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Les mères de 4 jihadistes français "disparus" en Syrie saisissent le comité de l'ONU contre la torture


Jeudi 17 octobre 2024 à 15h57

Genève, 17 oct 2024 (AFP) — Les mères de quatre jihadistes français "disparus" en Syrie depuis plusieurs années ont saisi jeudi le Comité de l'ONU contre la torture pour qu'il ordonne à la France d'organiser au plus vite le rapatriement de ces hommes.

"Depuis 5 ans, nous accompagnons ces familles qui sont confrontées à l'oubli et au silence de la part des autorités", a déclaré l'avocat des familles, Guillaume Martine, à l'AFP.

"Si le Comité devait condamner la France, ce serait une première s'agissant de la situation des hommes, sur laquelle, pour l'instant, aucune instance internationale n'a encore statué", a-t-il ajouté.

La requête concerne Sofiane Derrou, Mohamadi Reda, Haroune Belfilali et un quatrième homme.

"Entre 2014 et 2016, ces hommes se sont rendus en Syrie, et plus particulièrement en territoire contrôlé par l'organisation État islamique. De gré ou de force, chacun de ces hommes est resté dans les zones occupées par cette organisation, jusqu'à la chute de Baghouz en janvier 2019", explique la requête.

Le document rappelle qu'"à partir de cette date, des milliers de personnes - hommes, femmes, enfants - ont été faites prisonniers, retenus dans divers camps situés notamment à Al-Hol, Roj ou à la prison de Hassaké en Syrie".

D'après les dernières informations reçues par les familles et celles diffusées par la presse, les quatre hommes se trouvent détenus en Syrie ou en Irak.

Selon la requête, ils sont "détenus" sans accès aux soins, ils manquent de vivres et "subissent des violences au quotidien".

L'organisation État islamique (EI) a pris le contrôle de pans entiers de Syrie en 2014, imposant un règne de terreur avant d'être défait en 2019 par une coalition internationale dirigée par les États-Unis et aidée des forces kurdes syriennes.

Depuis, l'administration autonome détient environ 56.000 personnes incluant 30.000 enfants dans 24 centres de détention et deux camps, Al-Hol et Roj, dans le nord-est de la Syrie. Parmi elles figurent des combattants de l'EI et leurs familles, ainsi que des déplacés ayant fui les combats.

Les familles des quatre ressortissants français demandent au comité de l'ONU d'ordonner aux autorités françaises "d'organiser au plus vite les rapatriements".

"Avec le dépôt de cette requête, nous souhaitons mettre l'État français devant ses responsabilités s'agissant du sort de ses propres ressortissants qu'il abandonne à une détention illégale, exposés à des conditions indignes, voire la torture", a relevé Me Martine.

En 2022 et 2023, le comité contre la torture avait appelé la France à rapatrier des femmes et enfants détenus dans les camps du nord-est syrien. Il avait également demandé à la France en 2020 d'empêcher l'exécution de jihadistes français condamnés en Irak.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.