Lundi 27 février 2012 à 13h32
DAMAS, 27 fév 2012 (AFP) — La Chine et la Russie, alliées de Damas, sont montées au créneau lundi contre les critiques occidentales face à la répression de la contestation en Syrie, où les violences ont encore fait plus de 150 morts ce week-end.
A Homs (centre), la Croix-Rouge et les diplomates espéraient pouvoir évacuer lundi des blessés, dont deux journalistes étrangers, après plusieurs jours de négociations.
La reprise des bombardements dans cette ville a tué quatre civils lundi matin, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui a également fait état de la mort de deux civils quand un obus est tombé sur leur voiture dans la province d'Idleb (nord-ouest).
De plus, des dizaines de personnes ont été blessées après un déploiement militaire près d'al-Qaryateine et une forte explosion à l'entrée de Rastane, deux localités de la province de Homs, selon la même source.
A Alep (nord), des dizaines de miliciens pro-régime sont entrés dans la faculté dentaire pour disperser un sit-in de centaines d'étudiants, et dans un quartier de l'ouest de Damas, les forces de sécurité ont tiré des grenades lacrymogènes pour disperser les "milliers" de participants aux funérailles de trois manifestants tués dimanche, a ajouté l'OSDH.
Face à la poursuite de la répression, l'Union européenne a officiellement adopté un 12e train de sanctions contre la Syrie, visant essentiellement sa Banque centrale dans l'espoir de restreindre les voies de financement du régime.
La Chine a qualifié lundi d'"inacceptables" les propos de la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, qui a appelé à pousser Pékin et Moscou à "changer de position" sur la Syrie, après les veto empêchant le Conseil de sécurité de l'ONU de condamner la répression.
"Le monde extérieur ne devrait pas imposer son supposé plan de solution de la crise au peuple syrien", a déclaré le ministère chinois des Affaires étrangères.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a fustigé le "caractère unilatéral" de la conférence des "Amis de la Syrie" vendredi à Tunis, boycottée par Moscou et Pékin.
Et dans un article publié lundi à Moscou, le Premier ministre russe Vladimir Poutine a dénoncé l'attitude "cynique" de l'Occident.
Les Occidentaux "manquent de patience pour élaborer une approche équilibrée" à l'égard de la Syrie, a insisté M. Poutine, expliquant qu'il aurait suffi de "demander que l'opposition armée fasse la même chose que les forces gouvernementales", c'est-à-dire de cesser le combat et se retirer des villes.
Au cours du week-end, Mme Clinton s'est pourtant montrée très réticente à un engagement plus direct en Syrie, assurant qu'une intervention militaire risquait de précipiter le pays dans la guerre civile et que livrer des armes à l'opposition pourrait revenir à aider Al-Qaïda et le Hamas, qui ont apporté leur soutien à la lutte contre le président Bachar al-Assad.
Pour la première fois, les autorités du Kurdistan irakien ont annoncé lundi avoir accueilli ces deux derniers jours 30 soldats syriens kurdes ayant déserté, qui ont reçu le statut de réfugiés.
Dans le même temps, le dépouillement se poursuivait après le référendum dimanche sur une nouvelle Constitution instaurant le pluralisme politique après 50 ans d'hégémonie du Baas, un scrutin raillé par l'opposition et par l'Occident en raison des violences qui n'ont pas faibli dans le pays.
Au cours des deux derniers jours, plus de 150 personnes ont été tuées à travers le pays, plus d'une centaine de civils dans des opérations de sécurité et 46 membres des forces de l'ordre dans des combats contre des déserteurs, selon l'OSDH.
A Homs, Abou Bakr, un militant joint par l'AFP, a assuré que M. Assad cherchait à répéter le massacre commis en 1982 par les forces de son père à Hama (à 50 km au nord de Homs), qui avait fait entre 10.000 et 40.000 morts selon les estimations.
"Ils pensent que s'ils tuent tout le monde, ils tueront également la révolution", a-t-il déclaré, évoquant à nouveau les conditions humanitaires désastreuses des habitants et affirmant ne plus avoir pour sa part que de l'ail et des oignons à manger.
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) est entré à Hama et a distribué de l'aide à 12.000 personnes, a déclaré lundi à l'AFP un porte-parole de l'organisation humanitaire, ajoutant que le CICR n'avait plus eu accès depuis le 17 janvier à cette ville elle aussi touchée par les violences.
Parallèlement, le CICR et des diplomates français, britanniques et polonais (qui représentent les intérêts des Etats-Unis depuis la fermeture de l'ambassade américaine à Damas) tentaient toujours d'évacuer des blessés de Homs, dont la journaliste française Edith Bouvier et le photographe Britannique Paul Conroy, ainsi que les dépouilles de leurs deux collègues tués mercredi.
Le président français Nicolas Sarkozy a affirmé lundi que "l'amorce d'une solution" était en train de s'esquisser pour ces évacuations, tout en précisant que la situation à Homs était "extrêmement complexe" et "tendue".
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.