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Turquie : le conflit kurde fait 28 morts, démarches politiques


Mardi 19 juin 2012 à 20h45

ANKARA, 19 juin 2012 (AFP) — D'intenses combats mardi dans l'extrême sud-est de la Turquie ont fait 28 morts -huit soldats et 20 rebelles kurdes-, mettant en péril de timides initiatives en faveur d'une solution à cet interminable conflit.

Huit militaires ont été tués et 19 blessés dans l'attaque qui a visé un poste de l'armée à Yesiltas, dans la province d'Hakkari, selon des sources officielles. Celles-ci ont également fait état de la mort de 20 rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Un groupe de rebelles, probablement infiltré en Turquie à partir de bases installées dans le nord de l'Irak, a attaqué le poste avancé, selon les chaînes de télévision.

Cette région montagneuse de Turquie, à l'intersection des frontières irakienne et iranienne, est le théâtre de fréquents heurts entre l'armée et le PKK, qui multiplie les attaques en territoire turc avec l'arrivée de l'été.

Des ministres et des responsables militaires se sont immédiatement rendus sur les lieux.

"Nous poursuivrons ce combat jusqu'au bout. Tôt ou tard nous réussirons", a déclaré le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, cité par l'agence de presse Anatolie, à Los Cabos (Mexique) où il participe à un sommet du G20.

"Personne ne peut faire du terrorisme un sujet de négociation", a-t-il ajouté, soulignant que la seule solution pour les "terroristes" était de déposer les armes.

Le PKK, qui a déclenché un conflit armé en 1984 pour défendre les droits des Kurdes de Turquie, est considéré comme une organisation terroriste par de nombreux pays. En près de 30 ans, le conflit a fait plus de 45.000 morts.

Après l'échec d'une politique d'ouverture pro-kurde en 2009, le régime islamo-conservateur de M. Erdogan a opté de nouveau pour la fermeté, multipliant les opérations armées contre le PKK et les arrestations.

Le mouvement kurde réprimé

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Des centaines de militants ou sympathisants de la cause kurde ont été incarcérés depuis l'an dernier. La semaine dernière, le maire de Van, une des grandes villes du Sud-Est peuplé majoritairement de Kurdes, Bekir Kaya, et cinq autres maires élus sous l'étiquette du parti kurde BDP (Parti de la paix et de la démocratie), ont été placés en détention préventive et ajoutés à la liste des accusés dans le dossier tentaculaire du KCK, la branche urbaine du PKK.

La justice a également condamné la députée de Van, Aysel Tugluk, à 14 ans de prison pour propagande en faveur du PKK.

Toutefois, des signes d'apaisement sont apparus depuis le début du mois.

La figure de proue du militantisme kurde en Turquie, Leyla Zana, est sortie de sa réserve, affirmant le week-end dernier "mettre tous ses espoirs dans le Premier ministre Erdogan, car il a toutes les capacités de parvenir à un règlement" de la question kurde.

Les déclarations de la députée kurde, emprisonnée pendant dix ans pour des liens avec le PKK, ont été saluées par l'ensemble de la classe politique.

M. Erdogan a même indiqué qu'il serait prêt à la rencontrer.

Dans la foulée, il a annoncé que la langue kurde pourrait bientôt être enseignée, en option, dans les écoles secondaires publiques.

Le Parti gouvernemental de la justice et du développement (AKP) et le principal parti d'opposition CHP (Parti républicain du peuple), se sont d'autre part entendus sur une feuille de route, à l'initiative du CHP, qui prévoit la formation d'une commission de sages chargée de proposer des solutions au conflit.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.