Mardi 8 octobre 2024 à 10h46
Rennes, 8 oct 2024 (AFP) — Le conseil départemental du Morbihan, tuteur des trois enfants mineurs de la jihadiste Emilie König actuellement incarcérée en France, a porté plainte contre cette dernière pour des violences psychologiques et physiques dénoncées par ses enfants, a-t-on appris mardi auprès de l'avocat du département.
Les enfants ont notamment été "témoins sur place d'atrocités", comme des scènes de décapitation ou d'égorgement, a indiqué à l'AFP Me Jean-Guillaume Le Mintier, confirmant une information du quotidien Le Parisien. Selon l'avocat, l'aîné a ainsi "confié à son assistante sociale que sa mère lui a appris à couper des têtes et lancer des grenades".
Emilie König, âgée de 39 ans et désormais incarcérée à Rennes, était partie en Syrie en 2012 et est accusée d'avoir joué le rôle de recruteuse pour l'organisation Etat islamique. Capturée par les forces kurdes en 2017, cette fille de gendarme originaire de Lorient avait été rapatriée en France en juillet 2022, et mise en examen pour association de malfaiteurs terroriste criminelle.
Emilie König a donné naissance à trois enfants lors de son séjour en Syrie, un garçon aujourd'hui âgé de neuf ans et des jumelles âgées de sept ans.
Les trois enfants ont été rapatriés de la zone de guerre irako-syrienne en janvier 2021 et confiés à la tutelle du département du Morbihan.
"Dès leur arrivée sur le territoire français, les enfants ont livré des éléments sur leur histoire traumatique" aux spécialistes qui les prenaient en charge, souligne la plainte, transmise le 19 septembre au parquet de Paris et au Parquet national antiterroriste (Pnat), que l'AFP a pu consulter.
Le Conseil départemental du Morbihan avait dès le mois de mai 2023 fait un signalement à la justice sur les "violences physiques et psychologiques" infligées par leur mère ainsi que des "scènes d'effroi" auxquelles ils auraient assisté.
"A leur arrivée en France, les enfants pensaient que les couteaux ne servaient qu'à couper des têtes", ils "racontent avoir vu des égorgements à la télé et mimaient le geste", détaille la plainte.
"Les services éducatifs ont constaté que les enfants ont développé d'importants troubles", résume la plainte.
"On considère que la réparation et la reconstruction de ces enfants passent inéluctablement par la reconnaissance de leur statut de victimes", insiste Me Le Mintier.
Dans le cas contraire, "le risque, c'est la banalisation de ce qu'ils ont vu. En poursuivant leur mère au titre des atrocités dont ils ont été témoins, ils vont intégrer ce qu'on appelle les normes sociales, en somme faire la différence entre ce qui est bien et ce qui est mal", explique-t-il.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.