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Liste
NO: 105 |
20/7/1998 BILAN DE JUIN 1998 DES VIOLATIONS DES DROITS DE L'HOMMELes organisations de défense des droits de l'homme en Turquie, l'Association des droits de l'homme (IHD) et MAZLUM-DER ont rendu public le bilan des violations des droits de l'homme du mois de juin 1998 qui se présente comme suit:
LA QUESTION KURDE À L'ORDRE DU JOUR DES LEADERS DE L'ANCIENNE COALITION AU POUVOIR: UN MÉACULPA QUI SONNE MALRecai Kutan, président du parti islamiste la Vertu (FP), première formation du parlement turc, a appelé, vendredi 17 juillet 1998, à ce que "l'identité ethnique des 10 millions de Kurdes en Turquie [ndlr: estimation officielle] soit reconnue officiellement". Par ailleurs, Mme Tansu Çiller, ancien Premier ministre et leader du parti de la Juste Voie (DYP), a déclaré, vendredi 17 juillet, qu'elle regrettait l'interdiction du parti kurde de la Démocratie (DEP) et l'emprisonnement des parlementaires kurdes, décidé pendant qu'elle était au pouvoir. "Ça été une erreur majeure, je le reconnais aujourd'hui () ce qui aurait du être fait est de donner la priorité aux droits individuels () Nous n'avons jamais eu de démocratie au sens propre du terme" a-t-elle déclaré. Il semble que Mme Çiller s'inquiète de plus en plus des accusations de corruption qui pèsent sur elle et sa famille, elle qui n'arrive pas à expliquer son enrichissement personnel si soudain et si rapide à la commission d'enquête parlementaire formée dans le but d'étudier l'origine de sa fortune. Cependant, les quatre parlementaires kurdes, dont Leyla Zana sont toujours incarcérés à la Prison centrale d'Ankara. La candidature de Mme Zana, considérée "prisonnière de conscience" par l'Amnesty International, au prix Nobel de la Paix 1998 est soutenue par de nombreuses organisations et personnalités. Dernièrement, M. Benjamin A. Gilman, président de la commission des relations internationales du Congrès américain, a, dans une lettre datée du 14 juillet 1998, exprimé son soutien à la candidature de Mme Zana. ARRIVÉE DE NOUVEAUX RÉFUGIÉS KURDES EN ITALIELa police italienne n'a pas fini de s'inquiéter du flux de réfugiés arrivés dans des conditions misérables sur ses côtes. Environ 300 immigrés clandestins dont 112 Kurdes mais également 42 Albanais et des réfugiés de Bangladesh, d'Égypte, du Rwanda et du Pakistan ont été arrêtés le week-end des 11 et 12 juillet 1998 dans le sud de l'Italie. Lundi 13 juillet 1998, 600 autres réfugiés dont 56 Kurdes, 240 Albanais et 40 Yougoslaves ont été interceptés par la police italienne qui redoute l'arrivée massive de clandestins en raison des conditions météorologiques favorables et du calme de la mer. "Je ne sais pas pourquoi les média ne couvrent plus ce qui se passe" a déclaré surpris un officier de police. L'arrivée des milliers d'Albanais et de Kurdes l'année dernière en Italie a mis en question les lois d'immigration qui sont devenues plus rigides; tous les réfugiés doivent être rapatriés conformément aux dernières lois adoptées permettant l'expulsion immédiate des personnes entrées illégalement en Italie. Par ailleurs l'Union Européenne a décidé d'étendre l'aide destinée aux villages kurdes évacués par l'armée turque pour des "raisons de sécurité". Un "Projet de retour aux villages" présenté par des représentants des organisations internationales d'aide humanitaire, a reçu le soutien du gouvernement allemand qui a décidé d'y contribuer pour un montant de 250 millions de DM. NOUVELLE INCURSION DE L'ARMÉE TURQUE AU KURDISTAN IRAKIENEnviron 5000 soldats turcs soutenus par l'aviation- des hélicoptères Cobra, ont fait, vendredi 10 juillet 1998, une nouvelle incursion au Kurdistan irakien. L'agence de presse semi-officielle Anatolie a annoncé que le Parti Démocratique du Kurdistan (PDK), avait coopéré avec l'armée turque, mais des responsables du PDK ont nié catégoriquement cette information. 