Partant d'informations rigoureusement vérifiées l'Institut a mené, avec le soutien d'ONGs et de hautes personnalités occidentales de tous bords, dont une vingtaine de Prix Nobel, des campagnes de sensibilisation dans les média et organisé des conférences, des colloques et des séminaires afin de coordonner les efforts et engager une réflexion collective pour la recherche des solutions.
Certaines de ces actions ont bénéficié du soutien du soutiens multiforme du gouvernement français (La quinzaine des droits de l'homme en mai 1985, Conférence internationale de Paris, en octobre 1989), des institutions représentatives comme le Sénat américain (Conférence de Washington, en février 1991) ou le Parlement européen. D'autres ont été financées par des contributions d'ONG, des municipalités et des dons privés. La Suède et la Norvège, très attachés à la défense des droits de l'homme et des libertés démocratiques et à la construction de la paix par le dialogue, ont régulièrement participé au financement des activités de l'Institut dans ces domaines, dont voici un résumé représentatif :
Appel International pour la défense de la culture kurde en Turquie, signé par près d'un millier de personnalités d'une trentaine de pays, dont 24 Prix Nobel, paru sous forme d'encart publicitaire dans Le Monde du 30 juin 1988, The International Herald Tribune du 29 juin 1988 et du The Guardian du 12 juillet 1988.
Les frais d'insertion de ces encarts ont été intégralement pris en charge par des hommes d'affaires kurdes irakiens installés à Londres. A la suite du retentissement international de cet appel demandant aux autorités turques de lever les interdictions frappant la langue et la culture kurdes en Turquie, un débat public s'est engagé dans ce pays. Finalement en avril 1991 le gouvernement turc a aboli une loi interdisant l'usage même parlé de la langue kurde. Cependant l'enseignement et les publications en kurde restent toujours interdits en Turquie.
Quinzaine des droits de l'homme, 16-31 mai 1985, organisée à l'occasion de la série de manifestations de sensibilisation aux problèmes des droits de l'homme dans le monde, lancées à Paris à l'initiative du Premier ministre Laurent Fabius et du ministre de la Culture Jack Lang. Exposition de photos dans les salons de l'Institut sur le génocide des Arméniens; conférences-débats sur les génocides du XXème siècle (arménien, juif, tsigane, cambodgien); rencontres avec des écrivains tsiganes; exposition de photos et conférence-débat au Centre Rachi sur le sort des Kurdes. Le point d'orgue de ces manifestations a été le colloque rassemblant les 30 et 31 mai à l'Assemblée nationale 80 personnalités des cinq continents, dont le président de l'Institut kurde, engagées dans la lutte pour la défense des droits de l'homme.
Traduction en kurde de la Déclaration universselle des droits de l'homme, précédée de celle de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. Cette première traduction en langue kurde réalisée à l'occasion du Bicentenaire de la Révolution française a donné lieu à une édition en cinq langues (kurde, anglais, arabe, français et turc) de la Déclaration, pour une diffusion dans la diaspora kurde. En 1992, l'Institut a fait un nouveau tirage de 50 000 exemplaires de ce texte expédiés au Kurdistan irakien où ils ont été distribués à la population par l'Organisation kurde des droits de l'homme créée avec le soutien de l'Institut kurde.
14-15 octobre 1989 : Conférence Internationale de Paris. "Les Kurdes: identité culturelle et droits de l'homme" tenue au Centre des Conférences Internationales du Ministère des Affaires étrangères, organisée en partenariat avec la Fondation France-Libertés avec le soutien financier et politique du gouvernement français. Participation de 240 personnalités et 85 journalistes de 32 pays, de l'Europe de l'Ouest et de l'Est, d'Amérique, du Proche-Orient, d'Afrique du Nord, d'Asie et d'Autriche, dont une délégation américaine dirigée par le président de la Commission des Affaires étrangères du Sénat; une forte délégation soviétique, des membres du Parlement turc, des personnalités arabes. Le Chancelier autrichien Bruno Kreisky, l'académicien soviétique Andreï Sakharov, le sénateur E. Kennedy ont envoyé des messages de soutien (Cf. en annexe n° 3 la liste des interventions). Cette conférence qui a bénéficié d'une très large couverture médiatique a été un moment-clé dans la prise de conscience de la tragédie kurde en Irak et dans l'internationalisation du problème kurde. Son succès a inspiré des initiatives similaires à Lausanne (avril 1990) et Stockholm (septembre 1990).
