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Syrie: quatre morts dans des manifestations anti-turques


Lundi 1 juillet 2024 à 21h23

Beyrouth, 1 juil 2024 (AFP) — Quatre personnes ont été tuées lundi dans le nord-ouest de la Syrie, sous contrôle turc, lors de heurts entre des hommes armés qui protestaient contre des attaques visant des Syriens en Turquie et les forces d'Ankara, a annoncé une ONG.

Des centaines de personnes ont manifesté dans plusieurs villes des zones contrôlées par la Turquie, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, au lendemain de l'attaque par une foule de commerces syriens à Kayseri, dans le centre de la Turquie.

Selon cette ONG basée au Royaume-Unis mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie, "quatre personnes ont été tuées lors d'échanges de tirs entre des manifestants et des gardes postés devant des positions turques".

Trois d'entre deux ont été tués dans la ville d'Afrine et un autre à Jarablos, selon la même source qui a fait état de 20 blessés.

Un correspondant de l'AFP dans la ville d'Azaz a vu une manifestation rassemblant des dizaines de personnes, certaines brandissant le drapeau du soulèvement syrien contre le régime de Bachar al-Assad.

L'un des manifestants, Adel al-Faraj, a déclaré à l'AFP protester en solidarité "avec nos frères syriens en Turquie", qui "ont fui Bachar al-Assad pour être réprimés en Turquie".

Des manifestations se sont déroulées dans d'autres villes où des protestataires ont arraché le drapeau turc qui flottait sur des bâtiments, d'après l'OSDH et le correspondant de l'AFP.

Les garde-frontières turcs ont en outre ouvert le feu sur des manifestants qui tentaient de prendre d'assaut le poste-frontière de Jarablos avec la Turquie, selon l'OSDH.

Des hommes armés ont en outre ouvert le feu sur des camions turcs dans la ville d'Al-Bab, selon le correspondant de l'AFP.

La Syrie a été morcelée par la guerre qui a éclaté en 2011 après la répression de manifestations prodémocratie, et l'armée turque y contrôle avec des groupes affiliés deux vastes zones frontalières après avoir mené des opérations d'envergure contre les groupes kurdes.

- 67 personnes arrêtées -

La Turquie a annoncé lundi avoir placé en détention 67 personnes, au lendemain de l'attaque de commerces syriens à Kayseri, après l'arrestation d'un Syrien soupçonné de harcèlement sur une enfant de son entourage.

Le président Recep Tayyip Erdogan a condamné cette vague de violence à l'encontre de l'importante communauté de réfugiés syriens en Turquie.

"Peu importe qui ils sont, il est inacceptable de mettre le feu aux rues et aux maisons des gens", a-t-il déclaré.

Le ministre de l'Intérieur, Ali Yerlikaya, a indiqué que le ressortissant syrien avait été arrêté par des citoyens et livré à la police.

M. Yerlikaya a ajouté sur X que les Turcs qui s'étaient rassemblés dans le secteur avaient agi "de manière illégale", après avoir endommagé des maisons, des magasins et des voitures appartenant à des Syriens.

Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, on entend un Turc crier : "Nous ne voulons plus de Syriens! Nous ne voulons plus d'étrangers".

La Turquie, qui accueille quelque 3,2 millions de réfugiés syriens sur une population de 85 millions d'habitants, a été secouée à plusieurs reprises par des accès de xénophobie ces dernières années, souvent déclenchés par des rumeurs se propageant sur les réseaux sociaux.

En août 2021, des groupes d'hommes avaient visé des commerces et des logements occupés par des Syriens à Ankara, après une rixe qui avait coûté la vie à un jeune Turc.

Le sort des réfugiés syriens revient régulièrement dans le débat politique turc, des opposants au président Erdogan promettant de les renvoyer en Syrie.

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Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.