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POINT SUR LA SITUATION EN TURQUIE

CILDEKT
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Liste
NO: 228

25/1/2002

  1. LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU CONSEIL DE L’EUROPE DEMANDE À LA TURQUIE DE REJUGER LEYLA ZANA ET SES COLLÉGUES
  2. JONATHAN RANDAL ET NOAM CHOMSKY INTERDITS ET POURSUIVIS PAR LA JUSTICE TURQUE
  3. DÉLAI SUPPLÉMENTAIRE D’UN MOIS POUR HADEP
  4. 10 608 ÉTUDIANTS D’UNIVERSITÉS DEMANDENT L’ENSEIGNEMENT DE LA LANGUE KURDE EN OPTION
  5. LA PEINE DE MORT, TOUJOURS SUJET DE DISCORDE ENTRE LES MEMBRES DE LA COALITION GOUVERNEMENTALE EN TURQUIE
  6. LE MINISTRE TURC DE LA DÉFENSE ESSAIE DE JUSTIFIER LA POLITIQUE RÉGIONALE DE LA TURQUIE. "
  7. LES KURDES CONTINUENT À ÊTRE VICTIMES DES RÉSEAUX DE PASSEURS
  8. LA TURQUIE DÉCIDE D’ACHETER 14 HÉLICOPTÈRES SEAHAWK GRÂCE AUX CRÉDITS AMÉRICAINS


LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU CONSEIL DE L’EUROPE DEMANDE À LA TURQUIE DE REJUGER LEYLA ZANA ET SES COLLÉGUES


Le secrétaire général du Conseil de l’Europe, Walter Schwimmer, a, le 23 janvier, demandé à la Turquie d’exécuter et d’appliquer les arrêts et décisions de la Cour européenne des droits de l’homme, au cours d’un briefing en marge de la session de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe à Strasbourg.

“ La Cour européenne des droits de l’homme a rendu un arrêt dénonçant l’injustice et la partialité du procès des députés kurdes du parti de la démocratie (DEP), et demandé par conséquent un nouveau procès les concernant.… Nous attendons que la Turquie se conforme aux décisions de la Cour européenne ” a déclaré W. Schwimmer. À ce jour, dans cette affaire, Ankara s’est contenté de payer une pénalité symbolique sans aborder la question de la détention arbitraire de Leyla Zana et de ses collègues, qui dure depuis près de 8 ans, alors que par la voix de ses Premiers ministres successifs, Mme Tansu Çiller et M. Yilmaz, il s’était engagé à respecter les décisions de la Cour européenne des droits de l’homme.

JONATHAN RANDAL ET NOAM CHOMSKY INTERDITS ET POURSUIVIS PAR LA JUSTICE TURQUE


La cour de sûreté de l’Etat d’Istanbul a, le 21 janvier, interdit la version turque de livre intitulé “ After Such Knowledge What Forgivness ? My Encounters With Kurdistan ”, de Jonathan Randal, qui, pendant près de 30 ans fut journaliste au quotidien américain Washington Post, et ordonné sur le fondement des articles 86 et 5680 du code pénal turc, la saisie des exemplaires publiés par les éditions Avesta. “ En évoquant une nation kurde au sein de l’unité territoriale de la République turque et un Kurdistan en tant qu’entité étatique distincte, le livre diffuse ouvertement une propagande contre l’indivisibilité de l’Etat et de la nation ” souligne l’acte d’accusation qui dénonce l’atteinte portée à l’article 28 de la Constitution. Les éditeurs s’étonnent quant à eux que ce livre déjà publié en kurde, en anglais, en persan, et en arabe, soit interdit en turc dans un pays candidat à l’Union européenne que Washington se plaît à présenter comme “ la vitrine démocratique du monde musulman ”. Pourtant, l’auteur écrivait dans le préambule “ parmi tous les territoires où les Kurdes se trouvent, c’est la Turquie qui offre la meilleure chance pour l’avenir ”. En attendant cet avenir prometteur, le présent est fait d’interdictions de tout genre et d’humiliations.