Dès le 30 octobre la Fondation pour les droits de l'homme du Congrès américain a organisé une audition au Congrès où Mme. Mitterrand et Kendal Nezan furent invités à présenter les conclusions de la conférence de Paris. Les actes de la Conférence de Paris ont été publiés en français, en anglais, en arabe et en turc.
25-26 juillet 1990 : Conférence de Moscou, organisée par l'Institut du marxisme-léninisme du PCUS avec le concours de l'Institut kurde de Paris. Environ 600 délégués kurdes venant de 9 républiques soviétiques et une quinzaine de personnalités kurdes de l'extérieur ont débattu, pour la première fois dans l'histoire soviétique, des problèmes d'identité et de statut culturel des communautés kurdes de l'URSS et des moyens de les résoudre. Plusieurs conseillers du président Gorbatchev ont suivi les débats. Large couverture de presse dont les interviews du président de l'Institut kurde dans les principaux journaux soviétiques.
14-15 février 1991 : Séminaire de Marly-le-Roi. A l'initiative de l'Institut kurde de Paris, environ 90 personnalités et de représentants des principales associations et organisations de la diaspora kurde d'Europe, d'Amérique et d'Australie se sont réunis à Marly-le-Roi pour réfléchir ensemble sur la situation du peuple kurde dans la crise du Golfe.
27 février 1991, Conférence inter-parlementaire internationale sur le problème kurde au Sénat américain organisé par la Commission des Affaires étrangères du Sénat et l'Institut kurde de Paris, avec la participation des experts, des parlementaires européens et américains. Cette conférence tenue le dernier jour de la guerre du Golfe a joué un rôle important dans l'information et la sensibilisation des élus américains au sort des Kurdes en Irak. Déjeuner offert par une demi-douzaine de sénateurs inflients dont E. Kennedy et C. Pell aux intervenants kurdes et européens. Émergence d'un network pro-kurde trans-atlantique. Les actes de cette conférence ont été publiés en anglais.
30 mars 1994 : Appel en faveur d'un règlement pacifique du problème kurde en Turquie signé par une dizaine de Prix Nobel de la Paix. Cet appel invitant les autorités turques à reconnaître l'identité kurde et proposant la médiation d'un groupe de lauréats de Prix Nobel de la Paix pour un règlement pacifique du problème kurde, par le dialogue et dans le respect des frontières existantes, a été remis le 30 mars 1984 à M. Boutros Ghali, secrétaire général de l'ONU, par une délégation composée de Mme. Mitterrand, Mme. Betty Williams, Prix Nobel et M. Kendal Nezan, président de l'Institut kurde. Ankara a rejeté l'offre de médiation du secrétaire général de 'lONU et fait savoir à une mission d'exploration son refus de recevoir une délégation des lauréats du Prix Nobel. Cependant grâce à une large couverture de presse de ces initiatives l'idée de la paix, d'un règlement pacifique progressa dans l'esprit des Turcs et des Kurdes.
22-25 septembre 1995, à Oslo, séminaire de réflexion pour le règlement du problème kurde en Turquie, organisé par l'Institut norvégien de la Paix, avec le concours de l'Institut kurde de Paris, avec le soutien financier et politique du ministère norvégien des Affaires étrangères et la participation des personnalités turques et kurdes ainsi que des représentants d'ONGs occidentales et d'experts en résolution des conflits.
8-9 mai 1997 : A Ankara, Conférence Internationale pour un règlement pacifique du problème kurde, organisée par l'Association des droits de l'homme de Turquie, avec le concours de l'Institut kurde, de la Fondation Olof Palme, de la Fondation France-Libertés, du CCFD, avec le soutien d'une cinquantaine d'ONG occidentales et d'une trentaines d'ONG et de syndicats turcs. Les ministres suisse et danois des Affaires étrangères annoncèrent leur participation à cette conférence en leur qualité de l'ancien et actuel président de l'OSCE. Onze ministres turcs en exercice et plusieurs dizaines de parlementaires turcs de tous bords font savoir leur désir de prendre part à cette conférence qui finalement fut interdite in extremis par le gouverneur d'Ankara sur l'ordre de l'armée. Les délégués étrangers se rendirent néanmoins à Ankara pour soutenir les pacifistes turcs et kurdes et débattre avec eux des perspectives d'avenir au cours des dîners et réunions informels. Le Département d'État américain et plusieurs gouvernements européens condamnèrent publiquement la décision d'interdiction d'Ankara.