23 ANS DE PRISON REQUIS CONTRE LES AGRESSEURS D'AKIN BIRDALUne peine de 23 ans de prison a été requise, jeudi 16 juillet 1998, par Unal Haney, procureur de la Cour de sûreté de l'État d'Ankara à l'encontre des agresseurs d'Akin Birdal, président de l'Association turque des Droits de l'Homme (IHD), grièvement blessé le 12 mai 1998 dans une tentative d'assassinat. Le procès débutera en septembre 1998; les deux agresseurs et leurs complices dont un sergent de la gendarmerie seront jugés pour "tentative d'homicide à motif politique" et "d'appartenance à une organisation clandestine". D'après le réquisitoire, les agresseurs sont membres d'une organisation d'extrême-droite illégale, la Brigade turque de la Vengeance (TIT) et ils ont reçu l'ordre de tuer M. Birdal par Mahmut Yildirim, alias "Yesil", militant ultra-nationaliste, considéré comme l'élément-clé de l'affaire de "Susurluk" qui a révélée fortuitement en novembre 1996 l'existence de gangs au sein de l'État. Par ailleurs, une sous-commission parlementaire, formée pour élucider l'attentat contre M. Birdal, a commencé ses travaux. Dans une première phase, Bedri Incetahtaci, Hasim Hasimi et Sabri Ergul, membres de la sous-commission, ont rendu visite à Akin Birdal. La commission s'est décidée à réclamer tous les documents relatifs à l'affaire au ministre turc de la justice. OPÉRATION ANTI-ISLAMISTE: PLAINTE À L'ENCONTRE DE 73 SOUS-PRÉFETSL'opération d'envergure anti-islamiste réclamée par le Groupe de Travail de l'Ouest de l'armée (BÇG) s'est concrétisée par l'ouverture d'une instruction à l'encontre de 141 sous-préfets soupçonnés d'intégrisme et par la rétrogradation de 19 préfets, accusés de sympathie ou de négligence dans la lutte contre l'intégrisme. À la suite de l'instruction, il a été décidé de porter plainte contre 73 sous-préfets à qui on reproche leur soutiens financier au profit d'organisations islamistes telles que la Fondation nationale de la jeunesse, mouvement de Jeunes du parti de la Prospérité (RP-dissous). AFFAIRE METIN GOKTEPE: VERDICT CASSÉ PAR LA COUR DE CASSATION TURQUELe verdict prononcé le 19 mars 1998 contre cinq policiers accusés du meurtre de Metin Goktepe, journaliste au quotidien turc d'extrême-gauche Evrensel, battu à mort après son arrestation le 8 janvier 1996 par des policiers, a été cassé, vendredi 17 juillet 1998, par la Cour de cassation turque pour "vice de procédure". Cinq policiers avaient été condamnés à sept ans et demi de prison par la Cour d'Assises d'Afyon pour homicide involontaire et six autres policiers avaient été acquittés pour insuffisance de preuves. L'arrêt de cassation a souligné le "manque d'un approfondissement" de l'enquête et la "non-audition" de certains témoins réclamés par les avocats du journaliste. L'Association Reporters sans frontières s'est félicitée de l'arrêt rendu par la Cour de cassation. Elle avait qualifié le précédent verdict d'"inique et inacceptable". Le nouveau procès doit mettre en cause la totalité de 11 policiers mis en cause dans l'affaire. 7 TOURISTES AUSTRALIENS EN DÉTENTION POUR AVOIR FILMÉ UNE MANIFESTATION PACIFIQUE7 touristes australiens ont été placés en détention à Ankara, samedi 11 juillet 1998, pour avoir filmé une manifestation ayant pour thème les droits de l'homme. Les touristes ont été arrêtés pour avoir filmé et photographié sans autorisation la manifestation (sitting) hebdomadaire de l'Association turque des droits de l'homme. VERDICT DE L'AFFAIRE DE "PANCARTE AU PARLEMENT": LES ÉTUDIANTS ACQUITTÉS APRÈS DEUX ANS DE PRISONLa Cour de Sûreté de l'État d'Ankara a, lundi 13 juillet 1998, prononcé la libération des 12 étudiants qui avaient été arrêtés en 1996 pour avoir ouvert le 29 février 1996 une pancarte au Parlement turc protestant contre l'augmentation des droits universitaires. Les étudiants condamnés le 6 décembre 1996 par une précédente cour à des peines variant entre 18 et 20 ans, ont purgé une peine de 2 ans de prison pour être finalement acquittés. Le procureur de la république, Unal Haney avait requis des peines de prison variant entre 4 et 30 ans à l'encontre des étudiants, accusés pour certains d'"être membres d'une organisation illégale", pour d'autres de "participation illégale à des manifestations illégales" et encore pour "soutien à des organisations illégales". Senal Sarihan, un des avocats de la défense, a sollicité la libération pure et simple de ses clients en affirmant que les étudiants avaient agi d'une manière démocratique et que leur acte ne constituait pas un délit. M. Sarihan a dénoncé également le fait que ses clients aient été forcés d'affirmer sous la torture qu'ils avaient jeté des cocktails Molotov dans une manifestation en 1996. INFORMATION CILDEKTLe CILDEKT vous informe de la sortie de "Kurdistan, je reviens d'un pays qui n'existe pas", une cassette vidéo coproduite par Délégation Rennaise "Kurdistan" avec le soutien de France- Libertés et de nombreuses autres organisations kurdes et bretonnes. Le film d'André Métayer relate la vie des réfugiés kurdes arrivés en France et dénonce la situation des droits de l'homme en Turquie. Pour de plus amples informations contacter Délégation Rennaise "Kurdistan", 30 square de Lettonie, 35 200 RENNES - Tel / Fax: 02 99 32 08 01. |