Par ailleurs, selon le quotidien turc Hurriyet du 25 janvier, qui reprend l’information du quotidien britannique The Independent, Noam Chomsky, philosophe et linguiste de renom, professeur à la prestigieuse université d’Harvard, s’apprête à aller en Turquie pour assister au procès de son livre intitulé “ Interventionnisme américain ”, publié chez les éditions Aram, et poursuivi pour “ propagande séparatiste ”. “ Je voudrais tester la liberté de la Turquie en allant à Diyarbakir ” a déclaré N. Chomsky, qui a ajouté que la poursuite en justice d’un livre était “ la plus grave atteinte portée contre les droits fondamentaux ”.

Le livre en question s’est attiré les foudres des autorités turques pour avoir critiqué la politique kurde de la Turquie. “ Les Kurdes ont été sévèrement opprimés à travers toute l’histoire de la Turquie moderne… En 1984, le gouvernement turc a déclenché une vaste lutte contre la population kurde au Sud-est… Le résultat fut impressionnant : des dizaines de milliers de personnes tuées, deux à trois millions de d’exilés, un nettoyage ethnique massif avec quelque 3 500 villages détruits. ” écrit Noam Chomsky. Fatih Tas, l’éditeur du livre, qui doit se présenter le 13 février devant la Cour de sûreté de l’Etat d’Istanbul, risque un an de prison et Noam Chomsky déclare avoir d’ores et déjà écrit à la commission des droits de l’homme des Nations-Unies pour dénoncer les lois turques.

“ Il ne manquait plus que ça, on s’est mis tout seul dans le pétrin ” titre le quotidien Hurriyet à sa Une et poursuit en page intérieure “ On s’humilie face au monde entier ”.

DÉLAI SUPPLÉMENTAIRE D’UN MOIS POUR HADEP


Hasim Kilic, vice-président de la Cour constitutionnelle turque a, le 22 janvier, annoncé que celle-ci décidait d'accorder un délai supplémentaire d'un mois pour sa défense au parti de la Démocratie du Peuple (HADEP - pro-kurde), menacé d'interdiction. La Cour a ainsi répondu favorablement à une demande déposée par le président du HADEP, Murat Bozlak, a indiqué Hasim Kilic.

La Cour constitutionnelle devait entendre initialement la défense du HADEP le 30 janvier. Le procureur général Sabih Kanadoglu avait requis la semaine dernière devant la Cour constitutionnelle l'interdiction de ce parti. M. Kanadoglu avait alors expliqué à la cour “ en quoi le HADEP était devenu un foyer d'activités attentant à l'unité indivisible de la Turquie ”, principe posé par la Constitution. M. Kanadoglu avait accéléré la procédure en demandant aux juges de se saisir du cas du HADEP le plus rapidement possible en faisant valoir que tout délai serait préjudiciable à l'unité du pays.

Dans cette procédure ouverte en janvier 1999, le HADEP est accusé d'être “ lié au PKK ”, l'acte d'accusation affirme que le HADEP agit sous les directives du PKK, lui sert d'outil de propagande et que ses bureaux étaient devenus des “ centres de recrutement ” pour gagner les militants à la cause du PKK. Le HADEP nie ces accusations et affirme prôner une solution pacifique à la question kurde.

Les partis pro-kurdes en Turquie ont régulièrement été interdits par la Cour dans le passé.

10 608 ÉTUDIANTS D’UNIVERSITÉS DEMANDENT L’ENSEIGNEMENT DE LA LANGUE KURDE EN OPTION


Selon le quotidien turc Radikal du 18 janvier, 10 608 étudiants ont d’ores et déjà saisi les responsables de leur établissement et les différents recteurs concernés, et demandé ainsi la possibilité d’avoir le kurde comme matière optionnelle. Parmi ces demandes 6 425 se sont vues opposer une fin de non-recevoir alors que 4 233 ont été enregistrées par les différentes universités.

