DATES


Samedi 3 novembre 2018
De 16h00 à 18h30

ADRESSE

La République de Mahabad par Hémèn (Hêmîn)



Institut kurde de Paris

vous convie à la présentation du livre autobiographique

du grand poète kurde iranien

Hémèn (Hêmîn)

Témoin de la République kurde de 1946


traduit du kurde par

David Tokmatchi

Le samedi 3 novembre 2018 à 16h00

au siège de l’Institut
106 rue La Fayette, 75010 Paris
M° Poissonnière - Gare de l'Est - Gare du Nord

 

Le livre est disponible sur Amazon. Cliquez pour commander

 

 

Le texte original est Tarik ou Roon (Ténèbres et Clarté), publié en kurde, par son auteur : Hémèn, poète kurde d’Iran. Tarik ou Roon est composé de deux parties : une autobiographie suivie d’un ensemble complet de poèmes. La première publication de cet ouvrage fut faite à l’initiative de l’auteur, en 1974.

Hémèn est né près de Mahabad, ville emblématique, puisqu’elle fut le siège de l’unique république kurde, dans le village de Latchin. Il est décédé à Ourmia, à une centaine de kilomètres au nord, le 16 avril 1986. Sa date de naissance, par déduction, serait le 12 mai 1921.

Il est issu de la grande famille de Sheikh-ol-Eslam. Son éducation et son instruction littéraire commencent dès l’enfance, à l’école, le Khanaka et auprès de maîtres privés. Le Khanaka n’est pas seulement une école religieuse sunnite, où les Fakih[1] deviennent des Mollahs. Son rôle est aussi de transmettre oralement la parole des grands maîtres, savants et lettrés ancestraux. Hélas, rien n’est fait pour sauvegarder par écrit ce patrimoine de savoir. C’est au Khanaka que Hémèn fait la connaissance d’un autre poète en devenir, Hejar, et de Qazi Mohamed, qui deviendra le président de la république de Mahabad.

La traduction présentée ne concerne que la partie autobiographique. Celle des poésies serait l’œuvre d’un autre traducteur. La valeur historique de cette autobiographie est très importante car elle coïncide avec l’apparition de Komal-y-Ji-Kaf et de la République de Mahabad. C’est un récit direct et rare car, malheureusement, peu de contemporains de cette période ont écrit, ou alors ces témoignages n’ont pas encore émergé de la clandestinité. Ce que raconte Hémèn, est l’histoire du Komala (Comité des révolutionnaires du Kurdistan Iranien) ainsi que de la République de Mahabad, vécue par l’un des protagonistes. Il raconte aussi, en l’absence d’université, le rôle du Khanaka dans l’instruction et la formation des hommes de l’époque. Hémèn, par sa formation au Khanaka, apprend à s’exprimer en un kurde classique, riche de mots anciens, qui montre la diversité de la langue. Les amoureux du kurde trouveront dans l’ouvrage d’Hémèn un exemple de verbes, du vocabulaire, des coutumes et des jeux kurdes qui sont ainsi sauvegardés. Il nomme aussi des érudits qui enseignaient dans les Khanakas, dont les œuvres sont en perdition. C’est le cas de maître Fawzi, qui a eu Qazi Mohamed comme élève, ainsi qu’une bonne partie des hommes qui ont compté à cette période. Malheureusement on ne sait rien de lui. Hémèn lance à ce propos, un appel, pour que sa vie et ses œuvres ne soient pas perdues. Hémèn donne ainsi matière à études pour les chercheurs kurdes à venir. Son autobiographie retrace non seulement la vie politique, mais aussi la société kurde dans ses coutumes et sa sociologie. Les différentes phases de la période des moissons, les jeux des enfants, la solidarité naturelle des Kurdes de tous les pays. Les textes de Hémèn devraient devenir une source pour les anthropologues. A ce propos on peut citer un texte sur « la chasse au lévrier » qui décrit des coutumes et traditions et l’importance de la chasse dans la cohésion sociale kurde. Dans le texte original, il cite d’innombrables nuances de couleurs que peu de Kurdes savent encore déchiffrer.

Sans connaître le français Hémèn, en aimait la littérature. Il a traduit en kurde, depuis les versions persanes ou arabes : Les Mots perdus, un conte de Catulle Mendes, La Messe de l’athée, de Balzac et un conte de Guy de Maupassant.

Il a également traduit de l’anglais Le Prince et le Mendiant, de Mark Twain, publié en 1882. La traduction de Hémèn remonte aux années 70, elle n’est toujours pas publiée et, à ce jour, on ne connait pas les détenteurs de ce manuscrit. De Shakespeare, il a traduit Comme il vous plaira (As you like it), et d’Homère, l’Odyssée.

________________________

[1] Etudiants d’écoles religieuses