Mardi 26 février 2013 à 19h14
PARIS, 26 fév 2013 (AFP) — La Turquie est responsable de l'escalade de violences en Syrie, où elle instrumentalise des groupes de combattants jihadistes, a accusé mardi à Paris le chef de l'Union démocratique kurde (PYD), le principal parti kurde syrien.
"La Turquie a fait dévier la révolution de son cours, a participé à sa militarisation. Elle a soutenu des groupes jihadistes", a accusé Saleh Muslim, du PYD, branche syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, rebelles kurdes en Turquie), lors d'une conférence de presse à Paris.
"L'Etat turc s'ingère dans les affaires syriennes. Il essaie d'influencer la situation dans le sens de ses intérêts. Il a négocié son soutien à l'opposition syrienne à la condition que les Kurdes soient écartés du mouvement", a accusé Saleh Muslim.
"Parmi les groupes de jihadistes, il y en a, comme le front al-Nosra, qui disposent de bases d'entraînement en Turquie", a affirmé M. Muslim.
Le leader du PYD estime également que "l'opposition de l'extérieur", réunie notamment au sein de la Coalition nationale syrienne, a des "relations étroites avec le régime turc et ne veut pas traiter avec le conseil suprême kurde", embryon de l'administration dans les zones kurdes contrôlées par le PYD.
Les régions kurdes de Syrie, que le PYD appelle "l'ouest du Kurdistan", bénéficient d'une relative autonomie depuis le début de la contestation en mars 2011 qui a tourné à la guerre civile.
Depuis l'été 2012, des combattants organisées par comités de protection du peuple kurde (YPG), bras armé du PYD, assurent la sécurité des zones kurdes.
Saleh Muslim assure toutefois que le PYD va coordonner ses actions avec l'armée syrienne libre (ASL), le principal groupe de l'opposition armée en Syrie, pour faire chuter le régime de Bachar al-Assad.
Il entretient toutefois le flou sur ces actions en se disant "contre la militarisation du conflit". "Ce que nous faisons est différent, il s'agit d'autodéfense", assure-t-il.
Le nord et le nord-est de la Syrie abritent la plupart des deux millions de Kurdes du pays, dont les milices sont indépendantes et parfois hostiles à l'ASL.
A côté de l'ASL, différents groupes de combattants, salafistes ou jihadistes, majoritairement sunnites, combattent l'armée syrienne de Bachar al-Assad.
Dans une interview au quotidien français Le Monde, le chef de l'ASL, le général Salim Idriss, déplore que les pays occidentaux "semblent attendre que notre pays soit intégralement détruit pour venir à notre secours".
Le général Idriss dément recevoir des armes du Qatar et d'Arabie saoudite et affirme que la rébellion achète des armes "à des marchands spécialisés et qui rentrent en Syrie par l'Irak".
"Tout le reste de notre arsenal provient de l'armée syrienne", ajoute-t-il en référence à des armes "récupérées sur des sites" dont les rebelles ont pris le contrôle ou "achetées" à des officiers de l'armée syrienne loyaliste.
Citant des responsables occidentaux, le New York Times rapportait mardi que l'Arabie Saoudite a acheté en Croatie des armes pour équiper les rebelles syriens.
Les armes appartenant à "un stock secret" datant des conflits dans les Balkans dans les années 90 ont été fournies aux rebelles syriens via la Jordanie en décembre, selon le journal.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.