Le nouveau gouvernement du Kurdistan
Le Parlement du Kurdistan, réuni le 10 juillet 2019 à Erbil, a approuvé à une large majorité le nouveau gouvernement proposé par le Premier ministre désigné Masrour Barzani.
Lors du vote de confiance, le Premier Ministre a obtenu 88 voix sur 111. Le vice-Premier Ministre, Qubad Talabani, qui occupait déjà ce poste dans le Cabinet sortant, a obtenu 73 voix.
Le nouveau gouvernement compte trois femmes : Mme Begard Talabani, UPK, ministre de l’Agriculture et des ressources hydrauliques ; Mme Kwestan Mohammad, Goran, ministre du Travail et des Affaires sociales et Mme Vala Fared, PDK, Présidente sortante du Parlement qui devient Ministre de la Région. C’est Mme Rewaz Fayak, UPK, qui va succéder à celle-ci comme Présidente du Parlement, secondée par une vice-Présidente turkmène Mme Muna Qahwachi.
Les minorités chrétienne et turkmène sont chacune représentée par un ministre. M. Ano Jawhar Abdulmasih Abdoka, chrétien, devient ministre des Transports et des Communications. La minorité turkmène, représentée déjà par la vice-Présidente du Parlement, a eu également droit à un ministère sans portefeuille.
La formation du nouveau gouvernement a été très laborieuse. Lors des élections du 30 septembre 2018, le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) avait obtenu 45 sièges sur 111, son rival historique l’Union Patriotique du Kurdistan (UPK) 21 sièges et le mouvement Goran (Changement), issu d’une scission de l’UPK, 12 sièges. 11 sièges sont réservés à des minorités assyro-chaldéenne, turkmène et arménienne. Les 22 sièges restants sont partagés entre une demi-douzaine d’autres partis politiques dont les deux mouvements islamistes Yekgirti (Unité) et Komal (Association) et une nouveau parti : Génération nouvelle.
Dès l’annonce des résultats, le PDK avait annoncé son intention de former une coalition avec l’UPK et Goran. Les négociations avec Goran ont assez rapidement abouti mais celles avec l’UPK de l’ancien président Jalal Talabani ont trainé. Ce parti, miné par ses divisions internes, a jusqu’au bout cherché à obtenir un « package deal » avec le PDK comprenant non seulement le partage du pouvoir au Kurdistan mais également l’aval du PDK à la nomination d’un candidat de l’UPK au poste de gouverneur de Kirkouk ainsi que son soutien à une candidature de l’UPK au poste de ministre de la Justice irakien, poste réservé à un Kurde et non encore pourvu. Ce bras de fer a continué jusqu’à l’élection de Nechirvan Barzani à la présidence de la Région fin mai dont le vice-Président est issu de Goran.
Le nouveau Premier Ministre, Masrour Barzani, âgé de 50 ans, était jusqu’ici chancelier de l’Agence de sécurité nationale kurde. Il est diplômé de l’American University de Washington. Polyglotte, il parle, outre le kurde, l’arabe, le persan et l’anglais.
Dans sa déclaration devant le Parlement, il a affirmé que son gouvernement allait donner la priorité à l’amélioration du service public, aux réformes économiques et administratives, au renforcement de la sécurité et à la diversification des ressources du Kurdistan. La lutte contre la corruption sera également une priorité ainsi que le règlement par le dialogue de divers litiges opposant Erbil à Bagdad.