Mardi 16 janvier 2024 à 22h22
Bande de Gaza (Territoires palestiniens), 16 jan 2 — Israël a encore frappé mardi Gaza dans sa guerre contre le Hamas, alors que le Qatar a annoncé un accord pour fournir de l'aide aux civils et des médicaments aux otages retenus dans le territoire palestinien pilonné et assiégé depuis plus de trois mois.
Plongée dans une situation humanitaire que l'ONU décrit comme catastrophique, la bande de Gaza est largement coupée du monde, NetBloks, un organisme qui surveille l'internet, indiquant mardi avoir observé "la plus longue perturbation des télécommunications jamais enregistrée depuis le début du conflit, la plupart des habitants étant incapables de contacter le monde extérieur depuis le 12 janvier".
L'armée israélienne a pilonné mardi le sud du territoire mais aussi le nord, au lendemain de l'annonce par Israël d'une fin prochaine de la "phase intensive" des combats, 102 jours après le début de la guerre. Des roquettes ont été tirées mardi matin de Gaza vers le sud d'Israël sans faire de blessés, selon les autorités israéliennes.
"Aucun signe de vie", murmure Ismael Chaaban Gazan retourné voir sa maison du quartier Karama de la ville de Gaza dans le nord, constatant que la plupart des bâtiments étaient réduits en ruines.
Aucune issue à la guerre semble en vue et les craintes grandissent quant à un embrasement régional, l'Iran et les mouvements qu'ils soutient, intensifiant leurs attaques en solidarité avec la bande de Gaza, où le mouvement islamiste palestinien Hamas est au pouvoir depuis 2007.
La guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort d'environ 1.140 personnes côté israélien, en majorité des civils tués le jour même, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.
Quelque 250 personnes ont été prises en otages et emmenées à Gaza lors de l'attaque du 7 octobre, dont une centaine ont été libérées à l'occasion d'une trêve fin novembre. Selon le bilan des autorités israéliennes, 132 maquent à l'appel, dont 27 seraient morts.
La Maison Blanche a dit mardi être "optimiste" quant à la possible conclusion d'un nouvel accord de libération d'otages.
En représailles à l'attaque du Hamas, Israël a promis de l'anéantir. Dans la bande de Gaza, 24.285 personnes ont été tuées par les bombardements et opérations militaires israéliennes, en grande majorité des femmes, enfants et adolescents, soit 1% de la population, selon le dernier bilan, mardi, du ministère de la Santé du Hamas, qui recense aussi 61.154 blessés.
L'armée israélienne a fait état de la mort de deux soldats, portant à 190 le nombre de militaires tués depuis son entrée dans la bande de Gaza le 27 octobre.
- Accord sur une aide pour "civils et otages" -
Mardi, le Qatar a annoncé un accord entre Israël et le Hamas, suite à une médiation conjointe avec la France, "portant sur l'entrée de médicaments (...) pour les otages en échange d'une cargaison d'aide humanitaire pour les civils dans la bande de Gaza".
"Les médicaments et l'aide seront envoyés demain (mercredi) à la ville d'Al-Arich" en Egypte "à bord de deux avions des forces armées qataries, en vue de leur transfert vers la bande de Gaza", a dit le chef de la diplomatie qatarie.
Dans la bande de Gaza, où 1,9 million d'habitants ont été déplacés selon l'ONU, la population manque de tout, dans le froid qui s'est abattu sur la région.
Plus de 1.000 cas d'hépatite C ont été détectés et les unités de soins intensifs encore opérationnelles connaissent un taux d'occupation de 340%, selon le Hamas.
Le Hamas, classé organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne, a fait état lundi de la mort de deux otages israéliens, diffusant une vidéo où l'on voit une jeune femme, également otage et visiblement sous pression, annoncer les décès.
La branche armée du Hamas a imputé leur mort à des bombardements "sionistes", l'armée israélienne rejetant ces "mensonges".
Mardi, l'Union européenne a ajouté à sa liste "terroriste", Yahya Sinouar, 61 ans, le chef du Hamas à Gaza, considéré comme l'architecte de l'attaque du 7 octobre contre Israël.
- "Conflit régional" -
La guerre exacerbe les tensions régionales entre Israël et ses alliés, les Etats-Unis au premier chef, et l'"axe de résistance" établi par l'Iran, qui réunit notamment le mouvement islamiste libanais Hezbollah et les rebelles yéménites Houthis.
L'Iran a annoncé mardi avoir tiré des missiles balistiques en Syrie et surtout près d'Erbil, dans le Kurdistan irakien. Selon Téhéran, ils y ont détruit un centre "d'espionnage" attribué à Israël, dont l'Irak -- allié de l'Iran mais également partenaire des Etats-Unis --, a démenti l'existence, dénonçant de "fausses allégations" et condamnant une "agression" de sa souveraineté.
Au large du Yémen, un nouveau tir de missile des Houthis visant des navires dans la région a touché mardi un vraquier grec. Un cargo américain y avait été touché lundi dans le golfe d'Aden par un tir similaire. En fin de semaine dernière, Washington et Londres avaient bombardé des positions des Houthis au Yémen pour tenter de stopper leurs attaques en mer Rouge, qu'ils disent mener en solidarité avec les Palestiniens de Gaza.
A Washington, un responsable américain a fait état de nouvelles frappes américaines mardi au Yémen visant des "missiles des Houthis qui constituaient une menace imminente pour les navires marchands et les bâtiments de la marine américaine".
Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, a néanmoins assuré que son pays vise la "désescalade". "Nous ne cherchons pas un conflit régional, loin de là", a-t-il déclaré au Forum économique mondial à Davos (Suisse).
Mais pour l'analyste Ali Vaez, du groupe de réflexion International Crisis Group "nous sommes déjà dans une guerre régionale, même si elle est encore à un stade modeste".
A la frontière israélo-libanaise, où les échanges de tirs entre le Hezbollah et les forces israéliennes sont quotidiens, l'armée israélienne a annoncé mardi de nouvelles frappes contre des positions du mouvement dans le sud du Liban.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.