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Turquie: au moins deux députés blessés dans une violente bagarre au parlement


Vendredi 16 août 2024 à 17h13

Ankara, 16 août 2024 (AFP) — Au moins deux députés ont été blessés dans une violente bagarre qui a éclaté vendredi au parlement turc lors d'une session consacrée à un député de l'opposition en prison, a constaté un journaliste de l'AFP sur place.

La bagarre a éclaté lorsqu'un député AKP (Parti de la justice et du développement, islamo-conservateur, au pouvoir), Alpay Ozalan, a donné un coup de poing au député d'opposition Ahmet Sik, alors que ce dernier critiquait le gouvernement à propos du député détenu, Can Atalay.

D'autres députés sont alors intervenus, provoquant une violente bagarre entre dizaines de membres du parlement pendant presque une demi-heure.

Au moins deux députés de l'opposition, un élu du CHP (social démocrate) et une élue du DEM (pro-kurde), ont été légèrement blessés ayant reçu des coups au niveau des yeux.

D'autres députés de l'AKP ont donné des coups au député d'opposition Ahmet Sik alors qu'il était tombé au sol, a vu un journaliste de l'AFP sur place.

Des gouttes de sang ont éclaboussé le sol, a constaté l'AFP.

"J'ai honte d'avoir été témoin de cette situation. J'invite le président du parlement à convoquer immédiatement les chefs de groupe de tous les partis politiques à une réunion", a réagi le leader du CHP, principal parti de l'opposition, Ozgur Ozel.

"Les députés de l'AKP, qui ne reconnaissent pas la loi et n'appliquent pas les décisions de la Cour constitutionnelle, transforment le Parlement en une arène de violence, ne connaissant là encore aucune limite dans leur vandalisme. Nous condamnons fermement cette agression", a réagi de son côté le parti pro-kurde DEM.

-Session suspendue-

La session parlementaire, durant laquelle la décision de la Cour constitutionnelle sur la restitution du mandat de Can Atalay devait être examinée, a été suspendue.

Elu en mai 2023 depuis sa cellule de prison, M. Atalay avait été déchu en janvier de son mandat parlementaire.

L'avocat, élu sous la bannière du Parti des travailleurs de Turquie (TIP, gauche), avait été condamné en avril 2022 à 18 ans de prison, accusé d'avoir cherché, avec le philanthrope Osman Kavala - condamné à la prison à vie - à renverser le gouvernement en 2013 à travers une vague de manifestations sans précédent.

Le député de la province d'Hatay (sud), qui rejette ces accusations, est depuis plusieurs mois au coeur d'une bataille judiciaire opposant deux des plus hautes juridictions de Turquie.

La Cour constitutionnelle a ordonné par deux fois la remise en liberté de l'élu, âgé de 47 ans, arguant que son droit à la "liberté" et à la "sécurité individuelle", ainsi que celui d'être "élu et de mener des activités politiques", avaient été "violés".

Les avis de la Cour constitutionnelle, rendu en octobre dernier, ont été contestés par la Cour de cassation.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait alors pris le parti de cette dernière en accusant la Cour constitutionnelle "d'accumuler les erreurs".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.