Mardi 28 novembre 2023 à 05h15
Paris, 28 nov 2023 (AFP) — Près de la moitié de la population mondiale --quelque 49% selon des calculs de l'AFP-- sera concernée par des élections en 2024.
Une trentaine de pays désigneront leur président, tandis que des élections parlementaires sont prévues dans une vingtaine.
Ces scrutins se dérouleront dans un contexte international troublé, avec le conflit russo-ukrainien et la guerre entre le Hamas et Israël. Ils seront soumis à un risque, plus ou moins important selon les pays, de désinformation ainsi qu'à des manipulations liées à l'intelligence artificielle (IA), selon les observateurs.
Voici un tour d'horizon des élections les plus marquantes:
- Etats-Unis: le match retour ? -
Le 5 novembre, des dizaines de millions d'Américains se rendront aux urnes pour désigner leurs "grands électeurs", chargés de choisir le locataire de la Maison Blanche.
Cette 60e élection présidentielle américaine aura probablement des airs de déjà-vu, avec un match retour attendu entre le président démocrate sortant Joe Biden, 81 ans, et son prédécesseur républicain, Donald Trump, 77 ans aujourd'hui.
Ce possible choc des vétérans sera scruté après les polémiques et fausses informations ayant entouré la présidentielle de 2020. M. Trump n'a jamais reconnu sa défaite et un certain nombre d'Américains restent convaincus que le vote leur a été "volé".
- Russie: l'opposition muselée -
S'il ne l'a pas encore annoncé officiellement, il ne fait guère de doute, selon les observateurs, que Vladimir Poutine sera candidat à sa succession à la présidentielle attendue en mars.
M. Poutine, qui dirige la Russie depuis 23 ans, a fait modifier la Constitution en 2020, l'autorisant théoriquement à rester au pouvoir jusqu'en 2036, ce qui le ferait dépasser Joseph Staline en terme de longévité au Kremlin.
Ces dernières années, l'opposition et la société civile russe ont été muselées sur fond de conflit en Ukraine: les principaux opposants politiques sont soit exilés, soit emprisonnés, comme Alexeï Navalny, l'ennemi numéro un du Kremlin; d'autres sont morts ou ont été réduits physiquement au silence.
- Inde: près d'un milliard d'électeurs -
Quelque 945 millions d'Indiens sont appelés aux urnes en mai pour des élections générales dans ce pays devenu en 2023 le plus peuplé au monde, devant la Chine.
Le BJP, le parti du Premier ministre Narendra Modi, en poste depuis 2014, est donné largement vainqueur par les sondages, son nationalisme séduisant la majorité hindoue.
Cette élection se déroulera dans un contexte de régression des droits politiques et des libertés civiles, selon l'ONG Freedom House.
Dirigé par Rahul Gandhi, le parti du Congrès, autrefois force dominante désormais affaibli, a tenté de former une grande coalition avec des partis d'opposition régionaux disparates pour défier M. Modi.
- UE: scrutin transnational géant -
Plus de 400 millions d'électeurs de 27 pays européens sont appelés à désigner début juin 720 eurodéputés, lors d'un scrutin transnational géant.
Il pourrait être marqué par une nouvelle poussée des forces eurosceptiques, comme en témoigne le triomphe du parti d'extrême droite islamophobe PVV aux élections législatives néerlandaises.
Ce scrutin se déroulera alors que l'immigration fait l'objet de vifs débats dans plusieurs pays des Vingt-Sept et que les porte-monnaies des Européens ont été durement touchés par l'inflation.
- Mexique: choc au féminin -
Une femme pourrait pour la première fois devenir, en juin, présidente du Mexique, un symbole important dans ce pays qui enregistre des milliers de féminicides par an.
Deux femmes sont favorites pour succéder au président sortant Andres Manuel Lopez Obrador: l'ex-maire de Mexico Claudia Sheinbaum, du parti au pouvoir Morena (gauche), largement en tête dans les sondages, et la sénatrice Xochitl Galvez, pour un Front regroupant trois partis d'opposition.
- Iran: 18 mois après la mort de Mahsa Amini -
Des législatives se tiendront le 1er mars en Iran, dix-huit mois après la mort de Mahsa Amini. La mort de cette jeune Kurde, après son interpellation par la police pour un voile mal ajusté, a déclenché des mois de manifestations massives contre les dirigeants politiques et religieux. Un mouvement durement réprimé, avec des centaines de morts et des milliers d'arrestations.
Le précédent scrutin de 2020 avait été marqué par la disqualification massive de candidats réformateurs et modérés, réduisant quasiment l'élection à une compétition entre conservateurs et ultraconservateurs.
- Sénégal: élection sous tension ? -
Alors qu'une dizaine de présidentielles sont prévues en 2024 en Afrique, théâtre de huit coups d'Etat en trois ans, l'élection au Sénégal, prévue le 25 février, pourrait être marquée par des tensions.
Le président Macky Sall, au pouvoir depuis 2012, a désigné en septembre son Premier ministre Amadou Ba comme candidat de son camp, un choix contesté en interne.
Côté opposition, la candidature d'Ousmane Sonko, troisième de la présidentielle de 2019, reste en suspens. La Cour suprême a cassé le 17 novembre un jugement qui remettait l'opposant emprisonné dans la course. L'affaire doit être rejugée.
M. Sonko a été condamné début juin et placé en détention fin juillet sous divers chefs d'inculpation, provoquant protestations et violences. L'opposant dénonce un "complot" pour torpiller sa candidature, ce que nie le pouvoir.
- Venezuela: l'opposition pourra-t-elle défier le régime chaviste ? -
Au Venezuela, empêtré dans une grave crise politique et économique qui a poussé à l'exil plus de sept millions de personnes, le socialiste Nicolas Maduro, successeur d'Hugo Chavez (1999-2013), vise un troisième mandat au second semestre 2024.
Sa réélection en 2018, largement considérée comme frauduleuse, n'a pas été reconnue par de nombreux pays dont les Etats-Unis.
Une grande partie de l'opposition, longtemps divisée, s'est unie derrière la libérale Maria Corina Machado malgré son inéligibilité.
Les Etats-Unis, qui ont allégé en octobre pour six mois un embargo pétrolier sur le Venezuela, détenteur des premières réserves d'or noir mondiales, réclament la levée de l'inéligibilité d'opposants, dont celle de Maria Corina Machado.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.