Mardi 20 février 2024 à 13h34
Budapest, 20 fév 2024 (AFP) — La Hongrie, dernier pays à ne pas avoir ratifié l'adhésion de la Suède à l'Otan, va recevoir vendredi le Premier ministre suédois Ulf Kristersson, trois jours avant le vote du Parlement à Budapest.
Après une interminable saga, le pays nordique, candidat depuis le printemps 2022, voit ainsi le dernier obstacle se lever sur sa route.
Il lui aura fallu pour cela faire un geste et répondre à l'invitation lancée en janvier par le dirigeant hongrois Viktor Orban, afin de restaurer la "confiance".
"La défense et la coopération en matière de sécurité" seront au menu de l'entretien des deux hommes, selon un communiqué du gouvernement suédois publié mardi. En revanche, pas de "négociations" et "d'exigences" sur le dossier de l'Otan, a bien précisé Stockholm auparavant.
M. Orban a confirmé le programme dans un message diffusé sur X (ex-Twitter). "Ce sera un plaisir de recevoir le Premier ministre suédois", a-t-il ajouté.
Ce déplacement intervient alors que le parlement hongrois doit ratifier lundi l'entrée du pays nordique dans l'Alliance atlantique, comme l'a indiqué le parti au pouvoir à Budapest.
"Je demande au président du parlement d'inscrire à l'agenda de la session du 26 février le vote final (...), que nous comptons soutenir", a déclaré sur Facebook le responsable du groupe ultra-majoritaire du Fidesz, Mate Kocsis.
Viktor Orban avait déjà donné un signal favorable ce week-end, à l'occasion de son discours sur l'état de la Nation.
"Nous sommes en bonne voie de ratifier l'accession de la Suède à l'Otan au début de la session de printemps", avait-il souligné, évoquant des "pas importants accomplis" pour renouer les liens.
- Sous pression -
Fragilisé par un scandale politique interne, le Premier ministre nationaliste est en outre sous pression de ses alliés.
Une délégation bipartisane de sénateurs américains se trouvait à Budapest dimanche et a appelé la Hongrie à remplir ses engagements. Le gouvernement avait refusé de les rencontrer.
M. Orban, qui se démarque dans l'UE en maintenant des liens étroits avec le Kremlin, a donné de longue date son soutien de principe à la candidature suédoise mais traînait jusqu'ici des pieds.
Il a dénoncé à plusieurs reprises l'attitude de "dénigrement" de Stockholm à l'égard du gouvernement hongrois, accusé de dérive autoritaire. De telles inquiétudes sur l'Etat de droit et la corruption ont d'ailleurs poussé Bruxelles à geler des milliards d'euros de fonds.
La Hongrie avait promis de ne pas être le dernier pays à donner son feu vert mais finalement, elle s'est fait devancer par le Parlement turc qui a approuvé en janvier l'adhésion après 20 mois de tractations.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a mené un bras de fer exigeant d'abord de la Suède une série de réformes et posant ensuite comme condition la vente simultanée d'avions de chasse F-16 américains.
Pour satisfaire les exigences d'Ankara, la Suède a réformé sa Constitution et adopté une nouvelle loi antiterroriste, la Turquie accusant la Suède de mansuétude envers des militants kurdes réfugiés sur son sol, considérés pour certains comme terroristes par Ankara.
Stockholm avait annoncé sa candidature à l'Otan en mai 2022, dans la foulée de l'invasion russe de l'Ukraine, en même temps que la Finlande, devenue en avril 2023 le 31e membre de l'organisation.
Les deux pays voisins ont ainsi rompu avec des décennies de neutralité post-Seconde Guerre mondiale, puis de non-alignement militaire depuis la fin de la Guerre froide.
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Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.