Ainsi parmi les fins de non-recevoir : 1560 demandes émanent de l’université de Dicle, 900 de l’Université d’Harran, 257 de l’Université d’Inonu, 2 050 de l’Université 100. Yil, 138 de l’Université Kocaeli, 450 de l’Université d’Orta dogu Teknik, 260 de l’Université d’Ankara, 140 de l’Université technique d’Istanbul, 160 de l’université de Yildiz, 100 de l’université de Mimar Sinan, 460 de l’Université de Bogazici, 550 de l’Université d’Istanbul, 140 de l’université d’Uludag.

Les demandes dûment enregistrées sont au nombre de : 140 à l’université de Firat, 1030 à l’université de Çukurova, 300 à l’université d’Anatolie d’Eskisehir, 450 à l’université Dokuz Eylul, 450 à l’université d’Ege, 400 à l’université d’Hacettepe, 300 à l’université de Marmara, 500 à l’université d’Istanbul, 60 à l’université d’Afyon-Kocatepe, 120 à l’université de Sakarya, 138 à l’université de Çanakkale, 325 à l’université de Mustafa Kemal d’Hatay.

Un site Internet a été mis en service à cet effet par les étudiants qui pétitionnent pour l’enregistrement de la langue kurde : www.anadil.8m.com

LA PEINE DE MORT, TOUJOURS SUJET DE DISCORDE ENTRE LES MEMBRES DE LA COALITION GOUVERNEMENTALE EN TURQUIE


Le vice-Premier ministre turc Mesut Yilmaz a, le 20 janvier, déclaré que son gouvernement envisageait d'abolir la peine de mort dès cette année pour se conformer aux exigences de l'Union européenne.

Depuis 1984 aucune exécution officielle n'a eu lieu en Turquie où cependant des milliers d’opposants kurdes ont été assassinés par des escadrons de la mort des forces paramilitaires. L'UE, à laquelle le pays s'est porté candidat en 1999, a fait de l'abolition de la peine capitale et de l'amélioration des droits de l'homme des préalables à l'ouverture de pourparlers d'adhésion.

“ Notre objectif est de faire entièrement disparaître la peine de mort de notre code pénal ”, a souligné le vice-Premier ministre, qui est aussi chargé des relations avec l'UE, lors d'un entretien accordé à la chaîne de télévision turque CNN. “ Une occasion nous est offerte avec la présentation au Parlement de modifications du code pénal ”, a-t-il ajouté. “ J'estime que nous sommes en mesure d'accomplir cet objectif dans le courant de l'année. ”

En octobre dernier, le Parlement avait amendé la constitution turque pour se conformer aux critères d'adhésion européens et avait limité la peine capitale aux périodes de conflit ainsi qu'à des crimes tels que la trahison ou le terrorisme.

D’un autre côté le vice-président du parti de l’Action nationale (MHP) membre de la coalition tripartite, Ismail Kose, a, le 22 janvier, déclaré : “ même si nous devons payer 10 millions de dollars à la Cour européenne des droits de l’homme il faut exécuter Abdullah Ocalan ”.

LE MINISTRE TURC DE LA DÉFENSE ESSAIE DE JUSTIFIER LA POLITIQUE RÉGIONALE DE LA TURQUIE. "


La Turquie s'est toujours opposée à des frappes militaires continues ” contre l'Irak, réaffirme le ministre turc de la Défense, Sabahattin Cakmakoglu, dans un entretien publié, le 18 janvier, dans le journal Le Quotidien de Tunis.

