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Un nourrisson de quatre mois meurt lors d'un naufrage dans la Manche


Vendredi 18 octobre 2024 à 12h56

Lille, 18 oct 2024 (AFP) — Un nourrisson de quatre mois est décédé jeudi soir au large de Wissant (Pas-de-Calais) dans le naufrage d'une embarcation surchargée tentant de rejoindre clandestinement l'Angleterre, portant à 52 le nombre de personnes décédées dans des tentatives de traversée en 2024, un record.

Alerté d'un départ clandestin, le centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS) Gris-Nez a déployé jeudi soir plusieurs navires de sauvetage et un hélicoptère belge, a indiqué la préfecture maritime (Prémar) de la Manche et de la mer du Nord vendredi.

L'embarcation "se déchirait en son centre, les passagers tombant à l'eau pour certains, alors que d'autres se maintenaient aux éléments pneumatiques", a détaillé à l'AFP le procureur de la République de Boulogne-sur-Mer, Guirec Le Bras.

"Soixante-cinq personnes ont été récupérées saines et sauves" mais, "après recherche, un nourrisson a été retrouvé inconscient à l'eau et malheureusement déclaré décédé", a précisé la Prémar à l'AFP.

Le nourrisson, âgé de quatre mois et probablement originaire du Kurdistan irakien, était à bord "avec ses parents et deux autres enfants", a indiqué le procureur. "Les naufragés étaient essentiellement de nationalité iranienne, irakienne, albanaise, érythréenne", a-t-il ajouté.

Dans le cadre d'une enquête ouverte notamment pour "homicide involontaire par violation manifestement délibérée d'une obligation de sécurité ou de prudence", les services de l'Office de lutte contre le trafic illicite de migrants (Oltim) "procèdent aux auditions de 50 naufragés en qualité de témoins", a continué M. Le Bras.

- Canots surchargés -

Les départs se poursuivent malgré un phénomène de grandes marées prévu jusqu'à dimanche, qui rend la navigation particulièrement compliquée.

Dans la soirée de jeudi, "les associations ont appelé sept fois le Cross pour signaler des embarcations en détresse (soit environ 400 personnes) pour lesquelles les secours sont intervenus", a assuré dans un communiqué l'association Utopia 56.

"Pour que cessent ces drames, l'action de l'Etat doit changer", a ajouté l'association, qui appelle à "une politique d'accueil en France et de passage sûr vers l'Angleterre".

Noyades et bousculades mortelles, sur des canots surchargés à bord desquels peu de passagers disposent de gilets de sauvetage, ont fait de 2024 l'année la plus meurtrière depuis le début en 2018 du phénomène des small boats, ces embarcations de fortune utilisées pour tenter de rejoindre l'Angleterre.

Au moins 52 personnes sont décédées depuis le 1er janvier, selon un décompte effectué par l'AFP sur la base de chiffres officiels.

Parmi ces victimes figurent régulièrement des enfants. Le 3 septembre, la moitié des douze victimes du pire naufrage de l'année, qui a fait 12 morts, étaient mineures. Le 5 octobre, un enfant de deux ans est mort écrasé dans une embarcation transportant près de 90 personnes et tombée en panne de moteur.

Le recours aux small boats est venu en réponse au verrouillage de plus en plus fort des accès au tunnel sous la Manche et au port de Calais.

- 53 passagers en moyenne -

Les tentatives de monter à bord de camions pour emprunter clandestinement le tunnel ou un ferry continuent, mais les traversées par small boats constituent le principal moyen utilisé par les migrants, "quasiment (...) à 90%" selon Guirec Le Bras.

Les embarcations arrivées sur les côtes britanniques depuis le 1er janvier comptent en moyenne 53 passagers chacune, contre seulement 13 en 2020, selon les chiffres officiels des autorités britanniques.

D'après celles-ci, plus de 26.000 migrants sont arrivés en Angleterre après avoir traversé la Manche depuis le début de l'année.

Élu en juillet, le gouvernement britannique du travailliste Keir Starmer a promis de s'attaquer à l'immigration illégale en augmentant le nombre d'expulsions de migrants et en luttant contre les passeurs.

Ce nouveau décès intervient alors que le Premier ministre français Michel Barnier doit exposer vendredi ses projets sur l'immigration à la frontière avec l'Italie, dont les initiatives en la matière sont regardées de près par plusieurs pays européens.

Jeudi, les 27 réunis en sommet à Bruxelles ont haussé le ton contre l'immigration irrégulière, en réclamant "en urgence" une loi pour accélérer les expulsions, après des discussions qui ont aussi mis en lumière de vifs désaccords au sein de l'Union.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.