Mardi 9 mars 2004
De 14h00 à 19h00
Vernissage de l'exposition du peintre kurde de Syrie, Mahmoud Hesso. L'exposition ouverte au public jusqu'au 9 mars, du lundi au samedi de 14h à 19h.
Mahmoud HESSO
Artiste peintre kurde
http://www.hesso.8m.com/
- Né à Hassakeh (Kurdistan de Syrie)
- Diplômé des Beaux-arts, université de Damas (Syrie), 1997
- Prix du jeune artiste peintre décerné par le journal Nidal Al-Shaab, (Syrie), 1993
- Prix de l'Exposition annuelle du portrait, (Emirats arabes unis), 2000
- Mention spéciale du jury, Biennale de l'art moderne, Téhéran (Iran), 2002
EXPOSITION INdivIDUELLE
- Centre culturel arabe, Hassakeh (Syrie), 1988, 1989, 1990
- Centre culturel allemand (Goethe Institut), Damas (Syrie), 1996
- Salle du peuple pour les beaux-arts, Damas (Syrie), 1998
- Sharjah Arts Museum (Emirats), 1999
- Machrek Gallery, Amman (Jordanie), 2001
- Al Moultaga Gallery, Riyad (Arabie Saoudite), 2001
- Sharjah Art Gallery, Maison des artistes, (Emirats), 2001
- Centre culturel, Abu Dhabi (Emirats), 2003
EXPOSITION COLLECTIVE
- 4ème et 5ème Biennale Internationale de Sharjah (Emirats), 1999 et 2001
- Exposition annuelle du portrait, Sharjah Museum (Emirats), 1999, 2000 et 2001.
- Biennale Internationale du Caire (Egypte), 2001
- « Artuel » Salon international d'art contemporain, Beyrouth (Liban), 2001.
- 2ème Biennale Internationale du Téhéran (Iran) pour l'art contemporain, 2002
- Exposition Nature, Espace Auteuil Paris, 2002
Mahmoud Hesso
ou la peinture scénique
La peinture de Mahmoud Hesso révèle une tendance novatrice au sein du mouvement plastique en Syrie. L'art de Hesso, qui reçoit sa formation académique à la faculté des Arts plastiques de l'université de Damas, ne peut se réduire aux classifications et critères en cours de l'art syrien. L'interrogation persiste. Qu'est-ce qui permet à Hesso de se distinguer par sa singularité et son originalité lui qui produit parmi les siens ? La réponse réside bien sûr dans son talent d'artiste mais surtout dans les spécificités du paysage et de la réalité géographique qui le façonnent et l'éduquent. Si le peintre de la ville produit à partir d'un espace clos donnant sur les constructions verticales où le regard croise des rues, des places et des ombres réfractées et réfléchies, le peintre de la campagne ne subit pas ces conditions géométriques. Son regard est bercé par des espaces infinis, son univers topographique est constitué d'étendues horizontales et naturelles.
Celui qui suit l'expérience des artistes de la région Al-Djazirah verra qu'elle est le produit d'un terroir primitif, d'un climat non pollué à l'écart des encombrements introduits par les artistes européens. L'œuvre de Hesso diffère de celle d'un peintre originaire de Damas, d'Alep ou de Homs. Elle est jeune et fougueuse et explore les méandres de l'inconnu, mieux que celle des prédécesseurs syriens. Elle illustre ce geste simple et pourtant difficile à réaliser de l'association d'une vision pure et primaire à celle d'une géographie intime plus triviale. L'art de Hesso célèbre la métamorphose de l'espace dans le temps, non pas selon une conception impressionniste paresseuse mais dans la puissance des incendies perpétrés. Les papillons du peintre ne se brûlent pas les ailes en se jetant dans les flammes ; elles deviennent des moineaux qui se baignent dans des ruisseaux de lumière.
Le mot de passe vers la compréhension de l'univers de Hesso c'est la Mésopotamie avec son espace, son climat et surtout son sol où les Sumériens érigèrent des fours pour fabriquer de la poterie et les Assyriens, les Mèdes, les Kurdes et les Perses puisèrent leurs épopées. Hesso transforme sa toile en une cascade de couleurs fraîches qui s'entremêlent et se séparent, s'assombrissent et s'éclaircissent pour se perdre enfin dans le blanc, celui de la terre. Le bleu, le rouge, le jaune, l'orange se réunissent sous la tutelle du blanc omniprésent. Les scènes s'emboîtent, se succèdent dans leur continuité, elles demandent l'impossible sous forme des lambeaux d'un tapis de prière déchiqueté par des vents violents.
Mahmoud Hesso fait partie de cette génération d'artistes qui, comme le premier homme, sort du néant pour être happé par la lumière aveuglante. Fidèle à la matrice de la terre natale, il crie pourtant les différences qui le distinguent des tendances dominantes. Son oeuvre est un cri, un chant refusant l'uniformité des hymnes scolaires.
Bachar Al-Issa
Paris, 2004