Dimanche 23 août 2015 à 19h35
Istanbul, 23 août 2015 (AFP) — La vidéo d'un lieutenant-colonel de l'armée turque, prostré dimanche sur le cercueil de son frère mort dans des combats, mettant en cause l'offensive meurtrière lancée contre les rebelles kurdes, a été largement diffusée sur les réseaux sociaux du pays.
"Qui est son meurtrier? Quelle est la cause de sa mort? (...) Que s'est-il passé pour que ceux qui nous parlaient encore hier d'une solution" avec les combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) "n'ont plus que le mot guerre à la bouche?", s'est exclamé avec ferveur Mehmet Alkan, vêtu de ses habits militaires, lors des funérailles de son frère dans la région d'Osmaniye (sud du pays).
La victime, Ali Alkan, capitaine dans l'armée turque, a été tué samedi dans la province de Sirnak (sud-est) dans une attaque attribuée au PKK.
Plusieurs milliers de personnes assistaient aux funérailles dimanche du jeune militaire, au cours desquelles des slogans contre le parti de la Justice et de développement (AKP, au pouvoir depuis 2002) ont été scandés.
"Ceux qui disent +je souhaite mourir en martyr+ alors qu'ils se baladent dans les palais avec 30 gardes du corps, n'ont qu'à aller là-bas", sur le front avec l'Irak et la Syrie, a lancé l'homme devant des journalistes, selon une vidéo de l'agence de presse Cihan.
Le ministre de l'Energie Taner Yildiz a déclaré mercredi souhaiter "mourir en martyr, pour la religion, la nation et le pays" avant d'expliquer que le sens de ses propos étaient philosophiques.
"L'enfant du peuple qui est là n'a que 32 ans. Il n'a pas eu le temps de profiter de ceux qui l'aiment, ni de son peuple", a lancé le lieutenant-colonel éploré et révolté.
La région d'Osmaniye, située non loin de la frontière syrienne, est particulièrement endeuillée depuis le début de l'offensive turque lancée il y a un mois contre le PKK et dans une moindre mesure, le groupe de l'Etat islamique (EI). Six militaires originaires de cette région sont morts en vingt jours, ont souligné les médias en Turquie.
Alors que les médias officiels turcs et réputés proches du gouvernement ne se sont pas fait l'écho de ces incidents, comme l'a relevé le journal d'opposition Cumhurriyet, la vidéo a été largement diffusée sur les réseaux sociaux dimanche.
La Turquie a lancé le 24 juillet une offensive militaire à la suite de l'attentat suicide de Suruç (sud), visant essentiellement le PKK, qui en réponse, a rompu un cessez-le-feu en vigueur avec Ankara depuis 2013.
Depuis le début de la "guerre contre le terrorisme" lancée par Ankara, 56 membres des forces de sécurité turque sont morts dans des attaques revendiquées ou attribuées au PKK, dont 812 combattants ont été tués, selon un dernier bilan fourni par l'armée turque. Des chiffres qui restent toutefois difficiles à vérifier.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.