Lundi 19 septembre 2022 à 13h15
Téhéran, 19 sept 2022 (AFP) — De nouvelles manifestations ont eu lieu en Iran pour protester contre la mort d'une jeune femme détenue par la police des moeurs, la police rejetant à nouveau lundi toute responsabilité dans ce décès.
Une manifestation a eu lieu dimanche soir à Sanandaj, capitale de la province du Kurdistan dans le nord-ouest de l'Iran, et d'autres protestations se sont déroulées lundi dans plusieurs universités de la capitale, selon les agences de presse Fars et Tasnim.
Le 13 septembre, Masha Amini, originaire de la région du Kurdistan, a été arrêtée à Téhéran pour "port de vêtements inappropriés" par la police des moeurs, une unité chargée de faire respecter le code vestimentaire strict de la République islamique d'Iran pour les femmes.
En Iran, se couvrir les cheveux est obligatoire en public. La police des moeurs interdit en outre aux femmes de porter des manteaux courts au-dessus du genou, des pantalons serrés et des jeans troués ainsi que des tenues de couleurs vives, entre autres.
La jeune femme est tombée dans le coma après son arrestation et est décédée le 16 septembre à l'hôpital, selon la télévision d'Etat et sa famille.
Des militants ont jugé sa mort "suspecte" mais la police de Téhéran a affirmé la semaine dernière qu'il n'y avait "pas eu de contact physique" entre les policiers et la victime.
Le décès de la jeune femme a suscité une vague de colère en Iran. Et le président iranien Ebrahim Raïssi a demandé l'ouverture d'une enquête.
Après une première manifestation samedi à Saghez, la ville natale de Mahsa Amini, une protestation d'environ 500 personnes a eu lieu à Sanandaj, selon Fars.
- "Incident regrettable" -
"Les manifestants ont crié des slogans contre les responsables, brisé les vitres de voitures et incendié des poubelles", a précisé l'agence. La police a utilisé "des gaz lacrymogènes pour disperser la foule" et arrêté "plusieurs personnes".
"De nombreux manifestants sont convaincus que Mahsa est morte sous la torture", a écrit Fars.
Dans la capitale iranienne, des étudiants ont lancé des mouvements de protestation dans plusieurs universités, dont celles de Téhéran et Shahid Beheshti, d'après Tasnim.
Ils ont exigé auprès des autorités "des éclaircissements" sur la mort de l'Iranienne.
Le chef de la police de Téhéran, le général Hossein Rahimi, a de nouveau rejeté les "accusations injustes contre la police".
"Il n'y eu aucune négligence de notre part. Nous avons mené des enquêtes (...) Et toutes les preuves montrent qu'il n'y a pas eu de négligence, ou de comportement inapproprié de la part des policiers", a-t-il dit.
"Il s'agit d'un incident regrettable et nous souhaitons ne jamais plus être témoins de tels incidents", a-t-il ajouté.
- "Vêtements décents" -
Le général Rahimi a de nouveau souligné que la jeune femme avait violé le code vestimentaire, et que les policiers avaient demandé aux proches de Mahsa de lui apporter des "vêtements décents".
Le jour de son décès, la télévision d'Etat a diffusé une courte vidéo de surveillance montrant une femme présentée comme Mahsa Amini s'effondrer dans les locaux de la police après une discussion avec une policière.
Lundi, Amjad Amini, le père de la victime, a déclaré à Fars que la "vidéo a été coupée" et affirmé que sa fille avait "été transférée tardivement à l'hôpital".
Le ministre iranien de l'Intérieur, Ahmad Vahidi, a avancé samedi que "Mahsa avait apparemment des problèmes antérieurs" et qu'elle "avait subi une opération au cerveau à l'âge de cinq ans".
Des informations démenties par le père de la victime, qui a assuré que sa fille était "en parfaite santé".
La jeune femme a été arrêtée alors qu'elle était à Téhéran en visite avec sa famille.
Ces derniers mois, la police des moeurs a été critiquée pour des interventions violentes.
De nombreux cinéastes, artistes, personnalités sportives, politiques et religieuses ont exprimé leur colère sur les réseaux sociaux après la mort de la jeune femme.
L'ex-président et chef de file du courant réformateur Mohammad Khatami a appelé les autorités à "traduire devant la justice les auteurs" de cet acte.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.