Page Précédente

Le président iranien promet d'empêcher la police des moeurs de "déranger" les femmes


Lundi 16 septembre 2024 à 18h59

Téhéran, 16 sept 2024 (AFP) — Le président iranien Massoud Pezeshkian a promis lundi d'oeuvrer afin que la police des moeurs ne "dérange" pas les femmes ne portant pas le voile obligatoire en public, dans des déclarations à l'occasion du deuxième anniversaire de la mort en détention de Mahsa Amini.

"La police des moeurs n'est pas censée affronter (les femmes), je veillerai à ce qu'elle ne (les) dérange pas", a déclaré à Téhéran le président réformiste lors de sa première conférence de presse depuis son élection en juillet.

M. Pezeshkian a tenu ces propos deux ans après le décès, le 16 septembre 2022, de Mahsa Amini, une jeune Kurde iranienne de 22 ans arrêtée par la police des moeurs pour non-respect du code vestimentaire strict imposé aux femmes en Iran.

"Même le Procureur général avait déclaré qu'ils n'avaient pas le droit d'affronter" les femmes, a ajouté le président.

Lors de sa campagne électorale, M. Pezeshkian avait promis de retirer des rues la police des moeurs, une unité chargée de surveiller le port du voile obligatoire pour les femmes.

La mort de Mahsa Amini a déclenché un vaste mouvement de contestation en Iran qui a fait plusieurs centaines de morts et provoqué l'arrestation de milliers de personnes. Les autorités ont décrit les manifestations comme des "émeutes" orchestrées par les pays occidentaux.

M. Pezeshkian, alors député au Parlement iranien, avait vivement critiqué en septembre 2022 la police pour le décès en détention de Mahsa Amini.

Lundi, le président iranien a également déclaré que son gouvernement s'efforçait d'alléger les restrictions draconiennes imposées sur internet, notamment sur les réseaux sociaux.

Depuis les manifestations de 2022, l'Iran a bloqué Instagram et WhatsApp, les applications les plus utilisées depuis le blocage des plateformes YouTube, Facebook, Telegram, Twitter et TikTok ces dernières années.

- Relations avec l'Occident -

Lors de sa conférence, M. Pezeshkian a discuté des relations avec les Etats-Unis mais aussi de la coopération militaire de la République islamique avec son allié la Russie.

"Nous ne nous battons pas avec l'Amérique si elle respecte nos droits, nous ne nous battons avec personne; nous voulons progresser en toute sécurité", a déclaré le président iranien.

"Nous ne recherchons pas d'armes nucléaires, nous avons respecté le cadre de l'accord" conclu en 2015 entre l'Iran et les puissances mondiales pour encadrer le programme nucléaire du pays, a-t-il ajouté.

"Nous cherchons toujours à maintenir ce cadre", a assuré M. Pezeshkian, précisant que les Américains avaient rompu l'accord, les "forçant" ainsi à prendre de mesures en représailles.

Depuis le départ fracassant des Américains de cet accord, décidé par l'ancien président républicain Donald Trump en 2018, la République islamique s'est affranchie progressivement de ses engagements.

Le président a également critiqué les Occidentaux pour avoir annoncé récemment de nouvelles sanctions contre l'Iran, accusant Téhéran d'avoir livré des missiles balistiques à la Russie pour frapper l'Ukraine.

"Il est possible que l'Iran et la Russie aient coopéré militairement dans le passé car il n'y avait pas d'interdiction à l'époque", a-t-il défendu, disant trouver injuste le "boycott" occidental.

L'Iran avait rejeté les accusations et menacé de prendre des "mesures" en réponse aux sanctions. Les représentants diplomatiques britannique, néerlandais, français et allemand avaient d'ailleurs été convoqués.

M. Pezeshkian a aussi insisté sur le droit du pays à maintenir son programme de missiles pour dissuader Israël, son ennemi juré engagé dans une guerre dans la bande de Gaza contre le mouvement islamiste palestinien Hamas, que Téhéran soutient.

"Ils (les Occidentaux) veulent que nous n'ayons pas de missiles, c'est bien, mais il faut d'abord désarmer Israël", a-t-il dit. Sinon, "ils (les Israéliens) peuvent larguer des bombes sur nous quand ils le veulent, comme à Gaza".

ap/anr

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.