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Blinken en Turquie pour évoquer Gaza et l'entrée de la Suède dans l'Otan


Samedi 6 janvier 2024 à 03h50

Istanbul, 6 jan 2024 (AFP) — Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, en route pour le Moyen-Orient, fait étape en Turquie pour évoquer samedi avec le président Recep Tayyip Erdogan la guerre dans la bande de Gaza et tenter de lever les derniers obstacles à l'entrée de la Suède dans l'Otan.

M. Blinken, arrivé vendredi soir à Istanbul, entame une nouvelle tournée régionale qui le mènera notamment en Israël, en Cisjordanie occupée et au Qatar, pour plaider en faveur d'une aide accrue à Gaza et parler des moyens d'éviter un embrasement régional, trois mois après le début de la guerre entre Israël et le Hamas.

Le président Erdogan, qui s'était absenté d'Ankara au moment de la précédente visite en Turquie de M. Blinken début novembre, reproche à Washington son soutien à Israël, dont les opérations militaires dans la bande de Gaza ont fait 22.600 morts, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

M. Erdogan est l'un des plus virulents critiques d'Israël, qui a juré de "détruire" le mouvement islamiste palestinien en représailles à l'attaque sans précédent qu'il a effectuée sur le sol israélien le 7 octobre, faisant quelque 1.140 morts, essentiellement des civils.

Par ailleurs, 132 personnes sont toujours otages du Hamas.

Pour l'homme fort d'Ankara, qui n'est pas parvenu à jouer un rôle de médiateur entre les Israéliens et ce mouvement islamiste, Israël est un "Etat terroriste" et le Hamas, un "groupe de libérateurs".

Dans la foulée de la sanglante attaque du 7 octobre, le président turc avait toutefois discrètement prié des cadres politiques de ce mouvement islamiste vivant en Turquie de quitter le pays.

Vendredi, le département d'Etat américain a promis jusqu'à dix millions de dollars en échange d'informations concernant cinq "facilitateurs financiers" du Hamas, dont trois résident en Turquie, selon Washington.

- "Dès que possible" -

L'épineux dossier de l'adhésion de la Suède à l'Otan est l'autre raison de la visite d'Antony Blinken en Turquie.

La commission des Affaires étrangères du Parlement turc a entrouvert fin décembre les portes de l'Alliance atlantique à la Suède mais le protocole d'adhésion doit encore être approuvé par la majorité des députés pour que soit mis fin au suspense qui dure depuis près de 20 mois.

La Turquie est le dernier membre de l'Otan avec la Hongrie à barrer la route à ce pays scandinave.

Ankara reproche à la Suède sa mansuétude présumée envers des militants kurdes réfugiés sur son sol et use de son pouvoir de blocage pour obtenir la livraison de 40 avions de combat américains F-16 et des kits de modernisation pour ceux qu'elle possède déjà.

Selon une source diplomatique à Ankara, le dossier des F-16 a figuré au coeur d'un entretien téléphonique la semaine dernière entre M. Blinken et son homologue turc, Hakan Fidan.

Le parlement turc est officiellement en vacances jusqu'au 15 janvier. Toutefois, le président Erdogan a la possibilité de convoquer une session extraordinaire.

Le gouvernement américain n'est pas hostile à la vente des F-16 mais le Congrès s'y oppose jusqu'ici en raison des tensions historiques entre la Turquie et la Grèce - elle aussi membre de l'Otan -, bien que les relations entre ces deux pays se soient réchauffées ces derniers mois.

"Nous ne pensons pas qu'il faille lier la vente de kits de modernisation des F-16 à la Turquie et l'adhésion de la Suède à l'Otan - mais certains membres du Congrès sont d'un avis différent et ont lié les deux", a commenté mercredi le porte-parole du département d'Etat, Matthew Miller.

"Je pense que la meilleure chose qui puisse arriver pour mener à des progrès (...) est que la Turquie agisse dès que possible pour ratifier l'adhésion de la Suède", a-t-il ajouté.

M. Blinken, qui doit également s'entretenir à Istanbul avec le ministre turc des Affaires étrangères, fera une brève escale en fin de journée samedi en Grèce, qui s'inquiète d'une telle vente d'avions de combat à Ankara.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.