Vendredi 22 novembre 2024 à 20h28
Istanbul, 22 nov 2024 (AFP) — Deux maires d'opposition de l'Est de la Turquie ont été démis de leurs fonctions après avoir été condamnés pour "terrorisme", ont annoncé vendredi les autorités, quelques semaines après les destitutions similaires de quatre autres élus.
Les maires de Tunceli et d'Ovacik, condamnés chacun à six ans et trois mois de prison cette semaine pour appartenance au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), ont été remplacés par des administrateurs nommés par l'Etat, a précisé le ministère turc de l'Intérieur dans un communiqué.
Le maire déchu de Tunceli, Cevdet Konak, est membre du Parti de l'égalité des peuples et de la démocratie (DEM, ex-HDP), principal parti prokurde de Turquie.
Le DEM, troisième force au parlement turc, est régulièrement visé par les autorités, qui l'accusent de liens avec le PKK, groupe armé classé terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux, qui mène une guérilla contre l'Etat turc depuis 1984.
Le maire déchu d'Ovacik, Mustafa Sarigül, est lui affilié au Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), principale formation de l'opposition turque, sortie largement vainqueur des élections locales organisées fin mars.
MM. Konak et Sarigül avaient affirmé jeudi à la presse que leurs condamnations étaient infondées et préparaient le terrain à leur destitution.
Selon des images diffusées par plusieurs médias locaux, des manifestants en colère ont convergé vendredi soir devant le siège de la municipalité de Tunceli, où certains ont tenté de forcer un cordon policier.
Le maire CHP de l'arrondissement le plus peuplé d'Istanbul et trois maires prokurdes de villes du sud-est à majorité kurde du pays avaient eux aussi été destitués fin octobre et début novembre, accusés également de "terrorisme".
Leurs remplacements avaient provoqué des manifestations et suscité des condamnations du Conseil de l'Europe et d'organisations de défense des droits humains.
Le DEM a condamné vendredi soir les destitutions des maires de Tunceli et Ovacik, estimant que "le gouvernement détruit peu à peu la volonté du peuple". Le leader du CHP, Özgür Özel, a lui dénoncé un "vol de la volonté de la nation".
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.