Jeudi 3 novembre 2022 à 18h02
Paris, 3 nov 2022 (AFP) — Une Iranienne de 36 ans a été tuée d'une balle pendant qu'elle filmait une scène de répression policière contre des manifestants dans le nord-est de l'Iran, selon Amnesty international qui a diffusé une vidéo des derniers instants de cette femme identifiée comme Shirin Alizadeh.
La vidéo, qui dure un peu moins d'une minute, a été tournée le 21 septembre selon Amnesty.
Shirin Alizadeh se trouvait dans une voiture, en compagnie de son mari, qui conduisait le véhicule, et de deux autres personnes non-identifiées, a indiqué jeudi à l'AFP Raha Bahreini, chercheuse sur l'Iran chez Amnesty.
"J'espère qu'ils ne vont pas tirer en direction de la voiture", peut-on entendre Shirin Alizadeh dire sur la vidéo filmée à partir de son téléphone, alors que des coups de feu résonnent au passage du véhicule, dans la ville de Salmanshahr dans la province de Mazandaran, au bord de la mer Caspienne.
La vidéo, qui a été diffusée mercredi par Amnesty sur Twitter, a été authentifiée par l'AFP.
"Ils ont tiré sur une femme, ils ont tué une femme", dit l'une des passagères du véhicule, alors que les tirs retentissent encore. "Filme la scène!", lui lance Shirin Alizadeh avant que la vidéo soit abruptement coupée.
Selon Amnesty, Alizadeh a été atteinte d'une balle au cou et à la tête. Elle est décédée à son arrivée à l'hôpital.
Selon Raha Bahreini, des membres du Bassidj, une milice paramilitaire liée aux Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, tiraient "au hasard" contre les manifestants.
"Le certificat de décès de Shirin Alizadeh confirme qu'elle est morte d'une balle", a ajouté la chercheuse à l'AFP.
Une cérémonie de deuil marquant le 40e jour du décès de Shirin Alizadeh doit avoir lieu vendredi dans sa ville natale d'Ispahan (centre).
Selon Amnesty, les autorités ont mis en garde la famille de la victime contre la tenue de toute cérémonie craignant qu'elle ne se transforme en une manifestation contre le pouvoir.
"Les autorités ont forcé les proches de la défunte à signer un engagement les interdisant de parler aux médias", a affirmé Mme Bahreini. "La famille est très inquiète et craint que les personnes rassemblées lors du deuil ne soient prises pour cible par les forces de sécurité".
L'Iran est secoué par un mouvement de contestation déclenché par la mort de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans, tuée le 16 septembre, trois jours après son arrestation par la police des moeurs, qui lui reprochait d'avoir enfreint le code vestimentaire strict, imposant notamment le port du voile en public.
Selon l'ONG Iran Human Rights (IHR), au moins 176 personnes ont péri dans la répression depuis le début des manifestations.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.