Mercredi 30 octobre 2024 à 16h59
Ankara, 30 oct 2024 (AFP) — Le président turc Recep Tayyip Erdogan a confirmé mercredi la main tendue par son allié MHP (nationaliste) aux "frères" kurdes, malgré le récent attentat revendiqué par le PKK à Ankara.
S'exprimant devant le groupe parlementaire de son parti, l'AKP (islamo-conservateur), le chef de l'État a évoqué une "fenêtre d'opportunité historique qui s'est ouverte devant nous".
La semaine dernière, Devlet Bahçeli, président du parti nationaliste MHP et principal allié de M. Erdogan, avait invité le chef historique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) Abdullah Öcalan à s'exprimer devant le Parlement pour annoncer la dissolution du PKK et "qu'il met fin au terrorisme".
Fondateur et chef historique du PKK, Abdullah Öcalan a été condamné à vie et est détenu sur une île au large d'Istanbul depuis 1999.
Le PKK mène une insurrection contre la Turquie depuis des décennies et est considéré comme une organisation terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux.
M. Bahçeli a également déclaré que le leader du PKK devrait avoir le "droit d'espérer".
Ses propos ont été interprétés par de nombreux observateurs comme ouvrant la voie à une éventuelle libération anticipée.
Le lendemain de cette déclaration, le PKK a revendiqué l'attentat du 23 octobre contre le siège des industries de défense à Ankara qui a fait cinq morts et 22 blessés.
"Chers frères kurdes, nous attendons que vous saisissiez sincèrement cette main tendue" par M. Bahçeli, a insisté M. Erdogan mercredi, apportant ainsi pour la première fois publiquement un soutien appuyé à l'initiative de son allié.
"Mais nous faisons clairement la différence avec les groupes terroristes (qui opèrent depuis) l'Irak et la Syrie", a prévenu M. Erdogan : "Cet appel ne concerne pas et ne peut concerner les barons de la terreur qui versent le sang depuis l'Irak et la Syrie", a-t-il insisté.
- "Construire la paix" -
Mardi, le président avait annoncé la poursuite des opérations militaires turques dans le nord de l'Irak et de la Syrie contre les positions du PKK, afin "d'éliminer la menace terroriste".
"Avec la permission de Dieu, s'il nous en donne le temps et l'occasion, nous espérons célébrer le quarantième anniversaire de ma carrière en politique en refermant le chapitre du terrorisme dans notre pays", a-t-il conclu.
"Mes chers frères kurdes, venez et construisons ensemble le siècle de la Turquie", a-t-il ajouté en référence aux 101 ans de la République turque.
Dans sa revendication vendredi, le PKK a pris soin de préciser que l'attentat avait été décidé "avant" l'appel du président du MHP.
Au lendemain de la main tendue de M. Bahçeli, Abdullah Öcalan a été autorisé à rendre visite à sa famille pour la première fois depuis mars 2020.
Après ces signes d'apaisement, le principal parti prokurde DEM a déclaré mercredi avoir eu des discussions avec le ministère turc de la Justice à propos de l'assouplissement des conditions de détention de M. Öcalan.
"Il y a eu une réunion avec le ministère de la Justice sur la levée de l'isolement", a déclaré le co-président du parti Tuncer Bakirhan aux journalistes à l'issue d'une réunion de groupe au Parlement.
"Lever son isolement nous bénéficierait à tous car les idées qu'il défend (...) nous permettront de construire la paix et la démocratie", a-t-il ajouté.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.