Jeudi 13 juin 2024 à 12h11
Paris, 13 juin 2024 (AFP) — Fatigué, mais souriant. Le Français Louis Arnaud, qui était détenu en Iran depuis septembre 2022, est arrivé jeudi matin à l'aéroport du Bourget, un épilogue heureux pour ce voyageur de 36 ans alors que trois de ses compatriotes sont encore emprisonnés par la République islamique.
Après avoir serré la main du ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné, présent au pied de la passerelle de l'avion qui l'a ramené chez lui, il a longuement serré dans ses bras son père, puis sa mère, venus l'y attendre, selon des images diffusées en direct par la chaîne de télévision LCI.
Bras dessus, bras dessous avec ses parents, il s'est ensuite dirigé vers un salon loin des caméras, tandis que le ministre saluait une "belle victoire diplomatique de la France".
L'Iran détient une dizaine de ressortissants occidentaux et est accusée par leurs soutiens et des ONG de s'en servir comme monnaie d'échange dans des négociations d'Etat à Etat.
Cette libération est d'autant plus inattendue que la France et ses partenaires occidentaux ont récemment durci le ton contre Téhéran, accusé de déstabiliser le Proche-Orient.
"Le lever de soleil ce matin est plus lumineux que jamais", a écrit à des journalistes sa mère, Sylvie Arnaud.
"Voilà presque 21 mois que nous attendions le retour de notre fils. Une attente qui n'aurait jamais dû exister", a-t-elle ajouté, soulignant "un moment merveilleux" et remerciant les autorités françaises et les soutiens qui ont contribué à la libération.
Louis Arnaud, un consultant, avait entamé un tour du monde en juillet 2022 qui l'avait mené jusqu'en Iran. Il avait été arrêté en septembre 2022 avec d'autres Européens accusés d'avoir participé aux manifestations après la mort de Mahsa Amini, une jeune Kurde iranienne décédée après son arrestation par la police des moeurs.
- "Stratégie d'escalade" -
Ses compagnons de voyage avaient été assez vite libérés mais Louis Arnaud était resté en prison avant d'être condamné, en novembre dernier, à cinq ans de prison pour propagande et atteinte à la sécurité de l'Etat iranien.
Sa condamnation avait été jugée "inacceptable" par Paris.
Trois autres Français sont toujours détenus dans les geôles iraniennes: le couple Cécile Kohler et Jacques Paris, arrêtés en mai 2022 et accusés par Téhéran d'être des espions, ainsi qu'un Français prénommé Olivier, dont le nom de famille n'a pas été rendu public.
Sylvie Arnaud a évoqué jeudi l'attente angoissée de leurs familles. "Nos pensées sont auprès d'eux, qui attendent encore le retour de leur proche et nous resterons à leurs côtés jusqu'à ce qu'ils puissent connaître ce même bonheur", a-t-elle écrit.
Son fils a quitté la prison d'Evin mercredi à l'aube et a pris un avion pour le sultanat d'Oman après avoir vu un médecin, a indiqué mercredi soir une source diplomatique à l'AFP.
Sa libération est "le résultat du travail qu'ont mené les autorités françaises depuis plusieurs mois avec les autorités iraniennes, y compris les contacts du ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné avec son homologue avant son décès", a-t-elle ajouté.
Le président iranien Ebrahim Raïssi et son ministre des Affaires étrangères sont morts le 19 mai dernier dans un crash d'hélicoptère.
En mai dernier, Paris avait dénoncé "la pratique odieuse de la République islamique des aveux forcés et publics, ainsi que les conditions de détention inhumaines et indignes infligées à nos compatriotes".
Le Quai d'Orsay, qui qualifie ces prisonniers d'"otages d'Etat", demande leur libération immédiate et sans conditions. Officiellement, ces libérations ne donnent lieu à aucune contrepartie.
Deux autres Français, Benjamin Brière et Bernard Phelan, qui a également la nationalité irlandaise, avaient pour leur part été libérés en mai 2023 pour "raisons humanitaires". Ils étaient alors très affaiblis et diminués par une grève de la faim.
Mais les dossiers des autres étrangers encore détenus dans les prisons iraniennes sont en suspens. Paris et Washington "sont déterminés à exercer les pressions nécessaires" sur l'Iran qui mène "une stratégie d'escalade tous azimuts", a déclaré samedi le président français Emmanuel Macron aux côtés de son homologue américain Joe Biden.
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Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.