Vendredi 28 juin 2024 à 17h01
Istanbul, 28 juin 2024 (AFP) — Le procès à Istanbul de la sociologue et écrivaine turque réfugiée en France Pinar Selek, poursuivie depuis 26 ans en Turquie pour "terrorisme" malgré quatre acquittements, a été renvoyé au 7 février 2025.
Bahri Bayram Belen, un des avocats de la défense, a affirmé au cours d'une brève audience vendredi que de "faux" documents avaient été ajoutés au dossier, jugeant que "certaines institutions administratives tentent d'influencer le pouvoir judiciaire".
"On ne comprend rien", a réagi Pinar Selek auprès de l'AFP, en évoquant cette nouvelle accusation.
"Cette attaque aujourd'hui prouve qu'ils ne renoncent à aucune manoeuvre pour d'intimider et m'inciter à m'abstenir de faire mon travail", a-t-elle ajouté en marge d'un colloque organisé en son soutien à Lyon.
Agée de 52 ans, Pinar Selek avait été arrêtée en Turquie en 1998 pour ses travaux sur la communauté kurde, avant d'être accusée d'être liée à une explosion qui venait de faire sept morts au bazar aux épices d'Istanbul.
Une expertise a montré que le drame était dû à l'explosion accidentelle d'une bouteille de gaz mais les poursuites n'ont pas cessé, malgré quatre acquittements en 2006, 2008, 2011 et 2014.
La sociologue, qui enseigne désormais à l'université à Nice, dans le sud-est de la France, a suivi son procès à distance, depuis l'hôtel de ville de Lyon, invitée par la municipalité dont elle est citoyenne d'honneur.
Environ 200 personnes sont venues la soutenir au travers de prises de parole et de performances artistiques.
Selon ses défenseurs, la nouvelle pièce ajoutée récemment au dossier "prétend qu'un événement scientifique auquel Pinar a participé en France aurait été organisé par +l'organisation terroriste PKK+".
"C'est non seulement faux, mais diffamatoire envers les institutions d'enseignement supérieur et de recherche françaises", s'insurge la coordination des collectifs de solidarité, en dénonçant une "manipulation aussi grossière que scandaleuse".
Libérée fin 2000, Mme Selek est un temps restée se battre en Turquie, avant que des menaces ayant suivi la publication d'un ouvrage ne la poussent à l'exil.
"C'est un procès kafkaïen. Je suis face à l'irrationalité, et après 26, je refuse de m'y habituer", avait déclaré cette semaine à l'AFP Mme Selek, visée par un mandat d'arrêt international qui limite ses possibilités de déplacements.
Comme lors des deux précédentes audiences l'an dernier, une délégation internationale d'une cinquantaine de personnes, pour la plupart des avocats, a assisté aux brefs débats vendredi.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.