“ L'Irak est notre voisin et nous tenons à ce qu'aucun changement ne se produise sur les frontières irakiennes ”, affirme le ministre turc, soulignant que son pays ne veut ' “ en aucun cas ” revivre la situation de la guerre du Golfe pendant laquelle, déplore-t-il, “ nos pertes financières étaient énormes ”. Selon lui, “ il n'y a aucune preuve qui incrimine l'Irak dans les attentats terroristes du 11 septembre ”. Il fait valoir que “ s'il devait y avoir des décisions à prendre concernant ce pays, elles doivent être conformes aux résolutions adoptées par le Conseil de sécurité ” de l'ONU. Il n'empêche que “ parallèlement, la Turquie essaie de convaincre Bagdad de la nécessité de se plier aux exigences du Conseil de sécurité, notamment celles concernant les armes de destruction massives ”, a-t-il encore dit. Interrogé sur la politique de Washington vis-à-vis de l'Irak, M. Cakmakoglu soutient que la Turquie “ s'emploie à empêcher toute intervention militaire américaine contre l'Irak, en nous adressant à l'Irak lui-même ”. Cette question a largement été débattue au cours du voyage du Premier ministre turc Bulent Ecevit, en visite aux Etats-Unis, le 14 janvier. Un léger changement de ton est à remarquer puisque depuis son retour, le Premier ministre turc demande aux autorités irakiennes de changer de politique et d’autoriser les inspecteurs de l’Unscom sur le territoire irakien.

S'agissant des relations qu'entretient la Turquie avec Israël, le ministre fait remarquer qu'elles sont “ mal comprises ” par certains pays arabes. “ Le plus important pour nous, c'est que cette relation contribue à inciter les Israéliens à adopter une politique plus tolérante envers les Palestiniens ”, poursuit M. Cakmakoglu qui déclare que la politique actuelle d'Ankara est “ juste et contribue à rechercher une solution pacifique à ce conflit israélo-palestinien ”.

LES KURDES CONTINUENT À ÊTRE VICTIMES DES RÉSEAUX DE PASSEURS


La police maritime grecque a arrêté, le 18 janvier, 130 immigrés clandestins (124 hommes, trois femmes et trois enfants), en grande majorité Kurdes irakiens et Afghans, et le capitaine turc d'un bateau de pêche qui les transportait dans le nord de la mer Egée. Le bateau “ Hakki Baba 1 ” avait lancé un appel de détresse en raison d'une panne au sud-est de l'île grecque d'Agios Eustratios. Deux navires de sauvetage de la capitainerie et une canonnière de la marine grecque se sont rendus sur les lieux et ont amené le bateau au port d'Agios Eustratios. Les immigrés ont été accueillis par la capitainerie du port dans l'attente d'une décision sur leur sort. Le capitaine turc a été arrêté et son bateau saisi.

Par ailleurs, cinquante-deux Kurdes de nationalité turque ont été, le 20 janvier, retrouvés dans le port italien de Bari, dans un compartiment camouflé d'un camion immatriculé aux Pays-Bas. Le véhicule se trouvait à bord d'un navire en provenance de Grèce et le chauffeur du camion, un Grec, a été interpellé en possession d'une somme importante d'argent, considérée comme le prix que les candidats à l'immigration ont payé pour leur passage.

Lors d'un contrôle de routine, les membres de la garde des finances ont trouvé une trappe sur le fond de la remorque du camion, permettant d'accéder à ce compartiment dissimulé au milieu des marchandises. Les Kurdes ont été réexpédiés par le même navire vers la Grèce.

LA TURQUIE DÉCIDE D’ACHETER 14 HÉLICOPTÈRES SEAHAWK GRÂCE AUX CRÉDITS AMÉRICAINS


Selon le quotidien turc Milliyet du 23 janvier, le président américain Georges W. Bush, a donné le feu vert à la banque américaine Eximbank pour l’autorisation d’un crédit suffisant à la marine turque intéressée par l’achat de 14 hélicoptères Seahawk et d’augmenter ainsi de 324 millions de dollars la dette extérieure turque, qui s’élève à plus de 170 milliards de dollars.

“ Un avion rempli d’hommes d’affaires s’est rendu aux Etats-Unis pour encourager l’exportation. Sans rien vendre nous avons acheté. Au lieu de faire effacer notre dette, nous l’avons augmenté puis nous sommes retournés ” écrit le journaliste économiste Gungor Uras dans ses colonnes à propos du voyage de Bulent Ecevit aux Etats-Unis.