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Trois migrants meurent dans une traversée clandestine de la Manche


Mercredi 23 octobre 2024 à 18h47

Calais, 23 oct 2024 (AFP) — Trois migrants sont décédés dans une tentative de traversée clandestine de la Manche mercredi matin, alourdissant encore le bilan d'une année déjà record, avec 55 morts depuis janvier dans ce type de traversées vers la Grande-Bretagne.

Deux personnes décédées ont été récupérées par le navire Minck affrété par l'Etat, et une troisième victime inconsciente a été "repérée et récupérée" par un ferry et transportée par hélicoptère vers l'hôpital, selon la préfecture maritime.

L'homme a été déclaré décédé à son tour, portant le bilan à au moins trois morts et un blessé, précise la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord (prémar) dans un communiqué.

Les victimes sont "une femme et deux hommes" dont un est "susceptible d'être Egyptien", a indiqué le procureur de Boulogne-sur-Mer, Guirec Le Bras.

Selon une source policière, le canot en déroute transportait majoritairement des Erythréens. Si 99% des migrants érythréens obtiennent l'asile une fois arrivés au Royaume-Uni selon les autorités britanniques, nombre d'entre eux passent par la Manche clandestinement pour y parvenir.

Le canot a fait naufrage peu après 08h00 à 2 kilomètres au large de la plage de Blériot près de Calais, a indiqué la prémar à l'AFP.

Une forte brume rendait la visibilité très faible sur le littoral au lever du soleil mercredi matin, mais l'absence de vent et la mer calme ouvraient une fenêtre favorable aux départs, a constaté un journaliste sur place.

Les secours ont été alertés par un "usager de la mer" qui a repéré un gilet de sauvetage, précise la prémar.

Le Minck qui se trouvait à proximité a "constaté le naufrage et débuté la récupération des personnes à la mer", détaille la préfecture maritime, ajoutant qu'environ 45 autres candidats à l'exil ont été secourus.

Un "certain nombre" de naufragés ont été tirés de l'eau par un bateau d'Irish Ferries transportant des passagers entre Calais et Douvres, puis "confiés aux autorités françaises" selon la compagnie.

Le trafic des ferries au port de Calais a été interrompu de 7h30 à 10h30 environ, indique la capitainerie du port.

Des recherches se sont poursuivies une bonne partie de la journée afin de localiser d'éventuels disparus, mais elles ont été levées en fin d'après-midi, selon la prémar.

Les embarcations qui tentent la traversée transportent 56 passagers en moyenne chacune, selon la préfecture maritime.

Mercredi après-midi, les falaises blanches des côtes anglaises se découpaient nettement à l'horizon depuis le littoral français, et on pouvait voir un bateau clandestin se diriger vers l'Angleterre, signe que les traversées se poursuivent.

Le parquet de Boulogne-sur-Mer a ouvert une enquête pour "aide à l'entrée et au séjour irrégulier" et "mise en danger de mort ou d'infirmité".

Le ministre délégué à la Mer Fabrice Loher a dit sur X sa "compassion pour les victimes" et a remercié les agents ayant participé aux opérations de secours.

La maire de Calais Natacha Bouchart (DVD) s'est insurgée contre le silence du gouvernement, qu'un collectif transpartisan de maires du littoral avait interpellé il y a quelques semaines, disant leur "sentiment d'abandon".

"Ici, il y a des morts, une organisation mafieuse et plus de 2.000 personnes qui vivent dans des conditions inacceptables", a-t-elle déploré à l'AFP, ajoutant "humainement, c'est compliqué".

"Ce qu'on veut, c'est qu'ils viennent sur place ou qu'ils nous reçoivent", explique Mme Bouchart, qui veut rétablir "le délit de séjour irrégulier sur le littoral" mais dénonce aussi l'absence de "centre de réfugiés pour permettre à ces personnes d'être encadrées par des professionnels".

Ce naufrage, le troisième en octobre, intervient quelques jours après le décès d'un nourrisson kurde irakien, retrouvé mort après que le canot à bord duquel il se trouvait avec ses parents et sa fratrie s'est déchiré pendant la traversée.

- L'année la plus meurtrière -

Noyades et bousculades mortelles, sur des canots surchargés à bord desquels peu de passagers disposent de gilets de sauvetage, ont fait de 2024 l'année la plus meurtrière depuis le début en 2018 du phénomène des small boats, ces embarcations de fortune utilisées pour tenter de rejoindre l'Angleterre.

Au moins 55 personnes sont décédées depuis le 1er janvier, selon un décompte effectué par l'AFP sur la base de chiffres officiels.

Les canots empruntent l'une des voies maritimes les plus fréquentées au monde.

Plus de 28.000 migrants sont arrivés en Angleterre après avoir traversé la Manche depuis le début de l'année, selon les chiffres officiels des autorités britanniques.

Élu en juillet, le gouvernement britannique du travailliste Keir Starmer a promis de s'attaquer à l'immigration illégale en augmentant le nombre d'expulsions de migrants et en luttant contre les passeurs.

cor-kau-jz-cnp/vk

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.