Conferences : Democratisation of the Middle East : Kendal Nezan fr |
PRESENTATION PROGRAMME INTERVENANTS Aso Agace (EN- DE- FR- KU) M. Ali Aslan (EN- TR) Andreas Buro Lili Charoeva (Français) Mirella Galletti |
INTERVENANTS Lotta Hedström Keya Izol Ilhan Kizilhan Nina Larsson Akil MARCEAU (Français) Kendal Nezan (FR- EN) André Poupart (FR- EN) Khaled Salih Pierre SERNE (Français) Mozaffar Shafeie Harry Schute (كوردي) Ephrem Isa Yousef (Français) Eva Weil (Français) |
PRESSE Nina Larsson tillbaka från Irak Lotta Hedström Nina Larsson är på väg till Kurdistan Hewlerglobe.net 29 Nov. |
C O N F E R É N C E I N T E R N A T I O N A L E |
Par Kendal Nezan (*)
Monsieur le président de l’Assemblée nationale du Kurdistan.
Mesdames et Messieurs les ministres, Mesdames et Messieurs les députés, Chers amis, Au nom de l’Institut kurde de Paris qu’organise cette conférence en partenariat avec le ministère de la Culture du Kurdistan, je vous souhaite la bienvenue et je vous remercie de votre présence. Nous sommes très heureux, Kurdes et amis des Kurdes, de vous retrouver aujourd’hui ici, dans la capitale du Kurdistan libre. Je pense me faire l’interprète des sentiments des uns et des autres en disant que pour nous c’est un rêve qui se réalise. Comme vous le savez, au cours de ses 23 années d’existence, l’Institut kurde a organisé de nombreuses conférences dans plusieurs pays. A Paris, à Washington, à Moscou, à Madrid, à Venise et à Dortmund pour n’en citer que quelques -unes. L’objectif était de faire connaître au monde les malheurs du peuple kurde, de sensibiliser l’opium publique à la cause kurde, de créer et de développer des réseaux de solidarité internationale avec le peuple kurde. On cherchait à éveiller les consciences, à faire entendre la voix des populations kurdes martyrisées à un moment où les grands pays de l’Ouest et de l’Est apportaient un soutien multiforme à la terrible dictature de Saddam Hussein. Les voix des victimes kurdes les dérangeaient parfois, mais les intérêts économiques et stratégiques prennaient toujours le dessus. S’ils pouvaient ignorer ou marginaliser les voix des exilés kurdes courageux dénonçant les crimes du régime de Bagdad, ils ne pouvaient pas ne pas tenir compte des réactions des personnalités éminentes acquises à la cause kurde comme Mme Mitterrand, Andréi Sakharov, les sénateurs Kennedy et Pell, Bernard Kouchner, Olof Palme et tant d’autres écrivains, universitaires, journalistes, avocats, artistes moins connus ici mais respectés dans leur pays qui, au nom des valeurs universelles des droits de l’homme, ont pris la défense du peuple kurde. Ce long et patient travail mené par les intellectuels et artistes regroupés au sein de l’Institut kurde, conjugué aux efforts d’autres organisations de la diaspora kurde, comme le Congrès national kurde d’Amérique du Nord, la Fédération des associations du Kurdistan en Suède, le Centre culturel kurde de Londres, Hinbun de Berlin, Komkar et Navend en Allemagne, a contribué à la formation d’une opinion publique internationale favorable à la cause kurde. Dans les pays démocratiques, les gouvernements sont obligés de tenir compte de leur opinion publique. Je peux dire à l’attention de nos plus jeunes auditeurs que c’est vraiment le soutien de l’opinion publique internationale qui a sauvé le peuple kurde d’Irak lors de l’exode de plus de 2 millions de civils kurdes vers les frontières de l’Iran et de la Turquie au printemps 1991. Car au départ les gouvernements occidentaux considéraient la guerre menée par l’armée irakienne contre les Kurdes et les Chiites comme une affaire intérieure et ne voulaient pas intervenir. C’est sous la pression de son opinion publique que la France du Président Mitterrrand a mobilisé l’ONU et fait voter la résolution 688 sur la protection de la population kurde. A sa suite, la Grande-Bretagne de John Major, soutenue par Paris, a avancé l’idée de création d’une zone de protection ou safe haven pour le retour sur leurs terres des déplacés kurdes. Après une longue hésitation et sous la pression de son opinion publique le gouvernement américain s’est rallié à cette idée et une bonne partie du Kurdistan irakien a ainsi été libéré de l’occupation du régime irakien pour que les Kurdes y gèrent eux-mêmes leurs affaires. La suite vous la connaissez. Un rêve ancestral du peuple kurde est en train de devenir réalité. Sur