Elçi.
La décision du BDP risque d'attiser les tensions entre Ankara et la communauté kurde -environ 15 millions des 73 millions de Turcs- alors que les rebelles du PKK, en lutte depuis 1984, ont présenté des conditions drastiques pour renouveler un cessez-le-feu décrété unilatéralement en août 2010.
Le PKK exige un arrêt des opérations militaires et la reconnaissance de son chef emprisonné, Abdullah Öcalan, comme interlocuteur pour un règlement de la question kurde.
Les nouveaux élus kurdes, enregistrés comme indépendants, sont en fait des membres du BDP qui n'a pas pu les présenter sous ses propres couleurs en raison d'un seuil électoral de 10% au niveau national qui aurait empêché leur élection.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.