Jeudi 3 novembre 2022 à 13h36
Paris, 3 nov 2022 (AFP) — Des Iraniens ont organisé de nouvelles actions de protestation jeudi malgré la répression sanglante, un groupe de défense des droits faisant état de la mort d'un adolescent tué par des tirs des forces de l'ordre.
L'Iran est secoué depuis près de deux mois par des manifestations déclenchées par la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, une Kurde iranienne qui avait été arrêtée par la police des moeurs, un mouvement considéré comme le plus grand défi à la République islamique depuis la révolution de 1979.
Le pouvoir, sous la direction du guide Ali Khamenei, 83 ans, a riposté avec une répression qui a fait plus de 170 morts selon une ONG, outre des milliers d'arrestations dont 1.000 personnes inculpées et risquant selon des militants la peine de mort.
Alors que le mouvement ne semble pas s'essouffler, les funérailles et les cérémonies de deuil, organisées selon la tradition au 40e jour suivant un décès, sont l'occasion de nouvelles protestations.
Selon l'ONG Iran Human Rights (IHR) basée en Norvège, de nombreuses personnes ont participé jeudi à Karaj près de Téhéran, à une cérémonie pour le 40e jour du décès de Hadis Najafi, une manifestante de 22 ans tuée, selon des militants, par les policiers en septembre.
La police a bloqué l'autoroute menant au cimetière pour empêcher un nombre plus grand de participants, a affirmé l'ONG.
"Cette année est l'année du sang, Seyyed Ali (Khamenei) sera renversé", ont scandé les participants, selon une vidéo de l'IHR.
- "Terroriser" -
D'après l'organisation de défense des droits humains Hengaw basée en Norvège, une série de manifestations ont eu lieu mercredi dans des régions kurdes du nord-ouest iranien, d'où Mahsa Amini était originaire, y compris à Sanandaj.
Dans cette ville, Momen Zandkarimi, 18 ans, a été tué, selon l'ONG, par des tirs des forces de sécurité. Mais sous la pression de la Sécurité qui craint que ses funérailles ne se transforment en manifestation, son corps a été transféré dans un autre village pour y être enterré.
Depuis le 16 septembre, au moins 176 personnes ont péri, selon l'IHR, dans la répression des manifestations liées à la mort de Mahsa Amini, accusée par la police des moeurs d'avoir enfreint le code vestimentaire strict prévoyant le port du voile.
Par ailleurs, 101 personnes, selon cette ONG, ont perdu la vie lors de protestations distinctes à Zahedan au Sistan-Baloutchistan (sud-est), liées à des accusations de viol d'une jeune fille par un policier.
Parmi tous ces morts, 40 avaient moins de 18 ans, a affirmé l'IHR.
Les autorités, qui accusent l'Occident d'encourager cette contestation, décrivent les manifestations comme des "émeutes".
Le procès de cinq hommes accusés d'infractions passibles de la peine de mort lors des manifestations s'est ouvert samedi à Téhéran.
Des militants ont dénoncé des simulacres de procès, et Hadi Ghaemi, du Center for Human Rights in Iran (CHRI), basé à New York, a affirmé qu'ils étaient destinés "à terroriser et réduire au silence les Iraniens".
- Journalistes arrêtés -
Les ONG accusent en outre régulièrement l'Iran d'avoir recours à des aveux forcés de prisonniers qui sont diffusés par les médias officiels à des fins de propagande.
Mercredi, l'agence Irna a diffusé une vidéo montrant selon elle le rappeur Toomaj Salehi, arrêté après avoir soutenu les manifestants. L'homme, un bandeau sur les yeux, se présente comme Toomaj Salehi et reconnaît avoir "commis une erreur".
"Les médias officiels (...) partagent des aveux forcés du rappeur Toomaj Salehi", a commenté le groupe de défense de la liberté d'expression Article 19.
Il est actuellement détenu au secret à la prison d'Evine à Téhéran, a déclaré son oncle Iqbal Iqbali au site d'information Iran Wire.
Au moins 51 journalistes ont été arrêtés depuis le 16 septembre, selon le Comité pour la protection des journalistes basé à New York. Quatorze ont été libérés sous caution.
Yaghma Fashkhami est devenu le dernier journaliste en date à être arrêté, a écrit sa femme Mona Moafi sur Twitter.
Mercredi, la vice-présidente américaine Kamala Harris a affirmé que son pays voulait écarter l'Iran, accusé de "répression brutale contre son peuple", de la Commission de l'ONU sur les femmes.
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Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.