une partie du territoire kurde nous sommes libres et maîtres de notre destin. Nous avons notre gouvernement, notre Parlement, nos universités, nos institutions, voire même notre drapeau et notre armée de peshmergas. Nombreux sont ceux qui pensent que nous, kurdes de la diaspora, nous avons accompli notre mission, que le temps du combat d’idée est passé, que c’est maintenant le temps du « business ». Je suis de ceux qui ne partagent pas cet avis. D’une part, parce que la très grande majorité du peuple kurde vit encore privée de ses droits élémentaires sous des régimes oppressifs. Son émancipation doit rester notre objectif commun. Par ailleurs, ici même, malgré des avancées considérables des dernières années, rien n’est encore gagné définitivement. L’avenir de l’Irak reste précaire. Le voisinage reste en grande partie hostile. La protection américaine ne sera pas éternelle. Nous devons non seulement construire les infrastructures matérielles du Kurdistan mais aussi concevoir et mettre en place ses institutions, développer la société civile et autres contre pouvoirs indispensables à l’enracinement sur la terre kurde d’une démocratie véritable. Tout cela mérite débat, discussion et échange d’idées. Qu’est-ce que la démocratie au XXIème siècle ? Y-a-t-il un modèle universel ou des modèles adaptés à des contextes culturels et historiques particuliers ? La démocratie est-elle compatible avec l’Islam ? Quelles sont les chances de survie de la démocratie kurde dans son environnement régional ? Où en est-on dans le processus de démocratisation de l’Irak ? L’Irak peut-il devenir un Etat démocratique et stable sans la démocratisation des Etats voisins ? Quelles sont les perspectives du projet d’un Moyen-Orient démocratique ? Comment les démocraties occidentales peuvent-elles contribuer au processus de démocratisation du Moyen-Orient ? Ce sont là quelques-unes des nombreuses questions que vous vous posez, que nous devons nous poser. Nous avons réuni des universitaires, des journalistes, et des hommes politiques venant de France, de Suède, d’Allemagne, d’Italie, de Pays-Bas, des Etats-Unis, de Grande-Bretagne, de Catalogne, de Québec, et de Turquie pour débattre avec leurs collègues kurdes et arabes de ces questions. Je tiens à leur exprimer toute notre reconnaissance pour leur participation. Par les temps qui courent et dans le contexte international actuel, venir passer quelques jours au Kurdistan constitue non seulement un acte de solidarité mais aussi un acte de courage. Certains de nos invités ont dû annuler leur voyage à la suite des récents attentats d’Amman, sous la pression de leurs proches pour qui l’Irak et le Proche-Orient sont des places dangereuses. Les rencontres comme celle d’aujourd’hui vont accréditer l’idée que le Kurdistan est un havre de paix et de stabilité et cela est très important pour nous. Je dois préciser à l’attention des auditeurs kurdes d’ici que nous ne sommes pas venus de loin pour vous donner des leçons mais pour échanger des idées et des expériences. Nos invités étrangers vous feront partager leurs idées et leur expérience, qui j’en suis convaincu vous seront très profitables. A leur tour, ils vont vous écouter et s’informer sur l’expérience du Kurdistan, ses difficultés et ses perspectives, le processus irakien et ses perspectives, et ils en parleront à leur retour dans les médias de leur pays. Nous espérons que l’échange se fera aussi avec la salle à l’occasion des questions adressées aux intervenants à la fin de chaque table ronde. Enfin, je dois ajouter que la conférence d’aujourd’hui est la première organisée par l’Institut kurde au Kurdistan. Nous en sommes très émus. C’est aussi à ma connaissance la première conférence avec une traduction simultanée en plusieurs langues. Ni les équipements techniques ni les interprètes ne sont pas tout à fait rodés, mais la volonté y est. Nous nous en remettons à votre indulgence pour les carences et imperfections éventuelles. Je puis cependant vous assurer que les actes de la conférence seront publiés en kurde avec tout le soin requis pour permettre à un public plus large d’en bénéficier. Voilà, je crois que j’ai tout dit pour cette fois-ci, il est temps de vous souhaiter une très bonne conférence et de passer la parole à M. Adnan Mufti, le Président de l’Assemblée nationale du Kurdistan. (*) Président de l'Institut kurde de Paris |