Auditions devant les Parlements des pays européens. L'actualité du drame kurde conduit les parlementaires de plusieurs pays européens à consulter l'Institut kurde et à solliciter son expertise. Dans ce cadre le président de l'Institut a été auditionné à de nombreuses reprises par l'Assemblée nationale française, les parlements allemand, britannique, danois, finnois, italien, norvégien et suédois. En particulier, depuis 1987 un dialogue régulier et suivi est entretenu avec le Parlement européen. Outre des auditions fréquentes, dont la dernière remonte au 10 mars 1998, se traduisant souvent par des résolutions sur des problèmes d'actualité, ce dialogue a abouti à l'adoption par le Parlement européen à la quasi-unanimité d'une très importante " Résolution sur les droits du peuple kurde " le 1er juin 1992 qui reste un texte de référence. Par ailleurs, c'est sur la proposition de l'Institut kurde que Mme. Leyla Zana, députée kurde emprisonnée pour délit d'opinion en Turquie, a reçu le Prix Sakharov de la liberté de l'esprit, décerné le 17 janvier 1996 au cours d'une cérémonie officielle au Parlement européen.
Campagne d'information sur la destruction des villages kurdes en Turquie. Pratiquant un black-out dans ses provinces kurdes, où elle mène une politique de terre brûlée, le gouvernement turc a longtemps cherché à cacher à l'opinion la réalité de l'évacuation et de la destruction des villages kurdes. Une quinzaine de journalistes locaux ainsi que onze membres de l'Association turque des droits de l'homme ayant tenté d'enfreindre la censure officielle sur la situation au Kurdistan ont été assassinés, d'autres emprisonnés. Un appel coordonné par l'Institut kurde, signé et financé par une vingtaine d'ONGs européennes est paru dans Le Monde du 8 juin 1994 et The International Herald Tribune du 9 juin 1994, avec la liste du premier millier de villages détruits. Les signataires demandaient à se rendre sur place en compagnie de la presse internationale pour prouver la véracité de ces informations. Les autorités turques finirent par reconnaître la destruction de ces villages " pour des raisons de sécurité ". En juillet 1997, la Commission des migrations du Parlement turc a officiellement estimé à 3185 le nombre de villages kurdes détruits et à 2 à 3 millions le nombre de civils kurdes déplacés. En mai 1998 la Commission parlementaire turque a publié un rapport établissant l'évacuation d'au moin 3428 villages kurdes d'après un décompte officiel en date de 30 novembre 1997.
Défense des prisonniers d'opinion. Depuis ses débuts l'Institut kurde a contribué à faire connaître le sort des prisonniers d'opinion comme le sociologue turc Ismail Besikçi et l'ex-maire de Diyarbakir Mehdi Zana, condamnés à de longues peines de prison pour leur défense pacifique de l'identité kurde. En mars 1994, lorsque des députés kurdes du Parti de la démocratie (DEP) ont été arrêtés et emprisonnés pour avoir pacifiquement témoigné du sort de la population kurde, l'Institut kurde a pris leur défense. Cette action a été ensuite assumée par un comité spécial, CILDEKT (Comité international pour la libération des députés kurdes emprisonnés en Turquie) présidé par Mme. Mitterrand, créé avec le soutien de l'Institut, de la Fondation France-Libertés, du CCFD, de Médecins du Monde et de la FIDH. Ce comité formé d'éminentes personnalités occidentales, doté d'un prestigieux comité de parrainage (François Mitterrand, Le Dalaï Lama, Elie Wiesel, Oscar Arias, etc..) bénéficie des ressources documentaires de l'Institut mais il est totalement indépendant. Il joue un rôle important dans la diffusion des informations sur les problèmes des droits de l'homme et sur la situation des prisonniers d'opinion en Turquie.
L'action de l'Institut pour la défense des droits de l'homme est très appréciée des Kurdes bien sûr, mais aussi par les milieux artistiques et intellectuels. Cette appréciation a valu à l'Institut d'être honoré en 1990 du Prix de la Mémoire, décerné par un jury formé de personnalités (Michel Piccoli, Costa Gavras, Carlos Fuentes, Jacques Séguéla, Le Dalaï Lama, Adolfo Perès Esquivel, Rigoberta Menchu, etc...) Le Prix é été remis au président de l'Institut au cours d'une cérémonie au Palais de Chaillot en présence notamment de Mme. Mitterrand, du président Sénégalais Diouf, de plusieurs ministres français et de près de deux millle invités.